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Pour 2023, les licences World Tour seront attribuées sur la base d’un classement prenant en compte les trois dernières saisons. Aux deux tiers de cette échéance, Alpecin-Fenix et Arkéa-Samsic seraient en position de monter.

Pour une fois, les règles sont claires. L’attribution des licences World Tour pour la période de 2023 à 2025 devrait se faire en sélectionnant les 18 meilleures équipes candidates au classement par équipes cumulé de 2020 à 2022. A l’heure actuelle, deux équipes seraient les grandes gagnantes de ce système : Alpecin-Fenix et Arkéa-Samsic. Ces formations ProTeams figurent dans les 18 meilleures équipes de ce classement cumulant les points gagnés en 2020 et 2021.

L’équipe belge, qui a notamment pu courir les trois Grands Tours, se distingue singulièrement de sa consœur ProTeam française. La formation de Mathieu van der Poel pointe en effet en neuvième position du classement cumulé de 2020 et 2021. Avec plus de 13 000 points et une marge supérieure à 4500 points sur la 19e équipe de ce classement, Alpecin-Fenix semble donc bien partie pour décrocher sa place en World Tour pour 2023. A condition toutefois qu’elle postule pour cela. Car rien n’indique une volonté particulière de l’équipe des frères Roodhooft pour intégrer la première division mondiale. En qualité de première ProTeam, la formation profite d’invitations automatiques sans pour autant souffrir des contraintes du World Tour (notamment au niveau du calendrier, mais également sur l’aspect financier).

Pour Arkéa-Samsic, la question ne se pose pas : l’équipe bretonne est candidate à l’accession au World Tour. Son manager général Emmanuel Hubert l’a d’ailleurs rappelé la semaine dernière dans une interview accordée au Télégramme. La marge est toutefois bien plus mince, puisqu’Arkéa-Samsic est la 18e équipe au classement, avec un peu plus de 400 points d’avance sur la 19e place (et 750 sur la 20e).

Dans la situation actuelle, ce sont trois équipes World Tour qui perdraient leur licence : Cofidis, Lotto Soudal et Qhubeka Nexthash. Dans le classement arrêté au terme de la saison 2021, ces formations se suivent aux 19e, 20e et 21e places. Si les deux premières équipes sont bien dans la course quoi qu’en ballotage défavorable, la situation est moins reluisante pour Qhubeka-Nexthash. Au cas où la formation sud-africaine réussirait à repartir en 2022, elle aurait environ 1700 points à rattraper (sur Arkéa-Samsic ; 1300 sur Cofidis) en 2022 pour garder sa place en World Tour, avec un effectif fortement amaigri.

Par ailleurs, Intermarché-Wanty-Gobert pourrait se trouver légèrement avantagée par un choix de l’UCI. L’instance internationale aurait en effet choisi de retenir la continuité de la licence plutôt que de l’équipe. La formation belge ayant racheté la licence de CCC fin 2020, elle pourrait donc bénéficier des points de l’équipe polonaise pour la première saison prise en compte dans le classement. Un gain d’environ 650 points, à peine supérieur à l’avance d’Intermarché-Wanty-Gobert sur Cofidis.

Derrière, le peloton des équipes ProTeams, emmené par TotalEnergies, semble avoir déjà trop de retard à remonter pour prétendre à l’accession sportive au World Tour en 2023. L’équipe de Jean-René Bernaudeau compte en effet plus de 4000 points de retard sur Arkéa-Samsic, ce qui équivaut presque à son total de points cumulé sur 2020 et 2021. Il faudrait alors que la formation vendéenne réalise une saison exceptionnelle de l’acabit de celle d’Alpecin-Fenix cette année. La venue de Peter Sagan ne sera ainsi probablement pas suffisante pour combler cet écart.

En 2022, la quête des points pourrait ainsi prendre encore un peu plus d’importance pour obtenir le précieux sésame World Tour. En visant large, huit équipes sont actuellement suffisamment proches dans les dernières places qualificatives. Ce sont, dans l’ordre : BikeExchange, Movistar, Israel Start-Up Nation, Intermarché-Wanty-Gobert, Arkéa-Samsic, Cofidis, Lotto Soudal et Qhubeka Nexthash. Trois de ces équipes n’obtiendront pas de licence World Tour, deux si Alpecin-Fenix ne candidate pas – tout en considérant que Qhubeka-Nexthash continue bel et bien en 2022, ce qui est loin d’être acquis.

Parmi ces équipes (en excluant Qhubeka de l’analyse), Israel Start-Up Nation semble la mieux armée pour conserver sa place en World Tour, avec ses leaders expérimentés (Woods, Hermans, Fuglsang, Nizzolo…). Movistar devrait également rester à l’abri avec Mas et un Valverde retrouvé en têtes d’affiche et un recrutement solide pour ne pas souffrir du départ de Lopez (Aranburu, Sosa, G.Izagirre…). Sans forcément jouer les premiers rôles, Intermarché-Wanty-Gobert misera sur sa densité de coureurs pouvant marquer des points (Kristoff, Ghirmay, Pasqualon, Rota, Zimmermann…). A l’inverse, Lotto Soudal et surtout BikeExchange vont l’an prochain encore reposer sur quelques individualités : Ewan, Wellens et Campenaerts pour les Belges ; Yates, Matthews et Hamilton pour les Australiens.

Dorian Godon d'AG2R Citroën, Romain Hardy d'Arkéa-Samsic, Valentin Madouas de Groupama-FDJ, Benoît Cosnefroy d'AG2R Citroën et Anthony Perez de Cofidis.

Avec AG2R Citroën, Arkéa-Samsic, Groupama-FDJ et Cofidis, il pourrait y avoir jusqu’à quatre équipes françaises en World Tour en 2023.

Du côté des deux formations françaises à la lutte, l’année 2022 ne s’abordera pas de la même manière. Arkéa-Samsic mise sur la continuité, seul Hofstetter venant notablement renforcer l’effectif construit autour de Barguil, Quintana et Bouhanni (sans oublier Swift). Chez Cofidis, le meilleur scoreur Christophe Laporte s’en va, remplacé par Bryan Coquard, mais c’est surtout l’arrivée d’Ion Izagirre qui pourrait aider l’équipe nordiste à se maintenir. D’autant plus si Elia Viviani, dont l’avenir est incertain, finit par prolonger.

La saison prochaine sera d’autant plus importante qu’elle comptera plus que 2020, qui avait attribué moins de points à cause des annulations de courses. DSM figure comme une exception notable à ce sujet, en ayant marqué deux fois plus de points l’an dernier que cette saison. L’exemple inverse est Israel Start-up Nation, dernière World Tour l’an dernier et remontée de cinq places cette saison. Attention à ne pas connaître de trou d’air l’an prochain !


Le classement par équipes UCI se calcule en prenant en compte les points des dix meilleurs coureurs de chaque équipe (hors stagiaires).

Photos : Vincent Lefèvre et Ronan Caroff

Par Matthieu S.

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Modérateur: Animateurs cyclisme pro