Alors qu’une nouvelle décennie commence, Le Gruppetto vous propose une nouvelle sélection de 5 coureurs qui pourraient, en 2020, se révéler aux côtés des plus grands du peloton international. Tous ont déjà fait parler d’eux à différents niveaux lors de la saison 2019, ou même avant, mais c’est sur ces promesses et éclats entrevus que nous vous proposons une nouvelle fournée pétrie de talent(s).
Ivan Garcia Cortina (Bahrain-McLaren)
Passé chez Klein Constantia, réserve de la Quick Step jusqu’en 2016, Ivan Garcia Cortina possède d’ores et déjà une solide expérience de trois années en World Tour. Remarqué à ses débuts professionnels par ses placettes sur la Vuelta, le Tour de Turquie ou la Prudential Ride London, l’Espagnol semble avoir franchi un cap en 2019.
Présent sur Paris-Nice, il a démontré son potentiel de coureur dur au mal en terminant 2e de l’étape de Bellegarde, animée par les bordures. Caractérisé tout au long de l’année par son attitude offensive, tant pour des échappées au long cours que sur les classiques flandriennes, « IGC » n’a pas réussi à obtenir le résultat marquant malgré une belle homogénéité d’ensemble, parfois barré aussi par ses fonctions d’équipier. Après un début d’été entre la Californie où il a décroché sa première victoire professionnelle, la Suisse où il a obtenu encore des places d’honneur, et le Tour de France, c’est en août qu’il a démontré sa solidité. Très en vue que ce soit sur les vallons ou les pavés, il a décroché la 7e place du BinckBank Tour puis la 3e position du GP de Montréal.
En 2020, il devrait pouvoir prétendre à un statut de leader sur les flandriennes où, épaulé par Haussler et Haller notamment, il y sera en principe l’un des très rares Espagnols à l’aise depuis Juan Antonio Flecha.
Eddie Dunbar (Team INEOS)
Accueilli comme jeune talent au sein de l’équipe américaine Axeon Hagens Berman en 2016 et 2017, Eddie Dunbar s’était illustré sur un grand nombre de terrain, remportant notamment le Tour des Flandres réservé aux Espoirs. Puis il était monté d’un échelon au sein de l’équipe « locale » Aqua Blue Sport, où l’Irlandais a semblé s’adapter parfaitement au monde professionnel, en témoignent alors sa 5e place sur la Volta Limburg, sa 8e sur le Tour du Yorkshire, ou sa 4e sur le Tour de Belgique.
Mais l’aventure s’est arrêtée brusquement pour sa formation, alors que le jeune talent venait à peine de terminer 8e du Tour de l’Avenir. Cependant, suivi par un bon nombre d’équipes pour ses capacités tout-terrain, il est parvenu à rebondir en signant un contrat chez l’équipe Sky, où il a terminé l’année 2018 avec une honorable 13e place lors du Tour de Guangxi. Sa saison 2019 a commencé sur les chapeaux de roues puisqu’il a pris les rênes de l’équipe britannique sur le Tour de la Provence, qu’il a terminé en septième position, passant tout près de renverser la course le dernier jour vers Aix-en-Provence, avec un David Gaudu à la peine dans son sillage.
Si les deux mois suivants ont été plus ternes, Dunbar a refait parler de lui lors du Tour du Yorkshire, où en duo avec Chris Lawless, il est parvenu à faire plier Greg Van Avermaet sur la route de Leeds. Présent, comme une bonne partie de la jeune garde INEOS, au départ du Tour d’Italie, Dunbar s’est d’abord moulé dans un rôle d’équipier pour Sivakov et Geoghegan Hart. Puis, lors de la 12e étape se terminant à Pinerolo, il prend part alors à l’échappée du jour et bataille pour la victoire, pour finalement terminer troisième. Il n’a cependant pas fini de détonner de son qualificatif de « tout-terrain », puisqu’il a demeuré très solide sur une dernière semaine ultra-montagneuse, pour prendre une 22e place au général final !
Surcompensant du Giro, il est venu ensuite prendre la 5e place de la Route d’Occitanie, en soutien d’Ivan Sosa, puis a continué les bonnes performances sur ses championnats nationaux, sur le Tour de Wallonie (6e) et sur la Clasica San Sebastian (15e) avant de terminer l’année un peu plus en roue libre. Témoin d’un renouveau du cyclisme irlandais incarné également par d’autres jeunes au niveau Continental, Dunbar entamera la saison 2020 au sein de l’armada INEOS avec, en tête, un besoin de spécifier son terrain de prédilection.
Marc Hirschi (Team Sunweb)
A tout juste 21 ans, il est pourtant difficile de laisser le Suisse hors de notre sélection. Pur produit de la filière Sunweb chez les espoirs, il est arrivé dans le monde professionnel auréolé d’un titre de Champion du Monde U23, obtenu à Innsbruck.
Après un début de saison léger, mais où il a découvert néanmoins les Strade Bianche et Milan San Remo, Hirschi a décroché la 10e place de l’E3. Parti dès le matin, il s’est accroché au moment de l’explication entre les favoris pour terminer dans un groupe contenant Politt, Trentin et Naesen !
Présent par la suite sur les terrains escarpés du Pays Basque, puis ceux de Liège-Bastogne-Liège, c’est véritablement lors de sa reprise en août qu’il a commencé à se montrer au grand public. Il a alors réalisé un mois de folie : derrière la performance d’Evenepoel, titrée dans les journaux, Hirschi est venu prendre la 3e place de la Clasica San Sebastian, avant d’enchainer avec la 5e position du BinckBank Tour, puis un top 10 (6e) lors du Deutschland Tour et un accessit (27e) d’une édition dantesque des championnats du monde élite.
Avec les départs notables de Dumoulin et Kämna de la Sunweb, conjugués à la venue de beaucoup de jeunes, Hirschi, fort d’une première année solide en World Tour, sera à suivre de très près en 2020, quelque soit le terrain sur lequel il sera engagé.
Brandon McNulty (UAE Team Emirates)
Seul membre de notre liste qui opérera sa première saison World Tour en 2020, l’Américain Brandon McNulty est également celui qui aura le plus à prouver, tant par rapport aux membres de sa nouvelle équipe (UAE Emirates) que par ses résultats obtenus en 2019.
Repéré en 2018 sur les routes de Californie, d’Alsace et du Tour de l’Avenir, l’ex-coureur de la Rally avait également fait parler de lui pour son échappée au Tour de Dubai où, cruellement, il s’était fait reprendre dans le mur final du barrage d’Hatta Dam. Douze mois plus tard, il a terminé à la 9e place de l’épreuve voisine, le Tour d’Oman, lors des premières heures de la saison 2019. Il a remporté ensuite le Tour de Sicile devant Guillaume Martin et Fausto Masnada, à qui il a résisté sur les pentes de l’Etna après les avoir distancés dans une descente pluvieuse la veille.
Le reste de sa saison 2019 a été cependant beaucoup moins brillante, puisqu’il a enchaîné inexplicablement les abandons et les mauvaises performances sur la Flèche Wallonne, le Tour de Californie, le Tour de Suisse et son chrono national, pourtant sa spécialité ! Ce n’est que début Juillet, sur l’exercice chronométré du Chrono Kristin Armstrong, qu’il a retrouvé des couleurs en terminant juste derrière Serghei Tvetcov, le meilleur rouleur du circuit Américain.
De retour en Europe pour le mois d’Août, il a décroché de nouvelles places d’honneur (11e de l’étape-reine de l’Arctic Race of Norway, 7e du Tour Poitou-Charentes), synonymes d’une forme retrouvée, et qu’il a fait fructifier un mois plus tard pour terminer sur le podium des championnats du monde du contre-la-montre chez les Espoirs.
En 2020, et malgré cette bonne note finale, l’Américain sera soumis à rude épreuve, entouré de leaders et d’autres jeunes avides d’affûter leurs talents. L’occasion de voir, avec des participations prévues à Paris-Nice et à la Vuelta, s’il saura s’extirper d’un destin à la Tejay Van Garderen, ou s’il préférera se concentrer sur la discipline de l’effort solitaire.
James Knox (Deceuninck-QuickStep)
Lorsque l’on pense à l’équipe Deceuninck – Quick Step, ce sont surtout ses coureurs flandriens ou bien ses sprinteurs qui viennent d’abord en tête. Mais, avec le renouvellement progressif de son effectif, il serait bête de passer à côté des autres profils que proposent l’équipe. D’autant plus que, du côté des classements généraux, les adversaires du Britannique James Knox ne sont pas légion au sein du « Wolfpack ».
Après une saison réussie chez les espoirs en 2017, où il s’est montré sur Liège-Bastogne-Liège, le Tour de l’Avenir ou le Baby-Giro, et une saison de découverte en 2018, Knox a pu découvrir en 2019 les premières joies d’un leadership World Tour. Sans réaliser un début de saison exceptionnel, il s’est montré présent à l’UAE Tour (8e) et en Romandie (14e) en tant que leader, et en Catalogne en tant qu’équipier d’Enric Mas.
Toutefois, il n’est pas parvenu à digérer le Giro, au cours duquel il a abandonné, pour mieux rebondir en terres italiennes, presque deux mois plus tard, sur le podium de l’Adriatica Ionica Race. Bon 10e du Tour de Pologne ensuite, il a pris le départ de la Vuelta, et s’il a montré une belle constance lors des trois semaines de course, il a échoué à seulement deux dizaines de secondes du Top 10 après avoir déboursé plus de dix minutes lors de la dernière étape montagneuse.
Gage de son inexpérience et d’une fin de saison compliquée (il n’a pas terminé ses deux dernières courses), cette présence sur « un Grand Tour et demi » en 2019 pourrait lui permettre de mieux exprimer ses capacités en 2020. Renforcé dans son statut par un gain en caisse et le départ d’Enric Mas, il pourrait s »emparer du leadership dans un domaine plus ou moins délaissé par la Deceuninck-QuickStep.
Par la rédaction du Gruppetto.
Crédit Photo : Ronan Caroff / Marc / Ray Rogers