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Après quelques années en dent de scie, la France a retrouvé l’arc-en-ciel sur la piste l’an dernier, avant de ressortir des championnats d’Europe avec 5 titres continentaux, dont deux dans des épreuves Olympiques. De quoi aborder les derniers mois avant Tokyo dans de bonnes conditions, en particulier ces derniers mondiaux toujours particuliers, chaque nation préparant différemment ses compétiteurs, certains ciblant absolument août et n’étant pas au meilleur de leur forme en février. Revue d’effectif de l’équipe de France pour ces championnats du monde qui se disputent du 26 février au 1er mars 2020 à Berlin.

Le sprint

Côté féminin, Mathilde Gros devra confirmer son potentiel. Malgré une médaille de bronze en vitesse individuelle l’an passé, elle ne gagne qu’assez peu une fois le dernier carré atteint. Médaillée d’argent aux Jeux Européens pour son unique finale au haut niveau international, on peut espérer que rééditer cette performance lui fera du bien. Quant au keirin, elle est une des favorites au titre mondial. Championne d’Europe, elle est montée deux fois sur le podium en Coupe du Monde cet hiver. Ce serait un échec de la voir repartir sans médaille.

Chez les hommes, dans les disciplines Olympiques, il sera difficile de concurrencer les Néerlandais. Harrie Lavreysen et Jeffrey Hoogland dominent outrageusement la vitesse individuelle, aussi bien aux Championnats d’Europe qu’en Coupe du Monde. Ils raflent également à chaque occasion ou presque la vitesse par équipes et le keirin. En vitesse par équipes, la tâche est impossible pour les Français avec plus d’une demi-seconde à combler. Cependant, il faudra regarder avec attention ce que feront Grégory Baugé, Sébastien Vigier et Quentin Lafargue d’un point de vue chronométrique. Le trio est en effet conservé par rapport à l’an passé. Une rotation semble prévue comme d’habitude pour le premier tour, mais cette fois avec le jeune Melvin Landerneau plutôt que Michael D’Almeida pour prendre la place de Quentin Lafargue. Comme ces dernières années, le podium est à leur portée et ne pas l’avoir serait très décevant.

Ces trois derniers coureurs évoqués participeront au kilomètre. Quentin Lafargue en sera le grand favori, étant champion du monde et d’Europe en titre. Michaël D’Almeida, en bronze sur ces deux épreuves, sera un candidat sérieux au podium. Melvin Landerneau devrait lui aussi se hisser en finale. Pourquoi pas assez haut, même si les Allemands seront surmotivés à domicile. Le titre est là l’objectif minimum, mais le titre et une médaille sont sérieusement envisageables.

En plus d’eux, l’équipe de France garde toujours de grands espoirs sur Sébastien Vigier. Champion d’Europe en 2017 déjà à Berlin, ses résultats en individuel étaient en léger déclin, mais il a remporté une Coupe du Monde en keirin cet automne. Après de décevantes éliminations en quarts de finale de la vitesse et des finales ratées, à la fois dans le keirin et dans la vitesse, il aura à cœur de se rattraper et de faire mieux. D’autant plus qu’il n’a pas de souci à se faire. Sauf blessure, il est assuré de représenter la France dans ces épreuves aux Jeux.

Il sera accompagné de Rayan Helal dans le keirin. Âgé de tout juste 21 ans, il avait découvert timidement les mondiaux élites il y a deux ans en vitesse, où il était le seul à prendre une manche à un des deux ogres Néerlandais aux derniers championnats d’Europe. Sur le keirin, au-delà de son titre continental chez les espoirs, sa principale référence est une médaille d’argent aux derniers Jeux Européens. Enfin, Quentin Caleyron sera aligné en vitesse. L’ancien spécialiste du BMX fait toujours d’excellents chronos en qualifications, mais manquait encore d’expérience en face à face, éliminé dès son premier match l’an passé. Finaliste sur son unique manche de Coupe du Monde, même si le plateau était peu relevé, il devrait faire mieux.

Pour ces trois coureurs, leur prédire une médaille est une possibilité, mais ce sera difficile face à la nation Oranje qui écrase tout. Il y aura peut-être la place de se glisser sur le podium au keirin.

La poursuite

Dernier champion d’Europe de la poursuite individuelle, Corentin Ermenault retrouvera Filippo Ganna lors du mondial.

De retour à ses premiers amours, Corentin Ermenault a dépoussiéré le record de France avant de l’exploser en l’améliorant de 5 secondes quelques mois plus tard. Champion d’Europe en l’absence de Filippo Ganna, il fera face cette fois au coureur d’Ineos, qui ne cesse de battre son record du monde. Face à lui et aux Allemands, Ermenault a néanmoins de quoi ambitionner le podium.

D’un point de vue collectif, il sera accompagné de Benjamin Thomas, Thomas Denis (qui fera également la poursuite individuelle, mais sans grande prétention) et Valentin Tabellion. Ils seront néanmoins contraints à l’exploit. L’équipe s’étant disloquée par le passé, avec notre meilleur poursuiteur qui ne pouvait être aligné, il faudra être champion du monde pour pouvoir espérer aller aux Jeux Olympiques. Un réel travail de fond aurait permis d’aller viser la médaille à Tokyo.

Le quatuor aligné a récemment battu le record de France. Ils restent assez loin des meilleurs chronos, mais les couacs des derniers mondiaux ne devraient pas se rééditer. Les plus forts mettaient dans le rouge les moins forts dans le final, cassant le groupe alors que le temps est pris sur le troisième coureur. Cette équipe peut cependant espérer ne pas être trop loin du podium, même si la marche reste grande, à cause du temps perdu sur une génération double championne d’Europe en 2016 et 2017.

Côté féminin, le groupe de 6 filles très uni est toujours là. Victoire Berteau se concentrera sur les courses en peloton et Marion Borras ne devrait faire le voyage qu’en tant que remplaçante potentielle, revenant de blessure. Ce sera donc à Clara Copponi, Coralie Demay, Valentine Fortin et Marie Le Net de continuer à améliorer un record de France régulièrement battu. S’il n’y a pas d’objectif de médaille à court terme, la cible est clairement Paris 2024 avec ce collectif de cinq espoirs. Néanmoins, l’expérience prise de premiers JO sera bonne à prendre. Pour cela, il faudrait terminer mieux classé que la Belgique et la Corée du Sud, ce qui semble nettement faisable.

Coralie Demay participera à l’épreuve individuelle. Ce sera peut-être l’occasion de dépoussiérer un record de France datant du siècle dernier, à défaut de jouer une médaille inaccessible. A domicile, les Allemandes seront favorites, ainsi que Chloe Dygert, qui fera son grand retour.

Les courses en peloton

Mathilde Gros, alignée sur le keirin et la vitesse individuelle, sera l’une des meilleures chances françaises

Illustration de la jeunesse de notre équipe, c’est une coureuse d’à peine 21 ans qui sera alignée dans l’omnium, Clara Copponi. Vice-championne d’Europe Espoirs, elle a également brillé en Coupe du Monde. L’expérience continuera de s’accumuler, comme elle devrait le faire dans quelques mois aux Jeux.

Dans le Madison, Copponi sera associée à Marie Le Net, sa cadette d’un an. Le duo a terminé 5ème des championnats d’Europe et a terminé sur le podium d’une manche assez relevée de la Coupe du Monde. De quoi espérer encore un bon résultat pour le premier alignement de cette paire aux mondiaux. Enfin, Victoire Berteau, qui aura 20 ans cet été, participera à la course scratch et à la course aux points, où sa pointe de vitesse pourra être utile.

L’inexpérience et la forte concurrence (Kirsten Wild et Laura Kenny, pour ne citer qu’elles) devraient être un frein aux médailles, même si les Bleues devraient avoir quelques places dans le top 8.

Chez les hommes, Benjamin Thomas sera notre principal coureur. Il n’a que 24 ans, mais avec 2 titres mondiaux et 5 titres Européens, il sera notre principale chance de Marseillaise dans ces épreuves, autant à Berlin qu’à Tokyo, étant champion d’Europe de l’omnium. Il y visera le titre, qu’il avait conquis il y a 3 ans.

Il sera aligné avec Donovan Grondin sur le madison. Âgé de 19 ans, il a dominé l’omnium des derniers championnats de France et remporté des courses avec Benjamin Thomas aux 6 Jours de Fiorenzuola d’Arda l’été dernier. Depuis, cette paire a remporté un madison en Coupe du Monde, avant de monter sur le podium d’une autre manche. De quoi espérer de belles choses, dans ce grand test pour le jeune Réunionnais, qui découvrira les championnats du monde élites.

Enfin, le retour à la piste de Bryan Coquard n’est pas aussi payant que ce qu’il aurait aimé, puisqu’il n’est qu’au départ d’une épreuve non-olympique, la poursuite par équipes. Néanmoins, il ambitionne toujours d’être à Tokyo et cela passera par un résultat fort dans la course aux points, dont il a remporté le championnat d’Europe cet été.

À noter que pour la première fois depuis longtemps, la France n’a pas réussi à se qualifier pour la course scratch, qui se fera sans nous. Dans toutes ces épreuves, on a de quoi aller chercher un titre, un total de 2 ou 3 médailles, voire plus.

Dans l’ensemble, l’équipe de France devait au moins faire aussi bien que l’an passé (1 titre, 5 médailles en tout), mais a les moyen de viser plus haut. La délégation française peut même espérer entendre plusieurs Marseillaises pour la première fois depuis 3 ans et aller chercher plus de 5 médailles. Cela n’est plus arrivé depuis les mondiaux à domicile de St-Quentin-en-Yvelines en 2015.

Par Geoffrey L.

Crédit Photo: Nicola (Wiki Commons) / Ronan Caroff
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Modérateur: Animateurs cyclisme pro

Re: Mondiaux sur piste 2020 : les chances françaises à Berli

Messagepar gosso » 26 Fév 2020, 16:51

Très complet et intéressant quand on suit la piste de loin ce tour d'horizon tricolore :ok:
gosso
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