Depuis 2014, les forumeurs du Gruppetto votent pour remettre plusieurs récompenses aux acteurs du milieu cycliste. Meilleur coureur, meilleure équipe ou meilleure classique – entre autres – ce sont 31 prix qui seront attribués en 2018. En voici la première partie.
Baroudeur de l’année :
Pour la première fois en 2018, Bauke Mollema s’impose sans sourciller face à ses principaux concurrents : il remporte l’award du baroudeur de l’année. Malchanceux sur les classements généraux, le Néerlandais a su rebondir pour se lancer dans des raids montagneux, malheureusement jamais couronnés de succès : largement battu au sprint par Magnus Cort Nielsen à Carcassonne lors du Tour de France, par Simon Clarke à Roquetas de Mar puis vaincu par le roublard Ben King au sommet de la Covatilla sur le Tour d’Espagne alors que les pronostics étaient en sa faveur… Rajoutons à tout ça sur le Tour une 4e place à Bagnères-de-Luchon et une seconde place au classement de la montagne de la Vuelta, vaincu par Thomas De Gendt.
Le Belge de la Lotto Soudal perd son titre malgré une saison assez pleine dans son rôle de gazier-baroudeur. Il a remporté le maillot à pois sur Paris-Nice et en Romandie, plus quelques victoires d’étape en Suisse et en Espagne. Il lui a sûrement manqué une victoire d’étape sur un Grand Tour, ou a minima d’avoir pesé dans le final d’une étape. Le troisième larron sur le podium, est l’italien Alessandro De Marchi, qui après un début de saison en tant d’équipier, a su profiter des « vacances » de ses leaders pour se lancer dans de longues échappées sur le Tour d’Espagne. Il y remportera une victoire d’étape à Luintra, avant de triompher en Italie sur le Giro dell’Emilia.
Puncheur de l’année :
Le maillot à pois du dernier Tour de France n’aura pas volé son award du « puncheur de l’année ». Julian Alaphilippe a franchi un nouveau cap et c’est de bon augure pour la suite. Victorieux et à l’offensive sur le Tour de Colombie il a ensuite enchaîné avec des podiums d’étape sur le Tour d’Abu Dhabi et Paris Nice. Au Pays Basque, le coureur de la Quickstep s’impose sur les deux premières étapes en dynamitant le final. Mais son premier vrai coup d’éclat interviendra en Belgique. Attendu au tournant sur les ardennaises, il a affirmé son statut de favori en détrônant Alejandro Valverde sur la Flèche Wallonne. C’est avec un esprit libéré qu’il s’impose à deux reprises sur le Tour de France avant de dompter la Classica San Sebastian, le tour de Grande Bretagne et le tour de Slovaquie. Seul bémol, surement fatigué de sa saison, les championnats du Monde où il ne prend que la 8e place.
Alejandro Valverde aura déjoué les plans français pour devenir champion du monde. L’Espagnol de 38 ans a encore réalisé une excellente saison, en faisant parler son punch’ chez lui en Espagne avec des victoires sur le Tour de Catalogne, de la Communauté de Valence, du GP Miguel Indurain et la Vuelta qui s’additionnent aux places d’honneur sur les Strade Bianche, l’Amstel, la Flèche Wallonne & cie… Simon Yates termine troisième, pourtant le coureur élu « progression » de l’année s’est montré plus qu’à l’aise sur les parcours vallonnés du Tour d’Italie, du Tour d’Espagne, de Paris Nice, de Catalogne et de Pologne.
Flandrien de l’année :
Très grosse saison pour le Néerlandais Niki Terpstra. Dans un collectif Quickstep fourni, le futur coureur de Direct Energie a su profiter au maximum des occasions pour enchaîner les victoires. Il remporte ainsi l’award de « Flandrien de l’année ». Vainqueur du Samyn devant Philippe Gilbert, il récidive avec l’E3 devant son même coéquipier. Son principal fait d’arme reste sa victoire sur le Tour des Flandres, profitant d’un collectif Quickstep comme à son habitude très conséquent. Attaquant plusieurs fois, c’est finalement à 30 kilomètres qu’il parvient à faire le trou avec le peloton. Une attaque qui fait exploser Nibali dès les premiers mètres, Terpstra rejoint et attaque les trois hommes de têtes 15 kilomètres plus tard dans le vieux Quaremont. Il s’en va seul, dans la dernière difficulté, vers son deuxième monument après Roubaix en 2014. Il clôture sa campagne de flandrienne avec une troisième place sur Paris-Roubaix.
Un « Enfer du Nord » remporté par Peter Sagan, le Slovaque s’impose avec le maillot arc-en-ciel, 37 ans après Bernard Hinault. Il aura lutté longtemps pour battre le champion de Suisse, Silvan Dillier, présent depuis l’échappée matinale. Le sextuple maillot vert du Tour de France a tout de même déçu sur le Ronde avec une sixième place, il repart de Belgique avec Gent-Wevelgem en lot de consolation. Deux Belges se partagent la troisième place pour cet award. D’un côté, Jasper Stuyven aura peut-être été le plus régulier de la campagne flandrienne. Présent dans le top 10 de toutes les courses auxquelles il a pris part, sauf Kuurne-Bruxelles-Kuurne, 38e mais dans le peloton. Il lui manque toujours une victoire et a minima un podium sur les principales classiques. De l’autre côté, c’est Yves Lampaert, équipier de Luxe pour Niki Terpstra. Le champion de Belgique il a tout de même eu sa chance sur A travers la Flandre, une course qu’il a gagnée. Il se sera également montré à son avantage sur la 9e étape du Tour en terminant troisième.
Espoir de l’année :
Et si c’était lui le nouveau Alberto Contador ? Dans tous les cas Enric Mas aura surpris son monde en se classant deuxième du Tour d’Espagne (avec en prime une victoire d’étape) pour sa seconde saison dans le monde professionnel. Également quatrième du Tour de Suisse et sixième au Pays Basque avec une étape dans la musette, le pensionnaire de la formation Quickstep remporte l’award de « l’espoir de l’année » .
Malgré une saison de folie pour son âge, le colombien Egan Bernal, 15e de son premier Tour de France, finit sur la seconde marche de ce classement. Victorieux du Tour de Californie après avoir fini second du Tour de Romandie, le jeune prodige de la Sky méritait également la place de premier. Sur la troisième marche du podium, on retrouve Mads Pedersen, le gazier danois s’est imposé à 4 reprises en 2018 et a signé une exceptionnelle deuxième place sur le Tour des Flandres.
Coureur de l’année : autres disciplines :
Très peu de suspense pour cet award, Mathieu Van der Poel remporte pour la troisième fois cette distinction de « coureur de l’année, autres disciplines ». Une saison quasi-parfaite en cyclo-cross où il s’est imposé à 32 reprises, et en étant une seule fois en dehors du podium en 39 courses, tout simplement un record ! Malheureusement pour lui, il ne lui manquait « que » le titre de champion du monde, en se classant troisième à Valkenburg, face à un Wout Van Aert imprenable. Et si ce n’était pas suffisant, sur ce début de saison 2018/2019 il est plus que jamais seul au monde avec déjà 13 succès en 15 courses. Le prodige néerlandais a également fait parler son talent en VTT avec une troisième place aux championnats du monde et une deuxième place au classement général de la Coupe du Monde de Cross-country, derrière un certain Nino Schurter.
Le Suisse à été comme à son habitude imprenable en cross-country avec 4 victoires en Coupe du Monde, le classement général et le titre de champion du monde. Il arrive logiquement à la seconde place de ce classement. Sur la troisième marche du podium figure le Belge Wout Van Aert, dominé par Van der Poel en cyclo-cross toute la saison. Néanmoins, il n’a pas manqué une nouvelle fois l’occasion de remporter un troisième titre de champion du monde.
Coureuse française de l’année : autres disciplines

A 19 ans lors des championnats d’Europe à Glasgow, Mathilde Gros a conquis son premier titre à l’échelle internationale sur l’épreuve du keirin.
L’étoile montante de la piste française, Mathilde Gros, remporte le premier award de « coureuse française de l’année, autres disciplines ». Pas suffisamment remise de son opération à l’épaule, l’ancienne basketteuse est passée à côté de ses championnats du monde. Mais en août, elle n’aura pas faibli lors de la finale du championnat d’Europe du keirin sur le vélodrome de Glasgow. Elle y a remportée là, sa première couronne européenne chez les élites, à seulement 19 ans !
Pauline Ferrand-Prévot a fêté son grand retour en cyclo-cross avec 2 victoires dont le titre de championne de France et un podium en Coupe du Monde, à Nommay. En VTT, la championne du monde 2015, a accroché 2 podiums en Coupe du Monde et une deuxième place aux championnats d’Europe de Cross-Country. Sur la troisième marche du podium, on retrouve Myriam Nicole, la vététiste s’est classée troisième des championnats du monde de descente en plus d’une victoire et 3 podiums en Coupe du Monde.
Progression de l’année :
L’award de la « progression de l’année » revient à Simon Yates. Vainqueur au sommet de la Colmiane sur Paris-Nice, le Britannique a brillé par la suite sur le Tour d’Italie. Leader incontestable pendant deux semaines, il a finalement craqué physiquement à 72h d’un premier sacre sur un Grand Tour. Une première démonstration à l’Etna, en finissant avec presque 30 secondes d’avance sur les autres leaders en ralentissant pour laisser gagner son coéquipier Esteban Chaves. Le meilleur jeune du Tour 2017, vainqueur de 3 étapes sur le Giro en a remis une couche sur la Vuelta. Cette fois-ci il n’aura pas craqué et se sera imposé avec la quatorzième étape en poche.
La nouvelle pépite du sprint allemand, Pascal Ackermann est passé d’un podium sur le Tour of Guangxi l’année dernière, pour sa première saison en pro, à 9 victoires dont 6 en World Tour en 2018. Vainqueur d’une étape sur le Tour de Romandie, d’une autre sur le Critérium du Dauphiné en passant par un titre de champion national, jusqu’à deux étapes sur le Tour de Pologne, le jeune coureur de la formation Bora Hansgrohe se positionne désormais comme un gros client pour les saisons à venir. La troisième progression de l’année revient à Enric Mas. Rares sont ceux qui le voyaient sur le podium de la Vuelta. Vainqueur d’une étape et sixième du Tour du Pays Basque, le jeune espagnol a enchaîné avec une quatrième place sur le Tour de Suisse. Constant et au niveau des meilleurs en montagne et en chrono sur le Tour d’Espagne, il se sera permis le luxe d’accrocher la dernière étape de montagne.
Gruppettiste de l’année :
On ne va pas se mentir, l’award du « gruppettiste de l’année » représente plus une action, un état d’esprit sur une course, bien plus qu’une régularité tout au long de l’année. Ces héros de l’ombre nous rappellent à quel point le cyclisme est un sport unique et sublime. Cette saison, c’est le Lituanien de la formation Delko Marseille, Evaldas Siskevicius, qui remporte ce titre pour son action héroïque sur Paris Roubaix. 30 kilomètres de retard sur la tête de la course et condamné à être hors-délai, le rouleur ne se résigne pas et veut finir ce Paris Roubaix. Longtemps accompagné par la voiture-balai qui finira par s’en aller (consigne de l’organisation), il parvient tout de même à rejoindre la ligne d’arrivée, demandant alors à ré-ouvrir le vélodrome.
Lawson Craddock grimpe lui sur la deuxième marche du podium. L’Américain, lanterne rouge du Tour de France, aura marqué la saison par son courage. Victime d’une chute dès la première étape, le bilan est sévère : fracture de l’omoplate et des points de sutures sur le visage. Le Texan terminera néanmoins le Tour à près de 4h30 du vainqueur, Geraint Thomas. Il en a profité pour offrir 100 dollars à chaque étape terminée à une fondation en plus d’une collecte de dons pour la rénovation d’un vélodrome au Texas. Résultat : 225 000 dollars. Troisième, Arnaud Démare. Le français, fidèle au poste, a passé toutes les étapes pyrénéennes du dernier Tour de France à l’arrière, parfois seul à lutter contre les délais. Et comme l’histoire est bien faite, il s’impose pour la deuxième fois en deux ans sur la Grande Boucle lors de la seule étape pour sprinteurs dans le massif pyrénéen.
Par la rédaction du Gruppetto.
Crédit Photo : Mathieu Sirvent / Flore Buquet