Écrit le par dans la catégorie Histoire, Les forçats de la route.

Au cœur d’une saison magistrale ponctuée par 18 victoires, un titre national et le port du maillot jaune, Philippe Gilbert conquit sur la Doyenne le succès le plus sentimental de sa carrière, achevant un exploit inégalé à ce jour : le quadruplé Flèche brabançonne – Amstel Gold Race – Flèche Wallonne – Liège-Bastogne-Liège. Retour sur une performance exceptionnelle et sans précédent.

À l’orée de la saison 2011, Philippe Gilbert est déjà un coureur de classiques incroyablement accompli. Deux fois lauréat du Tour de Lombardie et de Paris-Tours, le Belge est un homme de l’automne. Nulle méprise : la fin de l’hiver et le printemps sont parfois tout aussi à son goût, avec deux succès sur le Het Volk et une Amstel Gold Race à son palmarès. La classique limbourgeoise est d’ailleurs le point de départ de la semaine la plus importante de la saison du Wallon. Car, reconnu pour son punch d’exception, Gilbert vit pour remporter les deux grandes épreuves ardennaises d’un jour : la prestigieuse Flèche Wallonne et l’éternelle Liège-Bastogne-Liège, doyenne des classiques et Monument du sport cycliste.

Avant ces dix jours de grâce où il triomphera de Louvain à Liège, il y eut d’autres joies. Des bras levés sur les routes du Tour d’Algarve, puis sur les Strade Bianche, et enfin sur Tirreno-Adriatico, avec à chaque fois la même aisance constatée. C’est avec une grande confiance emmagasinée que « Phil » s’adjuge la Flèche brabançonne en réglant Björn Leukemans au sprint. Impérial sur tout type de pente, pourvu que celle-ci soit courte, le Belge poursuit sa moisson de bouquets en éparpillant la concurrence sur le Cauberg comme sur le mur de Huy. Pour le plus grand bonheur de ses supporters, et le plus grand malheur de Joaquim Rodriguez, deux fois son dauphin.

En maîtrise totale

Ultra-favori sur Liège-Bastogne-Liège, sa course de prédilection, le natif de Remouchamps est soutenu dans son fol espoir de quadruplé par une solide formation Omega Pharma-Lotto, Jurgen Van den Broeck et Jelle Vanendert en tête. Depuis le début de la semaine, l’équipe belge n’hésite pas à prendre la responsabilité des commandes du peloton. Les résultats, forcément, leur donnent raison.

La mise à contribution des équipiers du champion des wallons est d’autant plus importante qu’un groupe de seconds couteaux émerge dès la Côte de la Haute-Levée, dernier échelon de la célèbre trilogie de la mi-course. On y retrouve Damiano Caruso, Dario Cataldo, Juan Manuel Garate, Enrico Gasparotto, Blel Kadri, Jérôme Pineau, Kanstantsin Siutsou, Laurens ten Dam et Greg Van Avermaet. À l’approche du Col du Maquisard, les fuyards se greffent aux tout derniers rescapés de l’échappée matinale : Thomas De Gendt, Mathias Frank, Tony Gallopin, Jesús Herrada et Eduard Vorganov.

Comme bien souvent, la Côte de la Redoute annonce les intentions des prétendants à la victoire. Et tandis que Gasparotto écrème la tête de course, c’est Jakob Fuglsang, au service des frères Schleck, qui use les organismes à l’avant du peloton. Quelques kilomètres plus loin, la Côte de la Roche-aux-faucons constitue le tremplin idéal pour l’offensive des frangins, Fränk et Andy. C’est après tout sur ces pentes sévères que le cadet de la fratrie luxembourgeoise avait forgé sa victoire lors de l’édition 2009. Mais cette année, Philippe Gilbert accroche leurs roues avec aisance, l’écart étant creusé en un clin d’œil avec le reste du peloton. Il reste 20 kilomètres à parcourir, et pourtant tout le monde comprend que la messe est déjà dite.

Derniers rescapés de l’échappée de la Haute-Levée, Pineau et Gasparotto sont contraints de lâcher prise dans la difficile relance consécutive à l’ascension, alors que Van Avermaet plie sans rompre dans le sillage des champions. Dans les rues de Liège, la côte de Saint-Nicolas met le valeureux coureur du Team BMC au-devant de ses limites. Gilbert contrôle facilement le duo de frangins de la Leopard-Trek, et profite même du final de la montée pour affirmer sa supériorité physique sur ses adversaires. Sans véritable plan tactique, les Luxembourgeois sont contraints de rouler avec le héros wallon jusqu’à la côte d’Ans, théâtre de la dernière explication possible entre les coureurs. Fränk Schleck, pourtant mis en réserve par son cadet Andy, n’en fera rien.

La différence de punch est telle que la confrontation au sprint tourne bien court. Déposés dans les derniers hectomètres, les frères ne peuvent que constater l’avènement du roi Gilbert, qui achève là son œuvre maîtresse. Pour le plus beau jour de sa carrière sportive.

Par Alexandre Bardin (@AlexandreBardin)

Crédit photo : Reuters ; Graham Watson

 

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Re: Gilbert, la crème de la crème liégeoise

Messagepar AbéCé » 26 Avr 2021, 13:07

Top article,
petite erreur à la fin on parle du coureur de la "team BMC" pour désigner Gilbert :heureux:
AbéCé
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Re: Gilbert, la crème de la crème liégeoise

Messagepar Alexandre B. » 26 Avr 2021, 13:18

AbéCé a écrit:Top article,
petite erreur à la fin on parle du coureur de la "team BMC" pour désigner Gilbert :heureux:

Il s'agit plutôt de Van Avermaet, qui lâche prise dans Saint-Nicolas. :mrgreen:

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