En cette fin d’année 2019, LeGruppetto vous propose un nouveau classement pour connaître le meilleur coureur des années 2010, à l’aide de notre propre barème. L’accent a été mis sur les victoires pour classer les coureurs sur les plus grandes courses, avec un système dégressif où une deuxième place apporte 50% des points de la première place. Seuls plusieurs grands succès peuvent permettre aux coureurs de figurer en haut de ce top 30. En voici la dernière partie jusqu’au grand vainqueur.
10ème : Fabian Cancellara, 50 pts
Déjà porteur du maillot jaune sur un cumul de 13 jours, triple champion du monde et champion olympique du contre-la-montre, ainsi que vainqueur de Paris-Roubaix, de Milan – San Remo, de Tirreno-Adriatico et du Tour de Suisse, Fabian Cancellara est un candidat à la première place d’un classement à cheval sur les deux décennies. Il aborde l’année 2010 au paroxysme de sa carrière. Champion de Suisse, il écrase les classiques flandriennes, s’imposant à Harelbeke avant de réaliser son premier doublé sur les pavés (un second suivra en 2013). Il domine d’abord Tom Boonen dans le Mur de Grammont au Tour des Flandres, avant de réaliser un incroyable numéro en solitaire dans la reine des classiques, en s’imposant avec 2 minutes d’avance sur le vélodrome de Roubaix après avoir attaqué à 50 kilomètres de celui-ci. Quelques mois plus tard, il se contente du contre-la-montre inaugural de son tour national, la montagne plus importante l’empêchant de défendre son titre. Il brille encore sur le Tour avec une semaine en jaune après sa victoire sur le prologue, et une deuxième étape sur le contre-la-montre la veille de l’arrivée à Paris. Pour finir la saison, il devient le premier homme à obtenir un 4e titre mondial en contre-la-montre. Sa régularité continue en 2011, mais sans grande victoire à son actif. Il retrouve le jaune une semaine en 2012 via le prologue, puis réalise à nouveau le doublé flandrien l’année suivante. Un 3ème et dernier Tour des Flandres complètera sa collection en 2014, pour partager le record sur cette classique avec certains des plus grands noms du cyclisme. En 2015, il porte une dernière fois le maillot jaune mais doit l’abandonner dans la chute massive dans l’étape du Mur de Huy. Il cumule ainsi 29 jours en jaune sur 6 Tours différents, deux records pour un coureur qui n’a jamais visé le classement général. Enfin, sa dernière année voit sa carrière sur route s’achever de la plus belle des manières, par un deuxième titre de champion Olympique du contre-la-montre à Rio.
9ème : Mark Cavendish, 51 pts
Après quelques premiers succès ProTour dès 2007, le Mannois explose l’année suivante avec deux étapes du Giro et quatre du Tour de France. Il fait encore mieux en 2009, cumulant trois étapes en Italie et six sur la Grande Boucle, remportant au passage Milan – San Remo. La décennie commence avec de nouveaux succès sur les Grands Tours, où il cumulera au final 30 étapes sur le Tour de France, 15 sur le Tour d’Italie et 3 sur le Tour d’Espagne (sans compter les contre-la-montre par équipes). Ce cumul le place parmi les tous meilleurs sprinteurs de tous les temps. Sur ces courses de 3 semaines, il a logiquement été récompensé par un (seul) classement par points sur chaque épreuve. De plus, il a porté le maillot jaune, le maillot rose et le maillot rouge (un tel cumul, couleur différente sur la Vuelta à l’époque, n’avait été réalisé que par Eddy Merckx et Laurent Jalabert). À côté de ça, il dépasse largement les 100 succès sur la route mais n’a plus vraiment brillé sur les classiques. On ne comptabilise ainsi qu’une victoire dans la répétition olympique à Londres, inaugurant le palmarès de la Ride London Classic, et deux victoires sur Kuurne-Brussel-Kuurne. Mais son principal résultat dans les courses d’un jour reste son titre mondial de 2011 sur le circuit plat de Copenhague. Il était un des favoris désignés pour le titre Olympique à Londres, mais la course débridée n’a pas permis au « Team GB » de contrôler comme elle l’espérait. Son meilleur résultat Olympique intervient en fait sur la piste lorsqu’il remporte l’argent de l’omnium à Rio. Sur la piste, il remporte la même année son troisième titre dans le madison, le second avec Bradley Wiggins, faisant écho au final de l’étape des Champs Élysées 4 ans plus tôt. Son partenaire était en jaune alors que, déjà vêtu d’un maillot arc-en-ciel, Mark Cavendish levait les bras pour la 4ème fois consécutive (un record) sur la plus belle avenue du monde.
8ème : Nairo Quintana, 53 pts
Le Colombien entame la décennie avec un titre national dans le contre-la-montre chez les espoirs, puis il quitte l’anonymat dès 2010 en remportant le Tour de l’Avenir. Un an et demi plus tard, arrivant chez Movistar, il enchaîne les succès avec le Tour de Murcie, la Route du Sud et le Tour d’Émilie, en plus d’une victoire en solitaire à Morzine après la Colombière et Joux-Plane lors du Critérium du Dauphiné. Vainqueur du Tour du Pays Basque l’année suivante, il s’impose surtout en haut du Semnoz pour arracher la 2ème place de son tout premier Tour de France, dont il repart avec les maillots à pois et blanc. On l’imagine alors plus qu’en successeur à Luis Herrera, une Grande Boucle lui étant promise à l’avenir. Cette prédiction sera malheureusement pour lui et la Colombie un échec. Pourtant, même s’il remporte un Tour de Romandie, un Tour de Catalogne ou encore une incroyable édition de Tirreno-Adriatico (succès sous la neige en haut du Terminillo), toute sa carrière s’oriente autour des courses de 3 semaines. En 2014, il fait l’impasse sur le Tour pour se concentrer sur le Giro et la Vuelta. Si le succès est au rendez-vous en Italie, une chute lui fait abandonner le maillot rouge, puis la course en Espagne. Définitivement de retour en France en juillet 2015 pour son « Sueño Amarillo », il termine à nouveau 2ème derrière Chris Froome, sans pouvoir le contester, puis recule d’un cran l’année suivante. Il se rattrape cependant en 2016 en prenant sa revanche sur Froome sur la Vuelta. Comme par le passé, il ne défend pas son titre en Espagne, préférant tenter en 2017 l’impossible doublé Giro-Tour. Maillot rose quelques jours, il ne peut rien faire face à Tom Dumoulin dans le contre-la-montre Milanais et perd la course le dernier jour. Depuis, il a au mieux obtenu une 4ème place de la dernière Vuelta avec le port du maillot rouge, mais il vient de passer 2 saisons sans monter sur le podium d’une course de 3 semaines, ce qui ne lui était plus arrivé depuis sa grande révélation en 2013. Néanmoins, quelques sursauts d’orgueil lui ont permis d’aller s’imposer en haut du Col du Portet et dans l’étape du Col du Galibier sur le Tour de France. Un rôle de chasseur d’étape en juillet qui devrait désormais être le sien après avoir quitté la formation Espagnole qui l’a vu grandir, puis décliner.
7ème : Greg Van Avermaet, 55 pts
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Pro depuis 3 ans chez Lotto, l’ancien champion de Belgique Espoirs entame la décennie avec quelques places d’honneur à son palmarès, ainsi qu’un classement par points sur la Vuelta 2008 où il a remporté une étape. Mais il ne s’est pas encore fait une spécialité des classiques, sa plus grande victoire restant alors le Memorial Rik Van Steenbergen. Sa 5ème place du mondial Australien en 2010 change peut-être la donne, et le voici vainqueur de Paris-Tours après avoir pris la 2ème place à San Sebastian. Une série de podiums commence à Québec l’année suivante alors qu’il termine au pied du podium dans le Tour des Flandres. Même place en 2013 à Roubaix, après avoir terminé 3ème à Wevelgem. Puis il se classe 2ème de l’Omloop et du Ronde en 2014. Une réputation de « loser magnifique » commence à lui être attribuée puisqu’il ne parvient à gagner qu’au niveau continental ou sur une étape de l’Eneco Tour. Ce constat se renforce l’année suivante. Malgré une étape de Tirreno, ses 3èmes places des deux grandes flandriennes amènent à une quinzaine son nombre de places dans le top 5 des courses World Tour ou des mondiaux, sans jamais n’en avoir remporté une seule. Il prend néanmoins l’ascendant psychologique sur Peter Sagan en s’imposant en costaud sur le finish de Rodez sur le Tour de France. En 2016, les choses commencent à changer. Certes, les places d’honneur se multiplient, mais la météo a raboté le Tirreno-Adriatico qu’il remporte. Il s’impose surtout en bon flandrien dans un Omloop « pour bourrins », avant de briller à nouveau sur le Tour de France par un doublé étape-maillot jaune au Lioran. Il marquera les esprits en se glissant dans une échappée dans l’Aspin et les Pyrénées pour défendre ce maillot jaune qu’il porte sur le dos. Le sublime été se poursuit avec un inattendu titre Olympique à Rio, puis par une victoire à Montréal. Complètement transformé, l’année 2017 est celle de tous les succès : Omloop, Harelbeke, Wevelgem et Roubaix. Il aurait même été en mesure de contester la victoire de Philippe Gilbert sur le Ronde sans la chute « de la veste » à Kwaremont. Forcément incapable d’égaler une telle saison, il continue d’enchaîner les places d’honneurs les deux saisons suivantes. Il va même s’échapper de nouveau en jaune sur le Tour de France, cette fois via la Croix-Fry, les Glières et l’enchaînement Romme-Colombière. Mais aux côtés de très nombreux podiums, une seule grande victoire lui revient : le GP de Montréal. Malgré tout, son palmarès est aujourd’hui conséquent et Greg Van Avermaet s’est affirmé peu à peu comme l’un des meilleurs coureurs de la décennie.
6ème : Philippe Gilbert, 62 pts
Ironie du classement, Gilbert devance encore son ancien équipier et rival. Déjà vainqueur de 2 Het Volk, du GP de Fourmies, d’un Paris-Tours et de nombreuses autres courses en France, le statut de Philippe Gilbert change à la fin de la décennie précédente. Sa belle année chez Lotto s’achève ainsi par un doublé inédit (dans cette configuration) des classiques des feuilles mortes, remportant le Tour de Lombardie quelques jours après une deuxième victoire sur Paris-Tours. La progression linéaire continue en 2010. À l’étape du Giro suivent deux de la Vuelta (2 autres viendront en Italie et 5 en Espagne) agrémentées de quelques jours en rouge. Les classiques lui sourient aussi lors de l’Amstel Gold Race et d’un 2ème Tour de Lombardie consécutif. Puis arrive 2011 et une année exceptionnelle. Les Strade Bianche précèdent un quadruplé ardennais, avec la Flèche Brabançonne comme prélude aux victoires sur l’Amstel Gold Race, la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. 18 victoires marquent cette année, parmi lesquelles un Tour de Belgique, un doublé dans les championnats nationaux (à 2 mois d’écart parce que Belgique), la première étape du Tour de France qui lui offre le maillot jaune le temps d’un TTT, la Clasica San Sebastian et le GP de Québec. Il y a logiquement moins de victoires les deux années suivantes, mais une exceptionnelle vient compenser tout ça : le titre de champion du monde obtenu de grande manière à Valkenburg. Cette ville le verra retrouver la victoire sur l’Amstel Gold Race en 2014 et en 2017. Après de belles places d’honneur lors de son passage chez BMC, il revient en Belgique, chez Quick-Step, pour cette année 2017. C’était la meilleure façon de briller sur les pavés. Auteur d’une course exceptionnelle avec le maillot noir-jaune-rouge sur le dos, il fait exploser la course dans le Mur de Grammont à près de 100 kilomètres de l’arrivée pour remporter le Tour des Flandres. Un parapet plus tard, il ajoute à son palmarès Paris-Roubaix en 2019. Le voici vainqueur de 4 des 5 monuments du cyclisme, comme Louison Bobet, Germain Derycke, Fred De Bruyne, Hennie Kuiper et Sean Kelly ! S’il remporte Milan – San Remo dans la décennie à venir, il rejoindrait ses compatriotes Rik Van Looy, Eddy Merckx et Roger De Vlaeminck, les trois seuls à avoir réalisé cet incroyable quintuplé.
5ème : Joaquim Rodriguez, 66 pts
À l’issue de la décennie précédente, Purito n’a qu’un palmarès mineur marqué par deux tops 10 de la Vuelta, où il avait passé 2 jours en or à la faveur d’un contre-la-montre par équipes inaugural. Preuve de son statut de moindre importance, son équipe Caisse d’Épargne (ex- Banesto et Illes Balears et future Movistar) lui fait même un maillot complètement rouge-jaune-rouge lorsqu’il est sacré champion national, contrairement à ce qu’elle avait fait pour Miguel Indurain ou Francisco Mancebo et à ce qu’elle fera pour Alejandro Valverde. La situation change un peu en 2010, avec des places d’honneur plus régulières, notamment la 7ème place de son premier Tour de France dont une victoire d’étape à Mende devant Alberto Contador, une 4ème place de la Vuelta (là aussi avec une première victoire d’étape) et une 2ème place sur la Flèche Wallonne. En outre, il remporte le Tour de Catalogne et termine numéro 1 mondial grâce à sa régularité. Les années suivantes, il continue de multiplier les places d’honneur qui lui valent deux succès au classement général du World Tour. Les victoires sont régulières, avec des étapes des Grands Tours (2 nouvelles sur le Tour, 2 sur le Giro et 7 nouvelles sur la Vuelta), mais aussi la Flèche Wallonne et le Tour de Lombardie en 2012, à nouveau la Lombardie l’année suivante, le Tour de Catalogne en 2014 et le Tour du Pays Basque en 2015. En revanche, il échoue dans sa quête de victoire finale sur une course de 3 semaines. En Italie, il porte le maillot rose la moitié de la course en 2012, mais sans prendre suffisamment d’avance sur Ryder Hesjedal avant le contre-la-montre final. En France, il n’a jamais pu égaler son podium de 2013. Quant à l’Espagne, il a été leader de la course 5 années différentes, cumulant 13 jours en rouge pour la seule année 2012. 5 fois dans le top 4, mais jamais mieux que 2ème, ses talents de puncheur lui ont permis d’accumuler des places d’honneurs. Mais on lui a souvent reproché un manque de panache qui lui aurait permis d’aller chercher un peu plus. Ses talents de puncheurs lui avaient également permis de s’isoler pour faire une sélection dans les mondiaux 2013 mais il ne termine qu’avec la médaille d’argent, crucifié par un Rui Costa qui avait échappé à Valverde, 3e, pour ce qui deviendra une des grandes polémiques de l’histoire de la sélection espagnole.
4ème : Vincenzo Nibali, 74 pts
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À l’entame de la décennie, le Sicilien est déjà pro depuis 5 ans. S’il a remporté le GP de Plouay en 2006, il ne compte qu’un top 10 sur les classiques et un top 10 sur les Grands Tours. La situation change dès 2010. Son podium sur le Giro peut être imputé à la folle échappée de L’Aquila, mais il confirme en remportant la Vuelta dans la foulée. Il lance ainsi la série des vainqueurs de la Vuelta se parant de rouge. Dans une course conclue à la veille de Madrid par un final inédit au Bola del Mundo, son seul rival (Mosquera) sera déchu de son podium par la patrouille quelques jours plus tard. L’année suivante, il n’est que 7ème de la Vuelta, mais 2ème d’un Giro particulier où la victoire d’Alberto Contador a été offerte sur tapis vert à Michele Scarponi. Ne pointant au final qu’à 46 secondes, beaucoup émettaient l’hypothèse que Nibali aurait été bien plus offensif et aurait renversé son compatriote si cela avait été un simple match entre les deux. Durant ces deux années, il obtient des places d’honneur sur Milan – San Remo, le Tour de Lombardie, mais aussi Liège-Bastogne-Liège qu’il est à deux doigts de remporter en 2012. Très offensif (un peu trop ?) il n’est battu que par Maxim Iglinskiy. Il revient ensuite sur le Tour de France où il monte sur le podium. Certes loin derrière Bradley Wiggins et Chris Froome, mais avec 4 minutes d’avance sur ses propres poursuivants. En 2013, il revient à l’enchaînement Giro-Vuelta pour écraser son tour national malgré l’annulation de l’étape de Val Martello enneigée. En Espagne, il n’est battu que de 37 secondes par le vétéran Chris Horner, malgré une moitié de la course habillée de rouge. L’année suivante, peut-être aidé par les blessures en course de Chris Froome et d’Alberto Contador, il surclasse le Tour de France comme peu l’ont fait : 19 jours en jaune sur 21, 4 victoires d’étape et 7 minutes d’avance sur son dauphin Péraud. S’il ne remporte plus la Grande Boucle ensuite, il va continuer de briller en parant son maillot bleu ciel d’Astana du drapeau italien. L’image de sa victoire sur le Tour de Lombardie est l’une des photos de la décennie. Il est toujours champion d’Italie lorsqu’il remporte un Giro épique en 2016, renversant Kruijswijk puis Chaves sur les deux dernières étapes de montagne. Deux nouveaux podiums de Grand Tour (Giro & Vuelta) arrivent en 2017, accompagnés d’un nouveau Tour de Lombardie. Puis c’est Milan – San Remo qui lui sourit en 2018,pour conclure une incroyable série de 6 années à remporter au moins un Grand Tour ou un monument. Sur la pente descendante, il termine néanmoins encore 2ème du Giro 2019 avant de lever les bras sur la dernière étape de haute montagne du Tour de France.
3ème : Alejandro Valverde, 77 pts
Grand espoir du cyclisme Espagnol au début des années 2000, auteur d’un doublé ardennais en 2006, maillot jaune sur le Tour 2008 et vainqueur de la Vuelta 2009, Alejandro Valverde débute l’année 2010 par la perte des victoires acquises. Son ADN est retrouvé dans une des poches de sang saisies chez le docteur Fuentes. En conséquence, le Tribunal Arbitral du Sport le suspend dans le cadre de son implication dans cette affaire Puerto, après qu’il ait déjà été interdit de course en Italie par le CONI. Cela ne l’empêche pas de revenir très fort en 2012, avec une victoire d’étape en haute montagne sur le Tour de France et une 2ème place de la Vuelta. Onze autres tops 10 de Grands Tours suivent, dont 5 podiums, sans jamais qu’il atteigne la victoire finale cependant. Comme son rival Purito, on lui reproche souvent son manque de panache parfois préjudiciable. Sur les classiques, un schéma similaire peut être évoqué. Il empoche trois places de 2ème sur le Tour de Lombardie, deux sur l’Amstel Gold Race et même des tops 10 sur Milan – San Remo et le Tour des Flandres. La Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège sont les exceptions qui confirment la règle. En effet, il s’impose 4 fois consécutivement en haut du Mur de Huy, de 2014 à 2017. Déjà deux fois vainqueur de la Doyenne dans la décennie précédente, la côte d’Ans le voit sacré deux nouvelles fois (pour un cumul de 3 doublés Flèche-Liège), après deux podiums. Également vainqueur à San Sebastian, il y termine 3 fois supplémentaires sur le podium. Ce cumul de places d’honneur lui vaut de remporter plusieurs fois le classement UCI World Tour, mais c’est bien sur les championnats du monde qu’elles ont été encore plus symboliques. Déjà 5 fois dans le top 10 (dont 3 podiums) avant sa suspension, il prend la médaille de bronze trois fois de suite à son retour, puis termine 5ème à Richmond. Il parvient cependant à devenir champion du monde sur le très difficile circuit d’Innsbruck pour être le porteur du maillot arc-en-ciel à 39 ans, à un âge où beaucoup ont déjà raccroché le vélo. Encore 2ème de la Vuelta et du Tour de Lombardie l’an dernier, il devrait en 2020 encore multiplier les places d’honneur sur les classiques, les courses d’une semaine et les Grands Tours qu’il disputera, tout en arborant pour la troisième fois de sa carrière un très discret maillot de champion d’Espagne.
2ème : Chris Froome, 86 pts
Froome connait des débuts atypiques sous passeport Kenyan, s’inscrivant lui-même aux championnats du monde Espoirs à Salzburg en 2006 pour réaliser un tout droit mémorable dans le premier virage du contre-la-montre espoir. Il découvre le Tour de France en 2008 et réalise déjà de belles prestations en contre-la-montre, éveillant l’intérêt de la toute nouvelle formation Sky en 2010. Prenant l’habitude de rouler avec les meilleurs coureurs du monde et identifiant enfin sa bilharziose, il se révèle en prenant le maillot rouge en terminant 2ème du contre-la-montre de Salamanque sur la Vuelta l’année suivante. Son succès à Peña Cabarga dans un final très intense contre Cobo marque les esprits, pendant que son leader théorique Wiggins se contente de la 3ème place. Dans la lancée, ses résultats sur les courses montagneuses continuent d’être excellents. Il remporte notamment sa première victoire sur le Tour à La Planche des Belles Filles en 2012, tout en aidant Bradley Wiggins à remporter le Tour, pour le premier doublé d’une équipe sur la Grande Boucle depuis 16 ans. Cette année-là, il prend également une médaille de bronze sur le chrono des Jeux Olympiques. Puis un cap est franchi en 2013. Sa domination est totale, successivement sur le Tour d’Oman, le Critérium International, le Tour de Romandie, puis le Critérium du Dauphiné avant un Tour de France où il gagne 3 étapes et ne semble jamais vraiment être inquiété, malgré quelques défaillances d’une Sky pas encore à son firmament vers Bagnères-de-Bigorre ou L’Alpe d’Huez. L’année suivante, le début d’année reste excellent, comme chaque année jusque 2016, mais il se blesse aux poignets dès les premières étapes de la Grande Boucle et ne peut pas défendre son titre. Son duel contre Contador, lui aussi blessé en juillet, aura finalement lieu sur la Vuelta et tournera à l’avantage de l’Espagnol. De retour sur le Tour en 2015, il démarre une domination où personne ne semble en mesure de le battre (ou pour certains, ne semblent pas avoir la volonté d’essayer). En 2015, il fait même l’effort d’aller prendre des points dans certains cols pour remporter le Grand Prix de la Montagne, alors qu’il garde suffisamment d’énergie l’année suivante pour aller obtenir une nouvelle médaille Olympique. En revanche, il est toujours 2ème d’une Vuelta qui lui tient à cœur. Il change ainsi de programme en 2017. Le Tour est remporté pour la 4ème fois, mais sans la moindre victoire d’étape après un début d’année plus discret. Il est cependant suffisamment frais pour faire le doublé avec la Vuelta. Personne depuis Marco Pantani en 1998 n’avait remporté 2 Grands Tours consécutifs ! Puis en 2018, il remporte le Giro grâce à un incroyable numéro en solitaire sur l’étape du Colle delle Finestre. Usé de cet effort, il n’est « que » 3ème en juillet, la victoire revenant à son coéquipier et ami proche Geraint Thomas. L’année 2019, est plus compliquée. Il chute lors le Tour de Catalogne, puis se blesse très grièvement lors de la reconnaissance du contre-la-montre du Critérium du Dauphiné. Sa saison est terminée, mais il remporte pourtant un Grand Tour pour la 5ème année consécutive puisque le déclassement de Juan José Cobo de la Vuelta 2011 est officialisé en juillet.
1er : Peter Sagan, 100 pts
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Brillant chez les juniors, avec une médaille d’argent aux mondiaux de cyclocross, un titre mondial en VTT et une 2ème place sur la route dans Paris-Roubaix, le Slovaque aborde la nouvelle décennie avec de grands espoirs placés en lui lorsqu’il passe professionnel quelques jours avant son 20ème anniversaire. La confirmation ne tarde pas à arriver, puisqu’il lève les bras à deux reprises dès début mars sur Paris-Nice, empochant par la même occasion un premier maillot vert dans une course ASO. 2ème du tout premier GP de Montréal à l’automne, il monte d’un cran l’année suivante, en remportant le Tour de Pologne et 3 étapes de la Vuelta. Puis en 2012, c’est le premier maillot vert d’une série de 7 (dont 5 consécutifs) sur les routes du Tour de France. Durant cette série, il cumule 12 victoires d’étapes, le port du maillot jaune deux années différentes et même un prix de la supercombativité. Dans les courses par étapes, on peut également évoquer ses 17 victoires d’étapes dans le Tour de Suisse (nombre d’autant plus impressionnant que ses dauphins n’en ont que 11 et qu’il s’agit de Fabian Cancellara, Hugo Koblet et Ferdi Kübler). Les classiques sont également un de ses terrains de jeu favori. Il s’est imposé 3 fois à Wevelgem, mais aussi à Harelbeke, à Montréal et deux fois à Québec, en plus d’un podium sur l’Amstel Gold Race. Sur les monuments, s’il n’a pas remporté Milan – San Remo malgré deux places de dauphin, il remporte un Tour des Flandres en solitaire, mais aussi un Paris-Roubaix après un incroyable numéro derrière l’échappée matinale (en battant le dernier rescapé Silvan Dillier au sprint sur le vélodrome), en attaquant dans les rues d’Auchy-lez-Orchies, à plus de 50 kilomètres de l’arrivée. Ces deux succès sont bien sûr magnifiés par le port du maillot arc-en-ciel sur le dos. Un maillot qu’il a su conserver pendant 3 ans, ce qui n’avait jamais été fait par aucun coureur. Mais au-delà de son palmarès exceptionnel (déjà une centaine de victoires professionnel, plus de 30 % de taux de présence dans le podium des courses auquel il participe et plus de 50 % dans le top 10 !), Peter Sagan a apporté un grand renouveau au cyclisme par sa personnalité atypique, avec des anecdotes autant positives que négatives, allant de pincer les fesses d’une hôtesse sur un podium à dédicacer son autobiographie en pleine course. Et peu de cyclistes peuvent se vanter d’avoir un astéroïde nommé en leur honneur. Sportivement, il ne laisse pas indifférent non plus par son côté très offensif pour un sprinteur, préférant s’amuser sur un vélo plutôt que d’assurer la victoire dans certains cas, même si on dénote aussi quelques erreurs de jeunesses dans sa stratégie durant ses premières années. Désormais âgé de 29 ans, il semble avoir encore de belles années devant lui et son palmarès devrait continuer d’accumuler de belles victoires
Par Geoffrey L.
Crédit Photo:
/ Guillaume Zaracas / Flore Buquet