Écrit le par dans la catégorie Analyses, Coup de bordure.

Depuis l’an dernier, un net rajeunissement de l’équipe de France de cyclisme sur piste a commencé, en vue des Jeux de Tokyo et de Paris. Voici les femmes et hommes qui porteront le maillot bleu à Apeldoorn, aux Pays-bas.

Historiquement, l’équipe de France a toujours été une grande nation de cyclisme. Encore plus en cyclisme sur piste, avec le plus de titres mondiaux cumulés sur les divers anneaux du globe, autant sur toute l’histoire (depuis 1893 !), que sur « l’ère open » (entamée exactement un siècle plus tard). Dans la fin des années 1990, une génération exceptionnelle a tout raflé en étant sacrée dans les épreuves du sprint et dans celles de poursuite. La suivante, dans les années 2000, a continué de briller dans le sprint et a obtenu divers sacres dans les courses en peloton. Les années 2010 ont vu un léger déclin, surtout lié à l’avènement des hallucinantes armadas britanniques et australiennes, qui ont surclassé la discipline : sur les dix dernières années, ces deux nations ont gagné 21 des 30 médailles d’or olympiques et 74 titres mondiaux.

Néanmoins, la jeune génération bleue semble très prometteuse, et peut nous permettre d’avoir de grands espoirs pour les Jeux de Tokyo et de Paris. D’autant plus que la fameuse Team GB semble en déclin et que pour ces mondiaux qui tombent pile entre les deux Olympiades, l’Australie fait quasiment l’impasse, préférant laisser la plupart de ses coureurs au repos pour les aligner le mois suivant lors des Jeux du Commonwealth qu’elle organise. Ainsi, les principaux rivaux des Français seront les équipes d’Allemagne, de Russie, de Nouvelle-Zélande, des États-Unis, de Belgique ou encore une très belle équipe Néerlandaise qui aura à cœur de briller à domicile.

Mathilde Gros

Elle a découvert les mondiaux l’an dernier, à 17 ans. Si elle n’a participé qu’à la vitesse individuelle, elle a tout de même réussi à obtenir le 4ème meilleur temps sur les qualifications (200 mètres lancés), pour aller jusqu’en quart de finale. Depuis, elle a multiplié les records du monde chez les jeunes, via 3 titres de championne d’Europe et 3 titres de championne du monde juniors (vitesse, keirin, 500 mètres), avec des temps approchant les records du monde élites (!) au niveau de la mer. Malheureusement, elle s’est blessée lors de la première manche de la Coupe du Monde cette année, l’empêchant de se qualifier pour le 500 mètres, où elle aurait été une candidate au titre mondial. Même si elle n’est pas remise à 100 %, elle participera à la vitesse individuelle et au keirin. Elle sera notre seule représentante Française dans les épreuves du sprint.

Sébastien Vigier

Le jeune sprinteur de 20 ans est un de nos grands espoirs pour la décennie à venir. L’an dernier, il a été éliminé en huitième de finale de la vitesse pour un seul centième de seconde et il faisait partie des coureurs ayant obtenu la médaille de bronze en vitesse par équipes. Depuis, il est devenu champion d’Europe de ces deux disciplines. Extrêmement rapide, il est un atout important du trio en vitesse par équipes, dans lequel il est en général le deuxième coureur. En vitesse individuelle, il a les capacités physiques pour aller chercher la médaille. Il lui manque peut-être juste un peu d’expérience pour remporter un peu plus de face à face. Son titre européen, où il a remporté des matchs contre des coureurs parmi les meilleurs sprinteurs mondiaux, l’a peut-être fait passer un cap dans ce domaine.

François Pervis

Septuple champion du monde et double recordman du monde, le Mayennais est le coureur le plus expérimenté parmi nos sprinteurs. Sa discipline de prédilection reste le kilomètre, où il peut aller chercher deux records : une dixième médaille et surtout un cinquième titre. S’il n’est champion du monde en titre que de cette épreuve, il est aussi un ancien double champion du monde du keirin. L’an dernier, il a été éliminé en demi-finale après avoir été déclassé. Il sera probablement très revanchard. Il participera également à la vitesse par équipes, a priori dans le rôle de lanceur du trio. L’année dernière, il a participé à un des trois tours (les remplacements étant possible) et a ainsi obtenu la médaille de bronze.

Quentin Lafargue

Quentin Lafargue ambitionnera cette année un premier titre mondial après les deux médailles obtenues lors des derniers mondiaux en 2017.

Il sera avec Vigier et Pervis, le troisième coureur en vitesse par équipes, celui désigné comme finisseur depuis le remaniement post-olympique de l’équipe (lui-aussi a donc obtenu une médaille de bronze l’an passé). Il participera également au keirin pour la deuxième année consécutive, après avoir été éliminé l’an passé pendant les repêchages, à la photo-finish, pour moins d’un millième de seconde ! La précision du millième dans le contre-la-montre ne peut pas être outrepassée par la photo-finish, ainsi, pour une nouvelle égalité de temps à ce niveau, il avait partagé la médaille d’argent dans le kilomètre. 4ème en 2015, puis 3ème en 2016 et donc 2ème en 2017, il aspire sans doute à monter une marche de plus cette année dans cette épreuve.

Michaël D’Almeida

L’an passé, il faisait parti des coureurs « bannis » de l’équipe de France, pour des soucis extra-sportifs, entre autres lors des Jeux Olympiques. Avec Grégory Baugé, il a fait un retour très discret cette année, les résultats n’étant plus ceux qu’ils étaient il y a quelques années en individuel. Il est malgré tout sélectionné comme remplaçant en vitesse par équipes, discipline dans laquelle il a été sacré champion du monde en 2015 et a obtenu quatre autres médailles par le passé. Seul, il participera au kilomètre, bénéficiant de la place bonus obtenue dans l’épreuve grâce au titre de Pervis. Dans cette discipline, il a obtenu trois médailles d’argent lors des mondiaux passés, mais la dernière remonte à 2012. Il se donnera néanmoins à fond, espérant qu’un bon résultat lui permette de revenir plus régulièrement dans les prochaines années.

Melvin Landerneau

Le jeune sprinteur de 20 ans participera à ses premiers mondiaux, après avoir disputé les cinq manches de la Coupe du Monde (cas unique pour un sprinteur Français cette saison). S’il n’a pas encore su dépasser les quarts de finale en vitesse, il a un bon potentiel et sera aligné ici comme un véritable test. Le but étant bien-sûr de lui faire engranger de l’expérience, ciblant plutôt une réussite lors des prochains Jeux Olympiques de Tokyo. Récemment, il est descendu pour la première fois sous les 10 secondes pour un effort de 200 mètres lancés, montrant ainsi un progression discrète mais notable.

Rayan Helal

Lui aussi découvrira les mondiaux élites après avoir été sacré chez les juniors l’été dernier. À 18 ans, il a déjà su aller jusqu’en quarts de finale d’une manche de Coupe du Monde. La place supplémentaire offerte par le titre continental de Vigier permet ainsi au staff français de lancer sur la plus grande scène annuelle de la piste un jeune prometteur. Reste à voir ce qu’il fera pour sa toute première compétition avec une telle concurrence. Mais quelque soit le résultat, une telle participation ne pourra lui être que bénéfique.

Laurie Berthon

Médaillée d’argent lors des mondiaux 2016 en omnium, on plaçait en elle des chances de médaille olympique à Rio, où elle n’a malheureusement pris que la 10ème place. Elle a laissé sa place dans la discipline l’an passée, mais la reprendra lors de ces mondiaux. En plus de cela, comme l’année dernière, elle participera au madison et à la poursuite par équipes. Les places respectives de 6ème et de 7ème étaient un peu décevantes, mais de bonnes prestations ont été réalisées cette saison comme des podiums en Coupe du Monde dans les deux disciplines, alors il est possible d’attendre un peu mieux d’un collectif très jeune, dans lequel la Lyonnaise de 26 ans est désormais la plus expérimentée.

Coralie Demay

Après des championnats de France 2017 de haute voltige, Coralie Demay peut-elle viser désormais une médaille mondiale ?

La coéquipière de Berthon dans le madison est une des autres membres clés de l’équipe de poursuite par équipes. L’été dernier, elle a écrasé la concurrence aux championnats de France, remportant les quatre épreuves individuelles d’endurance (omnium, poursuite, course aux points et scratch) et la poursuite par équipes avec le comité de Bretagne. Ces excellents résultats, ainsi qu’une médaille de bronze en Coupe du Monde lors d’une épreuve de course aux points font, qu’en plus des deux épreuves collectives de l’endurance, elle sera notre meilleure représentante lors de la course aux points.

Marion Borras

Après de nombreuses victoires chez les juniors, son arrivée au plus au niveau à 18 ans en 2016 a été perturbée par une mononucléose. À désormais 20 ans, il semble cependant impossible de se passer d’elle, étant l’une de nos meilleures poursuiteuses. Certes elle n’est pas encore au niveau des meilleures coureuses mondiales, mais son fort potentiel et ses qualités de rouleuses indéniables en font un membre très important d’une équipe de poursuite. Elle est ainsi dans le quatuor annoncé et elle sera notre représentante en poursuite individuelle.

Valentine Fortin

La Toulousaine n’a pas encore 19 ans, mais semble avoir été choisie par le staff dès le début de saison pour disputer la course scratch aux mondiaux, puisqu’elle est la seule Française à y avoir été alignée en Coupe du Monde cette saison, avec une 5ème place comme meilleur résultat, en étant tout proche du podium. Ainsi, elle connaîtra ses débuts dans les mondiaux via cette épreuve. Elle est également annoncée comme remplaçante dans l’équipe de poursuite par équipes (elle a obtenu une médaille en Coupe du Monde dans cette épreuve), mais le fait que les qualifications se déroulent le même jour que le scratch la dispense de facto du début de l’épreuve.

Marie Le Net

La jeune Bretonne de 18 ans tout juste sera la quatrième coureuse de l’équipe de poursuite et participera aussi à la poursuite individuelle. Sur la route, elle a remporté le championnat de France du contre-la-montre et le Chrono des Nations dans la catégorie juniors l’an passé. Sur la piste, elle a obtenu deux médailles aux derniers mondiaux juniors avec Valentine Fortin, lors de la poursuite par équipes et du madison. En revanche, elle n’a pas encore participé à la moindre épreuve UCI dans la catégorie élites. C’est aux mondiaux qu’elle fera ses grands débuts !

Benjamin Thomas

Recruté sur la route par la FDJ de Marc Madiot, qui le veut dans son équipe jusqu’à au moins 2024 alors qu’il n’a qu’une année d’expérience sur l’asphalte (mais déjà de belles victoires), c’est dire le potentiel de ce jeune pistard de 22 ans, déjà double champion du monde et quadruple champion d’Europe dans la catégorie élites ! L’an passé, il a découvert l’omnium aux championnats du monde et il s’y est imposé de très belle manière. Il y était associé à Morgan Kneisky dans le madison pour la deuxième année d’affilée. Et sans le duo Wiggins-Cavendish pour leur barrer la route, un autre sacre aurait été obtenu. En poursuite par équipes, une course un peu ratée dans la deuxième phase de compétition a coûté le podium. Mais dans un collectif double champion d’Europe en titre, il est naturel d’attendre de bonnes choses. Il sera difficile d’être à nouveau sacré dans deux disciplines cette année, mais cumuler trois médailles semble être à sa portée.

Morgan Kneisky

Âgé de désormais 30 ans, il est le plus expérimenté du groupe d’endurance, mais ne participe à la poursuite par équipes qu’en remplaçant pour dépanner ou faire tourner lors de manches de Coupe du Monde. Aux mondiaux, il est là pour les courses en peloton, qui l’ont vu remporter de nombreux titres, du scratch dès 2009, au madison avec Vivien Brisse, Bryan Coquard, puis encore Benjamin Thomas l’an dernier. En plus de cela, d’autres médailles ont été obtenues dans ces deux disciplines et dans la course aux points. L’an passé, il a fini 6ème de la course aux points et du scratch. Cette année, en plus du madison, il ne sera aligné que dans la course aux points.

Thomas Denis

Le poursuiteur de 20 ans, pensionnaire de l’équipe Vendée U, participera à ses deuxièmes mondiaux. Il fait partie de la bande « qui monte », avec une médaille d’argent en 2015 aux mondiaux juniors, puis le bronze chez les espoirs l’année suivante, cumulé avec l’or continental chez les élites depuis 2 ans. Sa place est bien assurée et elle devrait le rester pour les années à venir, sauf ennui de santé majeur. En plus de la poursuite par équipes, il participera à la poursuite individuelle pour la seconde année consécutive, mais il lui sera très compliqué de se battre pour une médaille en solo.

Florian Maître

Florian Maître, en compagnie de Benjamin Thomas lors de son titre aux Championnats d’Europe 2017 sur l’épreuve de l’Américaine.

Lui aussi est au Vendée U. Iil a 21 ans et est dans les équipes de poursuite pour ces mondiaux comme lors des précédents et comme pour les championnats d’Europe victorieux. Il ne participera pas à d’autres épreuves, car son autre spécialité est le madison, où sa paire avec Thomas Denis ne peut être alignée puisqu’il n’y a la place que pour une équipe par nations aux mondiaux, le duo Thomas-Kneisky leur barrant la piste. Néanmoins, il y sera peut-être à l’avenir, ayant déjà été associé avec succès à Benjamin Thomas, la dernière fois aux championnats d’Europe, avec un titre obtenu, alors que Kneisky était encore convalescent.

Louis Pijourlet

Un peu plus âgé que ces derniers du haut de ses 22 ans, il reste un des grands espoirs de la poursuite française pour les années et les Jeux à venir. En individuel, il fera aussi la poursuite, reprenant la place de Corentin Ermenault, forfait pour cause de blessure. Mais c’est bien dans le collectif qu’il pourra briller : il est champion d’Europe de la spécialité avec ses camarades et a obtenu deux podiums en Coupe du Monde ces deux dernières années dans cette épreuve. La première était d’ailleurs à Apeldoorn, sur la même piste qui accueille ces championnats du monde. De quoi lui rappeler quelques bons souvenirs.

Adrien Garel

Le coureur de 21 ans, passé pro sur route chez Vital Concept cet hiver, découvrira les championnats du monde. Il était dans la hiérarchie le 6ème ou 7ème coureur potentiel dans l’équipe de poursuite. Il y sera remplaçant cette année (et lui aussi a obtenu des médailles la saison dernière, notamment dans la manche d’Apeldoorn). Mais ce qui lui a assuré sa présence, c’est un très bon début de saison, avec une médaille chez les espoirs dans l’omnium aux championnats d’Europe, puis surtout le titre dans la catégorie élites lors de la course scratch, faisant de lui notre représentant naturel lors de ces championnats du monde.

Par Darth.

Crédit Photo : Tim Rademacher / Nicola / Thomas Maheux

 

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Modérateur: Animateurs cyclisme pro