Si les stars du peloton de demain viennent de tous les horizons, les coureurs français n’ont pour autant pas à rougir face à eux, et certains sont attendus plus que d’autres en 2022. Entre jeunes talents et néo-routiers, la rédaction du Gruppetto vous présente cinq coureurs français à suivre lors de cette nouvelle saison, en piochant parmi cinq formations françaises.
Paul Lapeira (AG2R Citroën), 21 ans :
Puncheur, Normand, formé à Chambéry et passé pro chez AG2R : en simplifiant, on pourrait dire que Paul Lapeira est le nouveau Benoît Cosnefroy. Le vainqueur de la dernière Bretagne Classic est d’ailleurs le modèle de son cadet. Mais le natif de Fougères ne devrait pas tarder à se faire remarquer pour ses qualités propres, à l’attaque de sa première année chez les professionnels. Licencié à Saint-Hilaire-du-Harcouët, comme Guillaume Martin ou Mikaël Chérel avant lui, Lapeira a dévoilé toute l’étendue de son potentiel ces dernières années, à l’image de la saison passée. Au cours de ses trois années Espoirs, le Normand a su aiguiser son sens de tueur pour la victoire en usant de sa pointe de vitesse pour décrocher dix succès au total. Performant sur le calendrier amateur français, il aura néanmoins eu plus de mal à s’exporter à l’international lors de ses années dans la catégorie U23, avant la délivrance fin 2021. Sur les terres lombardes, il est le seul avec Mattia Petrucci à pouvoir suivre l’accélération de l’Allemand Georg Steinhauser dans la dernière ascension de la journée, le Marconaga di Ello. Puis, lors de la dernière ligne droite, il laisse le futur coureur d’EF Education-Easypost lancer le sprint avant de l’enrhumer, et vient souffler l’Italien sur la ligne, remportant la 93e édition du Piccolo Lombardia. Il devient, par la même occasion le premier Français vainqueur de la petite sœur de la classique aux feuilles mortes. Quelques jours plus tard, il anime le Tour de Vendée en soutien de Dorian Godon, Andrea Vendrame et Lilian Calmejane, terminant de belle manière sa dernière année chez les espoirs.
Pur produit de la formation AG2R en étant passé par la structure juniors avant de rejoindre Chambéry, Paul Lapeira a ainsi vu tout naturellement les portes de l’équipe professionnelle s’ouvrir à lui. 2022 sera l’année des apprentissages et des découvertes, sans avoir trop de pression grâce à la densité de l’effectif savoyard. Mais le Normand, qui fêtera ses 22 ans dans un mois, aura certainement de quoi se mettre en évidence.
Matis Louvel (Arkéa-Samsic), 22 ans :
Le 29 juillet dernier, le natif de Mont Saint-Aignan levait pour la première fois les bras chez les professionnels, une semaine à peine après avoir fêté ses 22 ans, à l’occasion du Tour de Castille-et-Leon. Parti dans l’échappée matinale après une heure de bagarre, il résistait pour 44 secondes au retour du prometteur italien Stefano Oldani. Si la victoire qu’il a cueillie s’est faite en tant que baroudeur, elle n’en témoigne pas moins de son évolution chez Arkéa-Samsic depuis son passage chez les professionnels début 2020. Pur puncheur à la belle pointe de vitesse, il avait terminé sa première année sur une bonne note, en terminant neuvième de la Classique d’Ordizia, puis sur le podium des Championnats de France Espoirs. Déjà un beau témoignage de ses qualités explosives.
En 2021, le Normand découvrait les flandriennes, et notamment le Tour des Flandres, mais également les courses par étapes World Tour aux côtés de Nairo Quintana sur le Tour de Catalogne. Juste avant de profiter d’un plateau réduit sur le Tour de la Communauté de Valence pour terminer sixième du chrono et dixième du général tout en ayant travaillé pour Elie Gesbert. Ce début de saison chargé permet d’affiner les capacités de Louvel pour les trois derniers mois de compétition de l’année. Après sa victoire en Espagne, on le revoit sur les classiques de septembre : huitième de la Classic Grand Besançon Doubs, neuvième du GP de Fourmies ou encore 11e de la Primus Classic. Il termine également 20e de la Route Adélie de Vitré après avoir lancé le sprint pour Nacer Bouhanni (qui chute dans le dernier virage). Et si octobre permet de le revoir quelques fois (18e de Paris-Tours en craquant dans la dernière bosse, 16e du GP du Morbihan), il était temps de s’arrêter là. Pour 72 jours de course, le coureur normand aura vécu une saison de hauts et de bas, entre un travail d’équipier et d’électron.
Titulaire d’un nouveau contrat de deux ans avec Arkéa-Samsic, il devrait prendre du galon dans l’équipe au vu de ses belles performances. Et cela pourrait commencer dès ce début d’année 2022 sur les Trofeos de l’île de Majorque, sur le GP La Marseillaise ou encore sur l’Etoile de Bessèges. En attendant de le voir – notamment – sur les Coupes de France, plus tard dans l’année.
Mathieu Burgaudeau (TotalEnergies), 23 ans :
Pur produit du Vendée U, Mathieu Burgaudeau passait logiquement professionnel dans les rangs du Team Total Direct Energie en 2019. Pour sa première saison, celle de l’apprentissage, le coureur originaire de Noirmoutier se classait neuvième des Championnats du monde Espoirs d’Harrogate. Avant de terminer l’année par des placettes sur le circuit français en soutien de ses leaders. L’exercice 2020 est plus compliqué malgré une année entamée de belle manière à Bessèges (21e du général) et une participation au Tour de France ainsi qu’aux Ardennaises en fin de saison. Mais l’essentiel est ailleurs, puisque Burgaudeau emmagasine de la caisse et de l’expérience au plus haut niveau.
Avec l’arrivée de coureurs tels qu’Alexis Vuillermoz et Pierre Latour dans l’équipe et le retour au niveau de Julien Simon, le jeune Vendéen entame l’année 2021 en tant que coéquipier, malgré quelques performances honnêtes en second rideau (19e du GP Indurain, 18e du Tour du Finistère, 19e de la Classique d’Ordizia). Mais, alors que l’équipe change de maillot et de nom pour devenir TotalEnergies, Burgaudeau révèle son talent en fin de saison. Il pallie d’abord l’abandon de Cristian Rodriguez sur l’Arctic Race of Norway en terminant 13e et finit ensuite en boulet de canon sur les classiques : 24e de la Bretagne Classic, puis sur le podium de la Coppa Sabatini derrière Michael Valgren et Sonny Colbrelli, et huitième du Memorial Pantani. De retour en France, il vient se classer septième de la Classic Loire Atlantique puis conclut l’année par un nouveau podium sur les Boucles de l’Aulne, dernière course française de 2021.
Tout comme Matis Louvel, l’espoir de TotalEnergies sera attendu sur les circuits difficiles et vallonnés de la Coupe de France mais aussi d’Europe en général, et ce malgré l’effectif croissant en qualité de l’équipe de Jean-René Bernaudeau.
Axel Zingle (Cofidis), 23 ans :
L’Alsacien devait passer pro en 2e division, chez les Marseillais de l’équipe Delko, le 1er août 2021, avant que les problèmes financiers de cette dernière ne viennent bousculer ce plan établi. C’est finalement chez les Nordistes de Cofidis et en World Tour, que le jeune coureur français, lui aussi puncheur disposant d’une belle pointe de vitesse, a posé ses bagages il y a seulement quelques mois.
Des qualités déjà reconnues lors de son stage chez Nippo-Delko One Provence lors de la fin de saison 2020 qui lui avaient permis de décrocher un contrat au long cours (jusqu’en 2024, alors qu’il est lié jusqu’en 2023 avec la formation de Cédric Vasseur) après sa neuvième place sur Paris-Camembert et surtout son titre de Champion de France Espoirs ! C’est au CC Etupes qu’il démarre sa saison 2021, en remportant cinq victoires parmi les meilleurs amateurs entre fin mars et fin mai. Il dispute par la suite quelques courses UCI avant d’enfin rejoindre les rangs rouge et blanc lors du Circuit de Getxo… dès le 1er août, en tant que stagiaire.
Et la prise de confiance entre les deux parties est immédiate, puisqu’il se retrouve aligné en Norvège puis dans le Poitou-Charentes, où il réalise déjà quelques placettes intéressantes. Avant d’être propulsé leader de l’équipe sur le premier week-end de septembre, lorsque le peloton français pose ses valises dans l’Est de la France à l’occasion de trois courses consécutives. Dès la première, la Classique Grand Besançon Doubs, le Mulhousien termine sur le podium, devant Nairo Quintana ou Thibaut Pinot. Et s’il ne récidive pas le lendemain sur le Tour du Jura, en craquant dans les derniers kilomètres, il termine tout de même sixième. C’est en octobre qu’il réitère ses bonnes performances, en terminant huitième de la Route Adélie de Vitré puis huitième également du Tour de Vendée, prenant les rênes de l’équipe sur les Coupes de France. Lors du Tour de Guadeloupe, pour sa dernière sous les couleurs du CC Etupes, la boucle est bouclée par une ultime victoire dans les rues de Saint-François.
D’autres succès sont déjà attendus lors de la saison 2022 sur les courses d’un jour françaises où Cofidis a déjà annoncé l’aligner, alors qu’il découvrira également le World Tour avec la Flèche Wallonne et le Tour de Suisse.
Victor Koretzky (B&B Hôtels – KTM), 27 ans :
A 27 ans, Victor Koretzky n’est plus tout jeune mais va entamer sa première année chez les professionnels au sein des Men in Glaz. Frère de Clément (passé chez Bretagne Séché – Environnement en 2013 et 2014), le vététiste est la recrue surprise du mercato de B&B Hôtels – KTM. Et si son manager, Jérôme Pineau, aimerait qu’on le considère comme l’égal ou presque de Nino Schurter et Mathieu van der Poel, au moins d’un point de vue médiatique, le Biterrois n’a jamais posé les roues sur la route en compétition.
Pour autant, le coureur originaire du sud de la France possède des capacités physiques indéniables. Déjà quatrième de la Coupe du monde en 2016 à 22 ans, Victor Koretzky a terminé deuxième cette année de la saison de VTT Cross-Country en remportant les étapes d’Albstadt en Allemagne et de Lenzerheide en Suisse, ainsi que la short-track de Snowshoe aux Etats-Unis. Tout devrait être question d’adaptation avec ce changement de terrain de jeu. Avec un profil typé puncheur dont les limites sont forcément encore mal définies, l’expérimenté vététiste sera l’une des attractions de la saison 2022, exposé aux spectateurs qui n’attendent que de voir s’il réussira à passer le cap, mais aussi au sein du peloton lui-même, qui accueille de plus en plus souvent les membres des autres disciplines. Avec des expériences mitigées (le vététiste Ondrej Cink en 2017 chez Bahrain) ou qui restent encore à écrire (Ben Zwiehoff chez Bora depuis l’an passé, Milan Vader cette année chez Jumbo-Visma) au-delà de Wout van Aert ou Mathieu van der Poel pour qui tout réussit ou presque.
Photos : Ronan Caroff
La rédaction du Gruppetto.