Soutien logistique depuis le Japon de l’équipe de France pour les Jeux Olympiques, Tom Bossis espère que cet événement soit un accélérateur pour le cyclisme japonais. Avec son club de Yamanakako, lui se montre déjà actif depuis quelques années.
Pendant que David Gaudu prenait la quatrième place de l’étape du 14 juillet sur le Tour de France, au Col du Portet, une première partie de la délégation de la route tricolore arrivait au Japon pour les Jeux Olympiques. Rémi Cavagna, Juliette Labous et les membres du staff étaient accueillis par Tom Bossis, qui leur a permis de suivre la fin d’étape lors du trajet jusqu’à leur camp de base. Installé au Japon depuis près de six ans et actif dans un club de vélo, Bossis est notamment passé par le Chambéry Cyclisme Formation (CCF) ainsi qu’une équipe Continentale roumaine, Tusnad. Une fois arrivé dans la bulle sanitaire des Jeux, celui qui a partagé une partie de sa jeunesse avec la communauté du Gruppetto est revenu en détail sur le cyclisme nippon, son rôle et les JO.
Comment es-tu arrivé au Japon ?
En 2014, quand j’étais au Chambéry Cyclisme Formation, je voulais plus ou moins arrêter le vélo. Le problème, c’est qu’en n’ayant presque fait que du vélo pendant 3-4 ans c’était compliqué de sortir de ce milieu-là. Le seul truc que j’ai trouvé c’est de monter un projet pour faire un échange universitaire. Je suis parti en sachant qu’en septembre 2015 j’allais venir au Japon. Du coup l’année qui me restait pour faire le dossier, toutes les démarches… j’ai eu une opportunité de partir en Roumanie et c’est comme ça que j’ai fait un an en Conti en Roumanie [chez Tusnad, NDLR]. Je suis arrivé au Japon comme étudiant étranger, en essayant de mettre le vélo derrière moi. Ça ne s’est pas trop passé comme ça !
Et pourquoi le Japon en particulier ?
D’abord, quitte à arrêter et faire quelque chose d’autre, autant aller loin ! (rires) Après, c’est un pays qui m’a toujours intéressé d’une certaine manière, mais ça aurait pu être ailleurs je pense. A l’époque je ne m’imaginais pas forcément rester, je n’avais aucun plan en particulier. En Roumanie, j’avais fait une quinzaine de pays, à droite à gauche. J’étais, à l’époque, dans l’idée de voyager surtout. Je me suis plutôt bien trouvé ici.
A l’époque, c’était un peu le côté globe-trotter par le cyclisme qui t’intéressait ?
J’ai fait quand même du vélo à haut niveau, et c’est un milieu qui est assez fermé, pas forcément très ouvert d’esprit, qui ne me convenait pas trop de ce côté-là. Je prends plus de plaisir à faire du vélo en étant au contact des gens, en découvrant les différentes cultures, etc. Moi c’était plus ça dans le vélo, quand je regardais le Tour de France petit, qui m’intéressait, l’aspect voyage, itinérant. Au CCF, j’ai appris comment être un coureur professionnel, ce que c’était vraiment. Mais c’est quand j’ai quitté le CCF et commencé à faire des courses un peu plus exotiques, à voyager à droite à gauche, que j’ai commencé à de nouveau mieux marcher. C’était plus intéressant, ça me motivait plus.
Ce sont des visions du cyclisme assez différentes. Ça peut un peu se rapprocher de l’Alt Tour de Lachlan Morton, qui a fait le Tour de France tout seul, en bikepacking ?
Je ne pense pas être le seul, on doit être beaucoup ! Au CCF, il y avait une psychologue du sport géniale. Je lui avais fait part de ce qui ne me plaisait pas trop dans le vélo, et elle m’a fait comprendre plus ou moins que ce n’était pas un problème : ce n’est pas parce que ça n’existait pas qu’il n’y avait pas de raisons de ne pas le faire. Passer pro, je pense que je n’en avais pas vraiment les moyens, et pas forcément la motivation. Déjà, je suis arrivé au CCF un peu comme un cheveu sur la soupe. La première chose que j’ai dit au manager c’était « Je n’ai pas forcément envie de passer pro. Si ça ne vous dérange pas, je suis motivé. Découvrir votre structure m’intéresse ». Et ça c’était super bien passé de ce côté-là. Je savais que je n’y resterais pas forcément très longtemps parce que c’est quand même une école à former des pros, et ça l’est encore plus maintenant. Mais il y avait beaucoup d’à-côtés qui étaient très intéressants, c’était une super expérience. Je pense que c’est un bon exemple : il y a un tiers de coureurs qui passent pro, un tiers de coureurs qui arrêtent et un tiers de coureurs qui font autre chose. C’est un peu ça tous les ans. Mais même chez les pros, de plus en plus ces 4-5 dernières années, il y a de plus en plus de coureurs qui ne sont pas heureux sur le vélo. Il y en a beaucoup qui essaient de faire autre chose. Et les équipes, au contraire, sont de plus en plus contraignantes.
Te concernant, qu’est-ce qui a fait que tu es resté au Japon ?
Ma copine ! (rires) Mais pas seulement. C’est une culture très différente, donc j’ai beaucoup appris ces cinq dernières années, plus qu’en étant en France, à la maison. En travaillant dans le milieu du vélo, il y a beaucoup de choses à faire, que je n’aurais pas du tout fait en France je pense, où tout est déjà fait. Ici on part vraiment de zéro, c’est intéressant pour ça aussi. Mais d’un autre côté c’est plus difficile de se faire des amis par exemple. Il y a des problèmes de responsabilité : c’est toujours de la responsabilité collective, la responsabilité individuelle n’existe pas. C’est ce qui explique qu’il n’y ait pas beaucoup de courses d’ailleurs, parce que dès qu’il y a un accident c’est toujours la faute, non pas de l’accident, mais de l’organisateur. Du coup personne ne veut organiser. Il y a pas mal de choses comme ça qui sont un peu plus contraignantes, mais dans l’ensemble c’est assez agréable à vivre.
Maintenant tu travailles dans un club, à Yamanakako. Comment ça s’est fait ?
Lorsque le parcours des JO a été dévoilé, il y a trois-quatre ans, l’équipe de de France cherchait comment s’organiser. Ils m’ont contacté fin 2017. J’avais proposé le village de Yamanakako, qui est en plein milieu du parcours, à 1000 mètres d’altitude, au pied du Mont Fuji, et qui est probablement le meilleur endroit pour s’organiser. Cyrille Guimard, le sélectionneur de l’époque, et Emmanuel Brunet, le manager, étaient venus en mars 2018 en repérage. Je les ai retrouvés sur place, et c’est comme ça que j’ai rencontré la municipalité locale. Je me suis retrouvé embauché, j’ai bossé pendant deux ans avec comme idée de m’en servir pour développer le vélo dans la région. L’idée était de créer une équipe, tout un modèle économique. En ayant une équipe, tu as des coureurs, du staff, des gens qui t’encouragent. A partir de là, tu peux mettre en place une école de vélo, des événements, tu peux organiser des courses, tu peux trouver des sponsors… L’idée c’est de faire tourner tout un système comme ça, en sachant qu’on est dans une région touristique donc on peut faire plein de choses transversales sur l’aspect touristique. Il y a plein d’opportunités.
Tu veux profiter des Jeux Olympiques pour faire monter le cyclisme dans la région, au Japon, à ton échelle ?
Ce que je dis souvent au Japon, c’est que la course la plus importante c’est la Japan Cup, qui est organisée en fin d’année. A l’origine, c’est la course mémorielle des Championnats du Monde de 1990, qui étaient organisés à Utsunomiya, au Japon. Et là, ce n’est pas les Championnats du Monde, c’est les Jeux Olympiques, c’est encore plus…
C’est encore au-dessus.
Les Championnats du monde, ceux qui sont dans le milieu du vélo connaissent, mais les autres pas forcément. Alors que là, les JO c’est vraiment toute la société. Le pays investit énormément dedans. Le parcours des JO, c’est de la folie, 240 kilomètres ! Une course en ligne sur l’île principale au Japon, c’est déjà très rare, et plus de 200 kilomètres, c’est la première fois. C’est une opportunité excellente. J’ai monté comme ça une équipe, avec des gens du coin et des coureurs de la région qui sont les plus connus, ce genre de choses. L’idée c’est de faire pérenniser ça pour la suite.
Il y a certains coureurs de ton club qui vont même en Europe ?
Oui, on a un jeune [Akira Setoguchi, NDLR] qui est à l’AC Cusset, en Auvergne, depuis trois semaines ; il marche pas trop mal. On en envoie un autre, qui était déjà venu l’année dernière, dans un club de N2 au mois d’août. Surtout, on va envoyer le champion du Japon espoirs de cyclo-cross dans une équipe UCI en France. On fait pas mal d’échange avec la France.
Qu’est-ce que cela apporte ?
Envoyer des Japonais en France c’est bien, parce que c’est indispensable pour les faire passer pro, pour développer le sport. Mais ce qui est important ce n’est pas de les envoyer, mais de les faire revenir. Ce qui est le plus important, c’est de développer ce genre d’environnement ici, au Japon. Sinon le Japon ne se développera jamais. Je préfère faire venir des Français, mais là le Japon bloque ses frontières, ça fait un an et demi qu’on n’a pas pu faire venir de coureur.
A l’avenir, quel peut être l’objectif, d’ici quelques années ?
Je veux essayer de faire un peu l’équivalent de ce que fait le CCF, au Japon : faire un centre de formation, mais pas seulement. Il faut que ça tourne économiquement. L’idée ce serait d’avoir une grosse équipe avec des Français, au moins du niveau Continental, et une moitié de jeunes qu’on pourrait envoyer en France, avec un suivi toute l’année avec du cyclo-cross, de la route, de la piste, un bon calendrier de course, une bonne structure, du staff français… Moi, ce qui m’importe, ce n’est pas seulement l’équipe, c’est tout ce qui va à côté. Il faut tout faire, il n’y a pas grand-chose.
Tu cours encore, ou tu es seulement dans la partie organisation maintenant ?
Je fais un peu de tout, mais j’ai des responsabilités, donc… Je fais ça au métier, mais c’est quand même compliqué. J’ai couru le week-end dernier tout de même, un critérium. On était cinq, avec un sprinter qui marche pas mal. J’ai conduit le camion, fait le briefing, préparé ce qu’il fallait puis je me suis changé en deux-deux. Si je suis là pour faire les vingt premiers tours sur les cinquante, ça permet déjà de garder quatre coureurs frais pour le final, et sur le résultat ça peut être important. C’est un peu le genre de trucs que j’ai fait jusqu’à maintenant. J’ai couru un certain temps au final, depuis six ans que je suis là j’ai fait un peu de tout et n’importe quoi. J’ai été en Conti, j’ai couru dans le Japan Pro Tour, leur fameuse ligue japonaise, j’ai couru dans mon équipe, j’ai fait des petits trucs… Mais c’est la fin. Je vais passer plus dans l’organisation. L’idée c’est de former des Japonais voire faire venir des Français pour monter une structure et moi, passer dans la gestion générale.
En gros tu veux profiter de ton expérience, de ce que tu as vécu en Europe pour faire grandir ça au Japon ?
L’idée n’est pas de garder ça que pour moi et de tout faire moi-même, ça ne marcherait jamais. Il faut transmettre le plus de choses possibles à des coureurs, à des gens qui ont envie d’apprendre, de faire ça pour après que ça se développe de soi. Ça ne sert à rien de faire quelque chose qui se casse la gueule si je ne suis plus là. Ça n’aurait pas d’intérêt.
Comment est vu le cyclisme au Japon ? C’est encore un sport mineur ?
Le cyclisme sur route, oui. Au Japon, ce qui fait tourner toutes les différentes disciplines, c’est le keirin. Mais le vélo est beaucoup utilisé pour les déplacements de tous les jours. Tout le monde connaît le Tour de France, ou en a déjà entendu parler. C’est un sport qui est mineur parce qu’il y a très peu de courses, qu’il n’y a pas de coureur japonais qui marche suffisamment pour que ce soit bien exposé. Le sport au Japon, en général, a une histoire assez courte. Le sport professionnel, sur le modèle européen, n’existe au Japon que depuis une trentaine d’années, avec le football.
Comment fonctionne le cyclisme au Japon ?
Ils sont en train d’essayer de créer une ligue professionnelle, sur route mais pas UCI, sur le modèle de ce qu’a réussi à faire le football. A l’origine, le sport en général au Japon ne fonctionne pas comme nous, avec un financement de sponsors. Ce sont les principales grosses entreprises qui possèdent des équipes sportives, dont les athlètes sont salariés. Le seul objectif de l’équipe est de promouvoir, développer l’entreprise, mais rien d’autre. C’est vraiment un modèle qui, à l’origine, n’est pas forcément voué à se développer. Le modèle économique du Tour de France, on y est habitués, mais pour eux ça n’existe pas du tout. Le problème du Japon en ce moment, c’est qu’il y a un gros exode rural et un gros déficit de population. Toutes les campagnes sont en train de se déliter. Par rapport à ça, le football, le basket, tous les sports qui sont développés au Japon, ce sont des sports urbains.
Le cyclisme peut justement aider à mettre en avant les campagnes.
Si on arrive à bien faire valoir ça, je pense que le pays finira par investir. C’est quand même la quatrième puissance économique mondiale, donc il y a un gros potentiel derrière. C’est d’ailleurs pour ça qu’ASO a fait son Critérium de Saitama.
Justement, est-ce que tu as déjà pu aller voir le Critérium de Saitama ?
Je suis allé à une conférence de presse, mais jamais sur place, ça ne m’intéresse pas des masses. Mais oui, j’aimerais bien avoir des contacts avec ASO, je pense qu’il y a des tas de choses à faire. Je pense qu’une des choses qu’ils attendent, c’est qu’il y ait de nouveau un Japonais qui vienne sur le Tour et qui marche bien, voire une équipe japonaise. Il y a bien un jour où ça finira par arriver.
Pour avoir une équipe japonaise sur le Tour de France, tu penses que ça peut prendre combien de temps ?
Ça dépend combien de temps tous ces abrutis (sic) vont s’entêter à faire leur ligue fermée ! (rires) Ça pourrait aller très vite. Ils parlent beaucoup d’essayer de fusionner toutes les équipes Continentales, il y en a quand même neuf au Japon. Les plus grosses doivent avoir 2,5 voire 3 trois millions de budget. C’est pas mal, c’est plus gros que nos Conti en France, sachant qu’en France on a toutes les régulations : que tout le monde ait un salaire minimum, que tout le monde ait une assurance… Je pense que si tu regroupes toutes les Conti japonaises plus Nippo, tu commences à avoir un bon budget, au moins pour faire une ContiPro. Mais évidemment, Bridgestone, Shimano, Aisan… Tout ça, à l’origine, ce sont des entreprises qui possèdent leur équipe. Donc c’est très compliqué de fusionner.
Que faudrait-il faire ?
La meilleure chose qu’il faudrait, ce serait qu’il y ait un coureur qui prenne le Maillot Jaune, qui gagne une étape ou quelque chose comme ça. Ça sera évidemment le plus rapide. Mais est-ce que c’est la poule ou l’œuf ? Eux ils considèrent plus que c’est la poule, qu’il faut faire comme ce qu’a fait le football, essayer de monétiser le vélo, de développer un modèle économique. Moi je considère que ce n’est pas possible tant que tu n’as pas de coureurs. Tant que tu n’as pas de coureurs qui ne tournent en Europe, comment est-ce que tu veux faire venir des spectateurs sur les courses au Japon ? Les gens ne sont pas cons. Ce qui les intéresse, c’est de regarder le Tour, les vraies courses de vélo. Le Critérium de Saitama, la Japan Cup, c’est là que le public s’amasse. Je pense que tu ne peux pas faire ça sans faire de la formation, mais ils ne peuvent pas en faire puisqu’ils ne savent pas faire. Il n’y a personne qui connaît vraiment le vrai vélo en Europe.
Ça peut être toi le moteur de cette équipe-là ?
Moi, ou un autre. A mon avis, il faut que ça vienne de l’étranger, sinon ce sera compliqué. Il faut que ça soit des Japonais qui viennent en Europe ou des Européens qui viennent au Japon. Les JO vont être un gros coup de pouce. Ça va être une bonne opportunité déjà pour les Japonais de découvrir le vélo, pour les Européens de découvrir le Japon, et donc pour les Japonais de découvrir que le vélo est plutôt un bon vecteur. D’ailleurs la Japan Cup, à l’origine, c’était les Championnats du Monde d’Utsunomiya en 1990, avec un parcours de dix kilomètres. Deux ans plus tard, la ville d’Utsunomiya a décidé d’organiser elle-même la Japan Cup. Il y a un gamin qui était allé voir la Japan Cup, qui est ensuite passé pro chez Skil-Shimano il y a une dizaine ou quinzaine d’années. Il a dû faire un ou deux ans là-bas, puis il est revenu et il a monté son équipe à Utsunomiya. Maintenant c’est elle qui a le plus gros budget Conti au Japon, qui essaye de mettre en place tout le système économique.
ツール組は1時間半の回復走に行ってきました。写真は籠坂峠の林道です。 pic.twitter.com/pLgLGUrwJq
— Tom Bossis (@tomsisbos) July 20, 2021
Pour les Jeux Olympiques, quel est ton rôle avec l’équipe de France ?
J’avais un contrat avec le village de Yamanakako, qui est la municipalité qui gère l’équipe de France, jusqu’à la fin du mois de juin. Maintenant je suis en contrat avec l’équipe de France. Avec la bulle sanitaire, on a été obligés de changer d’un grand hôtel classique à la location d’une structure qui correspond à accueillir une vingtaine de personnes. Ça revient à peu près au même niveau budget, mais là on est en autonomie. J’ai beaucoup bossé sur le changement d’hébergement qui a été compliqué. Il a fallu aller sur place, prendre des milliards de photos, faire des plans, des tas de trucs comme ça. Il y a beaucoup de traduction, ce genre de choses. Maintenant je suis avec eux dans la bulle, pour deux semaines, jusqu’à deux jours après le chrono. Rémi Cavagna et Juliette Labous sont arrivés hier. Ce matin, ils sont allés faire deux heures de vélo. Comme ça fait trois ans que j’habite là, je connais les routes donc j’ai fait les parcours. J’ai aussi avec mon équipe du staff en dehors de la bulle qui va nous faire toutes les courses, tout ce qui est nécessaire en dehors de la bulle, qu’on ne peut pas faire nous-même. Je fais le lien en permanence avec eux.
Tu es un peu le guide, accompagnateur ?
Ouais, je suis un peu l’homme à tout faire – pas tout quand même, ils me font à manger. Mais oui c’est ça, je suis un peu le guide touristique. (rires)
Comment trouves-tu le parcours de ces Jeux Olympiques ? Tu as dû bien le voir vu que tu es du coin.
Je l’ai fait un paquet de fois ! Il est génial, 240 bornes ça n’a jamais été fait ici. On part de Tokyo, on vient au pied du mont Fuji – j’espère qu’il fera beau parce que c’est vraiment magnifique. Je pense qu’il est très bien tracé, avec le Mont Mikuni à trente bornes de l’arrivée qui fait 6,4 kilomètres à 11% – ça fait 24 minutes de bosse. Ça va être le juge de paix parce qu’après 200 bornes ça va en mettre partout, mais derrière il reste encore trente bornes. Et sur les JO c’est au maximum cinq par équipes, donc contrôler une course de 244 bornes… Si ça arrive groupé au pied du Mont Mikuni, devant tu vas avoir soit un homme seul qui va essayer d’aller au bout, soit un groupe qui va se regarder où tu vas avoir plusieurs coureurs d’une même nation. Je pense que ça va être hyper tactique sur le final.
今日はツールから連戦しているマルタン選手、ゴデュ選手、エリソンド選手、コスヌフロア選手、そしてヴォクレール監督の担当。
ヴォクレールさんが「回復走で三国峠を登ろう」と口にしたときは吹いた。 pic.twitter.com/f2tJCKA6Xv
— Tom Bossis (@tomsisbos) July 21, 2021
Et pour les Français ?
Sans Alaphilippe et Bardet, c’est un peu dommage, on aurait eu de belles chances après Innsbruck et Imola. Mais il n’empêche que vu cette configuration de course, le type de parcours, je pense que ce n’est pas forcément mauvais pour l’équipe de France.
On a quand même de quoi avoir une médaille selon toi ?
Oui, je pense que ça peut le faire. Gagner, c’est compliqué vu les moteurs qui vont arriver du Tour de France. Mais je pense que ça va être une course de mouvement et ça va être difficile de contrôler. Sans forcément avoir le poids de la course, avec plusieurs leaders qui ont à peu près le même niveau, ça peut être très avantageux.
Pour les Japonais, s’il y a des médailles en cyclisme ça va être sur piste uniquement ?
Sans les quotas pour les nations organisatrices, on n’aurait même pas eu de Japonais sur la course en ligne [il y en aurait eu un chez les Hommes et deux chez les Femmes, NDLR]. On en aurait eu chez les filles, il y a une féminine qui marche bien. Donc oui forcément ça va être sur la piste, et ils ont de bonnes chances à mon avis. Mais parce que le sélectionneur est français, Benoît Vêtu. Il a fait trois-quatre pays avant de venir au Japon, et à chaque fois ça s’était plutôt bien passé. Ça fait cinq ans qu’il est là, et le Japon s’est énormément développé, surtout dans les épreuves de sprint. Ils ont de grandes chances de médaille d’or même, à mon avis. Ce serait une bonne chose, mais c’est vrai que c’est l’argent du keirin qui tourne un peu en rond. Enfin pas tout à fait, ils nous sauvent quand même pas mal.
Photos : Tom Bossis et Fukumoto (CC BY-SA)
Propos recueillis par Matthieu S.