A l’entame de la saison, Le Gruppetto vous présente 5 coureuses qui devraient faire l’actualité en 2019. Une sélection très jeune mais pleine de talents et qui peut venir bouleverser la hiérarchie du peloton international.
Lorena Wiebes, 19 ans, Pays-Bas
C’est la prochaine pépite annoncée du pays qui domine le cyclisme féminin, les Pays-Bas. Championne d’Europe junior en 2017, elle a impressionné tout le monde lors de sa première année chez les professionnels grâce à sa pointe de vitesse. Cumulant les places d’honneur dès février, avec notamment une 4e place sur Les Trois Jours de la Panne en World Tour, elle débloquait son compteur chez les pros en mai, remportant successivement la 7-Dorpenomloop Aarburg et l’Omloop van de Ijsseldelta. Certes des courses de second plan, mais de quoi lancer une belle dynamique de victoires sur les courses belges et néerlandaises non-répertoriées à l’UCI, ainsi qu’une autre victoire pro sur une étape du BeNe Ladies Tour.
Une dynamique remarquée au point de lui valoir une sélection pour les championnats d’Europe où elle fut désignée sprinteuse attitrée pour l’équipe néerlandaise – finissant 9e (on ne parlera pas de la tactique des Pays-Bas sur cette course, ne tirons pas sur l’ambulance). Une superbe année qui aurait même pu s’achever sur une victoire World Tour lors du Boels Ladies Tour, principale course par étapes des Pays-Bas, mais où l’ancienne championne du monde Amalie Dideriksen l’aura devancé par deux fois.
En 2019 Lorena Wiebes devrait continuer d’évoluer sur un calendrier majoritairement belgo-néerlandais avec son équipe Parkhotel Valkenburg, mais ses capacités au sprint et sa rapide adaptation chez les pros pourrait en faire une des plus grosse scoreuse de l’année, et pourquoi pas commencer à gagner sur les plus grandes courses et à s’exprimer sur les classiques flandriennes.
Maria Novolodskaya, 19 ans, Russie
Encore une néo-pro qui aura montré de belles dispositions dès son entrée dans la cour des grandes. Moins médiatisée que Lorena Wiebes, notamment du fait d’un calendrier de courses en Europe de l’Est moins suivi que les courses du Bénélux, elle n’en aura pas moins collectionné de nombreuses places d’honneur dans un profil de coureuse par étapes. En février elle accompagne sa compatriote et coéquipière Olga Zabelinskaya sur le podium du Tour of Eftalia Hotels (Turquie), puis en avril sur le podium de Gracia Orlova (République Tchèque) où les deux Russes tombe sur une surprenante Emilia Fahlin les privant de la victoire.
Cette dynamique sur les courses par étapes se prolonge en mai lors de l’Emakumeen Bira en World Tour avec une très belle 14e place au milieu des cadors du cyclisme féminin, puis en juillet où elle loupe de peu le podium du Tour de Feminin (toujours en République Tchèque). Plus discrète sur le reste de la saison consacré à un apprentissage sur les courses World Tour, Mariia Novolodskaya parvint néanmoins à accrocher le groupe de tête lors de l’Open de Suède Vargarda. La seule déception de l’année vient peut-être du championnat d’Europe espoirs où elle échoue à monter sur le podium tant sur le contre-la-montre que sur la course en ligne. Espérons qu’en 2019 ces places d’honneur se transforment en victoire, peut-être le prélude d’une grande carrière.
Liane Lippert, 21 ans, Allemagne
Championne d’Europe chez les juniors en 2016 à Plumelec, elle a rejoint dès 2017 l’équipe Sunweb pour apprendre en tant qu’équipière auprès de certaines des meilleures coureuses du monde. Mais si son année 2017, bien que solide, est passée assez inaperçue, elle n’a pas échappé au regard des observateurs en 2018. Il est facile de la comparer à Juliette Labous qui a un statut similaire chez Sunweb, jeune coureuse en apprentissage avec quelques opportunités pour s’exprimer. Les deux sont de la même génération et étaient équipières lors du magnifique Giro 2018 de la Sunweb (2 victoires d’étapes et 4 coureuses différentes maillot rose). Les deux sont d’ailleurs arrivées côte à côte lors de la difficile étape reine du Tour du Yorkshire (6e et 7e), comme pour accentuer le parallèle entre elles.
Mais si Juliette Labous en est encore aux places honorifiques (7e du Tour du Yorkshire, 9e du Tour de Californie, 2e du championnat de France CLM…), Liane Lippert est passé au stade supérieur, celui de la victoire : victoire sur le Tour de Belgique en plus de l’étape reine. Couplé à une saison hyper solide, tant sur les courses par étapes (4e du Tour du Yorkshire, 6e du Tour de Thuringe, 15e du Tour de Norvège en WT), que sur les classiques (16e des Strade Bianche, 15e de la Flèche Wallonne, 13e du Grand Prix de Plouay), on ne peut que croire à davantage de responsabilité chez Sunweb en 2019 pour celle qui est en plus l’actuelle championne d’Allemagne.
Sofia Bertizzolo, 21 ans, Italie
Dans la jeune génération italienne il est difficile de faire un choix tant les futures championnes semblent éclater de partout. On aurait tout autant pu parler d’Elisa Balsamo, de Marta Cavalli ou de Laetizia Paternoster, déjà vainqueurs chez les pros (Paternoster encore tout récemment lors du Tour Down Under). Mais si comme ses compatriotes Sofia Bertizzolo est passée par l’école de la piste (championne du monde junior de poursuite par équipes), elle s’en distingue par son profil. Alors que les autres jeunes italiennes performent surtout dans un style de sprinteuse-puncheuse, Sofia Bertizzolo s’exprime davantage sur les profils accidentés.
Meilleure jeune du dernier Tour d’Italie grâce à sa régularité tout au long de la course (21e du général), c’est plus encore sur les courses d’un jour difficiles qu’elle commence à s’approcher du meilleur niveau. Déjà solide lors des classiques italiennes de fin de saison en 2017, elle a pris une ampleur supplémentaire en 2018 avec une grosse campagne de Printemps : 12e du Tour de Drenthe, 17e du Trofeo Binda, 14e de Gent-Wevelgem, 13e de l’Amstel Gold Race (5e du peloton des piégées), 8e de la Flèche Wallonne. Désormais leader chez la Team Waoo (ancienne Virtu Cycling) pour les courses correspondant à son profil, on ne peut qu’attendre son explosion en 2019.
Sara Poidevin, 22 ans, Canada
Fidèle coureuse de l’équipe américaine Rally Cycling depuis son passage chez les pros en 2016, Sara Poidevin s’est imposée petit à petit comme une des références du calendrier nord-américain, et peut-être prochainement comme une des grimpeuses de référence du peloton international. Une première grande année en 2017 avec la victoire au général du Tour du Colorado où elle repoussa Tayler Wiles à 2 minutes sur l’étape reine puis une 8e place au général du Tour de l’Ardèche (4e sur l’étape du Mont Lozère).
Des qualités pour la montagne pleinement confirmées en 2018 avec une 2e place sur le prestigieux Tour of the Gila (derrière la référence Katie Hall), une 7e place sur le Tour de Californie en World Tour et une 6e place sur le Tour de l’Ardèche monté de catégorie en 2018, notamment 3e sur l’étape du Mont Ventoux devant Kasia Niewiadoma et Katie Hall ! Et comme pour confirmer ce changement de statut, une très belle 14e place lors des mondiaux d’Innsbrück, présente dans le premier peloton. Si en 2019 son calendrier devrait resté concentré sur le sol américain, la jeune canadienne devrait y prendre une dimension supplémentaire, et pourquoi pas avec l’apport d’UHC comme sponsor participer à quelques belles courses européennes.
Par Johann Peyrot (https://twitter.com/bullomaniak)
Crédit Photo : Roland Tissier & Jakub Zimoch