À moins d’un an des Jeux Olympiques de Tokyo et alors que les championnats d’Europe ont commencé ce mercredi (aux Pays-Bas, à Apeldoorn, du 16 au 20 octobre), tout ne tourne pas forcément rond avec nos pistards, avec quelques interrogations.
Comment peut-on mettre à la retraite forcée Sandie Clair, notre deuxième meilleure sprinteuse, sur la décision arbitraire de ne pas participer à la vitesse par équipes femmes aux Jeux Olympiques ? La France est actuellement à une place qualificative dans cette discipline et la Toulonnaise de 31 ans était encore finaliste des championnats d’Europe de keirin l’été dernier. Dans quelques mois, cette vitesse par équipes femmes verra ses équipes passer de 2 à 3 unités, comme chez les hommes.
Comment peut-on ne pas s’accorder avec les managers des équipes de route, parfois de niveau continental pro ou moins ? D’autres pays savent le faire sans le moindre souci avec des équipes World Tour. Prenons l’exemple de nos coureurs d’endurance, où il est difficile dans ces conditions de les préparer pour avoir un état de forme optimal afin de les amener en grande condition pour les épreuves de piste en vue des championnats du monde et des Jeux Olympiques.
Comment peut-on avoir autant de retraits du groupe « France » au fil des années, qu’ils soient volontaires ou non, pour un entraînement en solo, voire pour un arrêt de la compétition, de certains de nos meilleurs compétiteurs, âges et sexes confondus, dans une période où sont censées se bâtir des équipes en vue de deux Olympiades ?
Comment peut-on avoir des coureurs très expérimentés, ayant apporté de nombreux titres, restant dans une situation précaire année après année ? Ceux-ci cherchant souvent une équipe sur route chaque automne pour la saison suivante.
Comment est-il possible d’avoir des entraîneurs Français ayant autant de succès avec des fédérations nationales étrangères (et donc en un certain sens concurrentes au moment des grands rendez-vous du calendrier), alors que les résultats de nos sélections ne sont pas à la hauteur de ce qu’ils devaient être ?
Comment peut-on avoir une équipe de poursuite extrêmement prometteuse dans les premières années d’une Olympiade, avant de la voir exploser au fil des années, au point d’être actuellement dans une position non-qualificative aux Jeux ?
Comment a-t-on pu, malgré le talent de nos coureurs, ne gagner qu’un seul titre mondial et un seul titre Européen depuis 2018, alors qu’on en avait cumulé 8 sur la seule année 2017 ?
Comment la nation dominatrice autour de l’an 2000 a-t-elle pu se retrouver à ne gagner qu’une seule médaille de bronze aux derniers Jeux Olympiques, sans que cela ne change grand chose (au moins en apparence) lors des épreuves suivantes ?
Comment peut-on envoyer une équipe de pistards sur la route aux derniers Jeux Européens, sans les inscrire également aux épreuves sur piste ?
Comment peut-on s’embourber dans les règlements UCI sur les critères de qualification aux grandes compétitions internationales ?
Comment peut-on choisir la semaine des championnats du monde juniors pour organiser les championnats de France censés être disputés par ces mêmes juniors ?
Comment la grande nation de piste qu’a été la France peut se retrouver dans une situation où ne gagner qu’une ou deux courses sur une vingtaine est devenu une habitude ?
Comment la France peut-elle se reposer sur les immenses talents individuels de quelques concurrents pour ces rares titres, sans sembler être capable de faire mieux face aux autres nations ?
Il y a peut-être une forme de désillusion dans toutes ces questions, venant probablement d’une grande déception de voir nos coureurs en échec lors de certains rassemblements. Clairement, des choses ne vont pas et il y a, institutionnellement, des choses à revoir. Néanmoins, le talent pur de nos coureurs devrait suffire à glaner quelques titres et à ramener deux ou trois breloques de Tokyo, avec entre temps quelques maillots arc-en-ciel.
Malgré tout cela, reste le sentiment très profond qu’avec ces coureurs (depuis plusieurs saisons), la France aurait pu faire nettement mieux et que pour les prochaines années, la France doit faire nettement mieux. Lorsqu’on voit comment la piste britannique, partant d’assez bas, a su grandir pour ses Jeux de Londres, il semble triste de ne pas pouvoir imaginer la piste française, qui partait pourtant de bien plus haut, ne pas être capable d’être la grande nation de ses propres Jeux dans cinq ans.
Geoffrey L. (darth-minardi)