Dans le cœur des amateurs de cyclisme belges, Tom Boonen a une place bien à part. Ainsi, l’édition 2017 de Paris-Roubaix était particulière à plus d’un titre : tous voulaient assister à la dernière course de Tommeke. Pour son douzième documentaire, La Bordure a voulu revenir sur cette journée, en se plaçant du côté des fans de Boonen.
Le cadre de la diffusion du film, organisée par La Bordure, était on ne peut plus adapté : dans un coffee-shop cycliste, entre deux vélos Genesis, à la veille de Paris-Roubaix. Avec en prime, Nicolas Loth, l’un des réalisateurs, et Patrick Chassé pour débriefer. Mais même sans cela, il y a largement de quoi se mettre dans l’ambiance avec l’un des précédents films de l’association, Ronde van Paterberg (disponible gratuitement sur le site de La Bordure). Tourné sur le Tour des Flandres 2012, ce film se termine … par la victoire de Tom Boonen, et l’euphorie des supporters belges.
Tommeke, I’m just a big fan commence par une autre grande victoire du Belge : son titre de Champion du Monde à Madrid en 2005. Les commentaires de la télévision belge, avec en fond la musique qui en est tirée¹ donnent le ton : « Tommeke, Tommeke, Tommeke ! ». Nous voilà partis pour 50 minutes de pure passion du cyclisme, mais surtout de Tom Boonen. Les deux supporters que l’on suit, Francky et James, sont parfaits dans ce rôle. Leur amour pour le champion belge est inconditionnel et passionnant. Il est d’autant plus parlant pour la dernière course de Tom Boonen.
À première vue, Francky semble être le plus grand fan, voire le plus fou. Surnommé Frits en tant que supporter, son histoire est incroyable : « La première fois que j’étais sur la route avec mon drapeau, Tom est venu vers moi et m’a dit : « je t’ai vu huit fois sur la course ». […] Je me suis dit : « Ok, c’est Tom que je dois supporter tout le temps ! » ». Comme habité par sa passion pour Boonen, Frits a ainsi pu nouer contact avec le champion et son équipe. Pourtant, c’est toujours avec la passion d’un gamin qu’il s’approche du bus Quick Step après les courses pour avoir, lui aussi, sa photo avec Boonen.
Comme un gamin, c’est également comme cela que l’on découvre James, pourtant journaliste pour DirectVélo Belgique. Mais James est avant tout un fan, un amoureux de Tom Boonen. Qui lui dévoile son amour lorsqu’il le rencontre pour la première fois, pour l’organisation d’une fête à son effigie sur le secteur pavé de Templeuve à Paris-Roubaix. Le jour J, les discussions avec ses amis permettent d’en comprendre encore mieux les raisons : « on est de la génération Boonen ».
Une immersion complète
Le point fort de ce film est l’immersion complète qu’il offre. Il n’y a pas de voix off, pas de musique : les images suffisent pour être emporté par la passion de ces supporters. Face à l’écran, on est complètement immergé dans cette journée si particulière pour les fans de Tom Boonen. On ressent la tension dans la voiture de Frits entre les secteurs pavés. On ressent l’excitation avant le passage des coureurs, et pendant la préparation de cette journée. On ressent les frissons lorsque les coureurs passent devant les spectateurs. Des frissons qui font place à la déception, à la tristesse lorsque Boonen perd la course.
Dans Tommeke, I’m just a big fan, on vit la course avec les supporters. Des supporters atypiques, que l’on peut rapprocher, au choix, des supporters de foot pour Nicolas Loth ou des fans de musique, pour Patrick Chassé. « Ils sont imprégnés » résume Nicolas Loth. C’est finalement ce qui est le plus beau. Car aussi bien Frits que James, ce ne sont pas de simples grands supporters que l’on a à l’écran. Ce sont certainement les plus grands, les plus fous, les plus amoureux.
Tommeke, I’m just a big fan, film réalisé par Laurent Galinon, Florian Pigeon et Nicolas Loth, disponible en téléchargement (6,90€) sur labordure.fr.
[1] « Tommeke wereldkampioen song » de DJ Furax, disponible sur YouTube.
Par Matthieu Sirvent
Crédit Photo : Thomas Maheux