Écrit le par dans la catégorie Carnet de route, En roue libre.

Année après année, la dernière étape de Paris-Nice était une réussite du parcours : attaques lointaines, coups tactiques, courses poursuites et suspense pimentaient le dénouement de la Course au Soleil. Pourtant, ASO a innové cette année en retirant les classiques Peille et Èze au profit de côtes méconnues comme Châteauneuf et Aspremont. Alors, qu’est-ce que ça change ? Nous avons repéré pour vous la dernière étape de ce Paris-Nice 2020.

Une boucle Nice-Nice, un kilométrage réduit et un enchainement de côtes : à première vue, le terrain de jeu de cette explication finale new look ne diffère pas de ses prédécesseurs. Pourtant, la première heure de course sera bien plus abordable. La remontée de la vallée du Var puis des gorges de la Vésubie valent en effet plus pour les paysages que l’intérêt sportif. Le profil est un peu trompeur car les petits raidards qui apparaissent ne sont en fait que des tunnels non-lissés. La « pente » ne dépasse en réalité que les 3% sur de courtes portions. Si les coureurs ne débranchent pas pendant 35 kilomètres, le peloton pourrait exploser dans les premiers vrais reliefs. Mais il est plus probable de voir un groupe conséquent s’extirper après une quinzaine de kilomètres pendant que le peloton gère son effort.

Après Lantosque, le col de la Porte débute par deux kilomètres irréguliers mais abordables. Puis deux kilomètres à 8% viennent chauffer les cuisses. C’est peut-être là que des grimpeurs qui auraient loupé la bonne échappée voudront relancer l’allure, d’autant que cette portion est suivie par deux bornes en légère descente sur une route étroite et technique favorable à un homme seul. Puis on attaque la principale difficulté du jour. Le col de la Porte développe officiellement 6,8 kilomètres à 7% mais le profil est trompeur. Des portions à 4-5%, ou au contraire à plus de 10%, empêchent de prendre un rythme régulier. Cette petite route qui s’élève dans le vallon de l’Infernet est un havre de paix pour le cyclotouriste… Mais pour un peloton professionnel, qui dit absence de voiture dit absence d’entretien de la route. Le bitume qui ne rend pas ajoute de la difficulté, et il était étonnant de voir la présence de nombreux débris (gravillons, branches…) tout au long de l’ascension à une semaine seulement du passage de la course. Si rien n’est déblayé d’ici-là, plusieurs crevaisons surviendront à coup sûr. Avoir sa voiture bien placée dans la file pourra avoir son importance car deux voitures peuvent difficilement se doubler ici.

La route du col de la Porte se camoufle entre les vallons de l'arrière-pays niçois

Le col de la Porte est en tout cas une difficulté typée pour les grimpeurs. En ce sens, il est un peu frustrant qu’il soit placé si « loin » de l’arrivée ou du départ car on imagine mal un favori se dévoiler de si loin. La descente vers Lucéram, très technique, sera aussi favorable aux attaquants. La deuxième moitié entre Lucéram et L’Escarène ressemble plus à un mouroir, sur une large route rectiligne où le vent vient 99% de l’année de la mer après midi, c’est-à-dire qu’il soufflera de face. La côte de Berre-les-Alpes commence par un kilomètre à 8%, toujours vent de face sur une route large pour casser les jambes. Mais la suite de cette difficulté est trop abordable et courte pour espérer y voir une attaque d’un favori. C’est dans cette transition d’une dizaine de kilomètres entre Lucéram et le sommet de la côte que le téléspectateur expérimenté pourra caler sa sieste postprandiale. Après une nouvelle descente technique, c’est donc dans la côte de Châteauneuf que la décision devra se faire. Longue de 6,6 kilomètres, son départ est la portion la plus raide avec deux vrais kilomètres à 8%. En sortant de 22 kilomètres descendants sur les 26 derniers depuis le sommet de la Porte, il faudra avoir bien anticipé la transition pour ne pas s’écraser dedans. La suite se fait sur une route régulière entre 6 et 7%. Pour comparaison, c’est une sorte de côte de Peille avec 1% de pente en moins. Les autres points positifs sont une montée très bien protégée du vent, une fois n’est pas coutume, et de nombreux virages qui rendront vite des attaquants invisibles pour le peloton. Comme une exception doit confirmer la règle, le dernier kilomètre est en revanche très roulant sur une longue ligne droite vent de face.

Au sommet de cette difficulté, l’arrivée est à 30 kilomètres et un groupe de costauds devrait s’être dégagé. Mais malheureusement pour eux, la descente qui suit est la seule de la journée qui ne soit absolument pas technique. Un seul vrai coup de frein est nécessaire en 6 kilomètres. Sur du -4%, il faudra pédaler tout du long pour résister à l’inertie d’un groupe de poursuite plus conséquent. Au moins, la route n’est pas l’autoroute de ces dernières années avant l’ultime difficulté de ce Paris-Nice, la côte d’Aspremont. Celle-ci n’est pas plus généreuse avec les attaquants. Il faudra être costaud ou avoir placé des soutiens à l’avant pour ne pas buter dans ces 4 kilomètres à moins de 4% de moyenne, sur une route large qui peut être exposée. Il faudra pouvoir y emmener du braquet. Cette côte n’a donc rien à voir avec le col d’Èze, habituel juge de paix qui offrait au moins quelques passages sélectifs.

Une descente typique de cette journée : route peu large, épingles et virages sinueux (ici dans la descente du col de la Porte)

Au sommet, il restera 18 kilomètres pour plonger vers le stade de l’Allianz Riviera où est tracée la ligne d’arrivée, dont 13 de descente. Celle-ci est d’ailleurs piégeuse. Au premier abord, on pourrait rester sur cette impression de route plutôt rectiligne et roulante comme depuis quinze bornes. Mais ceux qui ne l’auront pas reconnu se feront surprendre par quelques virages sans visibilité qui se referment. Après deux kilomètres, ils seront de plus en plus fréquents pour rythmer une descente finalement devenue technique. Une chicane devra en particulier être bien anticipée pour passer sur l’élan un coup de cul de 300 mètres à 5% et gagner de précieuses secondes. Un deuxième faux plat obligera à une dernière relance dans Colomars avant de plonger vers la Plaine du Var. Ces derniers kilomètres descendants sont de nouveau moins techniques. En cas de pluie, il faudra faire attention à quelques bouches d’égout magnifiquement placées sur la trajectoire. Mais malgré une chaussée qui se rétrécit sur la fin, les coureurs devraient arriver sans encombre dans la dernière ligne droite. Malheureusement pour certains, celle-ci pourra leur paraitre très longue car ce Paris-Nice se termine par une deux voies de 5 kilomètres, vent en plein dans le museau. De quoi imaginer une petite course-poursuite face à des rouleurs distancés, comme on a l’habitude d’en voir dans la descente de la Moyenne Corniche depuis Èze ces dernières années. Cette poursuite sera tout de même plus courte, et donc moins défavorable à des attaquants grimpeurs, puisque la descente n’est cette fois pas propice à un regroupement. Il sera alors temps d’un dernier sprint. Le profil étant plutôt simple dans les 30 derniers kilomètres, on parierait bien sur un rescapé de l’échappée matinale qui se serait accroché aux favoris pour lever les bras devant le stade de l’OGC Nice.

À l’heure du bilan, ce changement de programme sonne plus frustrant que prometteur. Le milieu d’étape est excellent, et une arrivée à Contes (km 76) offrirait à coup sûr un beau spectacle. Comparé à l’enchainement Peille-Èze de ces dernières années, celui de Châteauneuf et Aspremont propose des montées moins sélectives, mais en contrepartie des transitions où un gros groupe sera moins avantagé. Cependant, la descente roulante de Châteauneuf et la montée tout aussi roulante d’Aspremont risquent de faire pencher la balance en défaveur des attaquants. Le classement général de la veille au sommet de la Colmiane devrait donc être très similaire à celui final. Mais il s’agit de la dernière étape d’une course habituellement folle, qui a déjà très bien commencé dans la pluie et les bordures. Les coureurs font la course, alors malgré un parcours a priori moins favorable que ces dernières années, croisons les doigts pour qu’ils nous offrent du spectacle jusqu’au bout !

Par Yoan Boussès.

Crédit Photo: Yoan Boussès
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Re: Reconnaissance : qu'attendre de la dernière étape de Par

Messagepar Klira » 12 Mar 2020, 19:25

:ok:

Bon par contre pas sûr que ce soit la dernière étape du coup. :oops:
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Re: Reconnaissance : qu'attendre de la dernière étape de Par

Messagepar Nico32 » 12 Mar 2020, 23:08

Merci :) On croise les doigts :|

Je viens de réaliser que j'aurai pu mettre une photo du profil de l'étape par contre. Ça aurait été plus parlant pour situer les noms des villes que je balance comme ça :?

edit : bon ben voilà c'est réglé :cry:
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Re: Reconnaissance : qu'attendre de la dernière étape de Par

Messagepar AG2R » 06 Jan 2021, 11:58

Une pensée pour Nico qui aura donc fait la reco "pour rien" puisqu'on revient au parcours habituel pour 2021 :mrgreen:
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