A bientôt vingt-quatre ans, Tom Bohli poursuit son apprentissage au sein de la formation BMC. L’ancien champion du monde de contre-la-montre en 2012 dans la catégorie des juniors, est à parfaite école pour se développer dans l’exercice chronométré. Le coureur suisse dresse le bilan de sa saison 2017 et évoque avec impatience les enjeux à venir pour 2018 :
Quel bilan tires-tu de ta saison ? Est-ce conforme à tes objectifs de début de saison ?
C’est une bonne question, il y a eu beaucoup de hauts et de bas. Je dois admettre que je ne suis pas totalement satisfait de la manière dont s’est déroulée ma saison à cause de plusieurs maladies et infections que j’ai eu cette année. De ce fait, j’ai dû sauter plusieurs courses, notamment celles auxquelles j’étais impatient de participer. J’ai raté beaucoup de contre-la-montre notamment ceux des championnats de Suisse où je n’étais pas au top de ma forme. En août, j’ai décidé de remettre les compteurs à zéro sur mes performances de la saison pour me focaliser sur les championnats du monde du contre-la-montre par équipes.
Quelles sont tes principales satisfactions et déceptions en 2017 ?
Comme je viens de le dire, je n’ai vraiment commencé ma saison que très tard à cause des différentes infections dont j’ai été victime. Sur la première course à laquelle je participe, le Tour de la Communauté de Valence, nous gagnons le contre-la-montre par équipes. Ce jour là, je me sentais fort et j’ai vraiment tout donné pour l’équipe et réalisé une excellente prestation. Néanmoins, j’ai décroché du groupe avant l’arrivée et je suis arrivé après les autres. Malgré tout, l’équipe était vraiment contente de ma performance là-bas puisque j’avais tout donné. C’était vraiment un moment d’équipe très fort pour moi.
Justement, si tu devais choisir ton meilleur moment de la saison, lequel serait-ce ?
Je dirais lors d’une course en France, le Tour du Haut-Var où j’ai réussi à décrocher le maillot de meilleur jeune. C’était la première fois dans ma carrière professionnelle où je réussissais à ramener un maillot.
Ta quatrième place sur le championnat de Suisse du contre-la-montre est ta meilleure performance en individuel. On connaît ta qualité de rouleur sur l’exercice chronométré, c’est quelque chose que tu as principalement travaillé cette année ? Tu souhaites continuer à travailler cet exercice ou à l’avenir il y a un autre style qui t’attire ?
C’est intéressant, bien que j’aime beaucoup les chronos, je suis plutôt un coureur qui aime les petits contre-la-montre, qui durent d’une à vingt minutes. Quand cela dépasse trente minutes, je ne les fais quasiment jamais : j’ai dû en faire trois durant toute ma vie. Néanmoins, j’attendais beaucoup plus de moi-même lors des championnats nationaux mais ma préparation n’a pas été parfaite. Je suis tombé malade et avec tous les problèmes que j’avais, je n’étais certainement pas à mon meilleur niveau ni à celui auquel j’aurais pu courir. De fait, je suis principalement déçu de cette quatrième place. Par ailleurs, j’ai très envie de m’exercer sur des contre-la-montre plus longs et de m’améliorer dans ce domaine. Surtout en vue des contre-la-montre par équipes parce que la BMC est une équipe majeure dans cet exercice et je souhaite vraiment m’améliorer dans ce secteur.

Après avoir mis un terme à sa saison 2017 fin août suite à une blessure, Tom Bohli commencera 2018 par le Santos Tour Down Under.
Dans un effectif tel que celui de la BMC avec un grand nombre de leaders, c’est difficile de se faire une place surtout quand on est jeune. Comment est l’ambiance dans l’équipe ? Le rôle de leader t’attire t-il ? Ou tu souhaites être un électron libre à l’avenir ?
L’ambiance est très bonne dans l’équipe et très orientée sur les performances. Nous essayons de faire de notre mieux à chaque course, nous venons avec beaucoup de motivation et travaillons sur le moindre détail. Tout cela se sent au niveau de l’ambiance, dans la manière dont les coureurs et le staff communiquent. J’aimerais beaucoup un jour moi-même occuper un poste de leader mais pour l’instant en tant que jeune de l’équipe, je dois donner de ma personne pour le groupe, surtout dans une équipe avec autant de leaders. Ce n’est pas facile de grimper les échelons mais une chose est sûre : je travaille dur dessus, je veux vraiment y arriver !
Après cette seconde année en pro, quelles en sont les leçons à tirer ? Être aux côtés de gars comme Dennis, Porte, Van Avermaet, Van Garderen, etc… cela aide très certainement, quels sont les conseils qu’ils ont pu te donner ? Tous ces grands leaders sont importants pour toi ?
J’ai beaucoup à apprendre de ces leaders, d’abord juste en observant comment ils courent, quelles décisions ils prennent pendant la course, comment ils guident l’équipe et ce sont des choses auxquelles je pense, dont j’aime me souvenir. En fait, c’est une leçon que j’apprends grâce à eux. Ils donnent aussi des conseils, surtout aux jeunes comme moi, ce qui est vraiment appréciable. Tous les leaders m’ont donné des conseils comme par exemple « reste un peu plus longtemps à l’abri du vent », « ne sois pas nerveux maintenant » ou « as-tu essayé ceci, as-tu essayé cela », « essaye de boire plus sur cette course ». Quand tu es jeune, tu ne penses pas à ces choses là car tu es motivé pour la course et tu oublies un peu les règles essentielles du cyclisme parce que tu es nerveux ou tu tentes de faire en sorte que tout soit parfait mais tu oublies quelques détails donc c’est bien d’avoir ces conseils.
L’avenir de l’équipe BMC est très incertain, es-tu inquiet ? Les résultats seront importants pour trouver une nouvelle équipe. Quels sont tes objectifs pour la saison prochaine ?
J’ai fini mes études l’année dernière, c’est déjà un gros pas en avant. J’ai pu me libérer et vraiment faire la meilleure préparation jusqu’à maintenant puisque j’ai une date pour mon début de saison. J’ai vraiment de grosses attentes pour la saison prochaine, je crois qu’il y a beaucoup d’opportunités à saisir, beaucoup de résultats à aller chercher. Après dans une équipe avec autant de gros leaders, je suis aussi dédié à l’équipe et la performance générale.

En rapport avec notre site, as-tu connu le gruppetto cette saison ? Comment cela se passe ? Et as-tu une histoire drôle, émouvante, dingue ou incroyable à nous raconter sur un des gruppettos que tu as fait cette saison ?
Oui je m’y suis déjà retrouvé. D’ailleurs pendant le Tour du Colorado, je n’étais vraiment pas au top à cause de plusieurs problèmes et j’ai été décroché lors d’une étape de montagne. Nous étions un paquet de largués dans un premier gruppetto. Après un petit moment, nous avons commencé à nous relâcher et je ne pensais plus vraiment a mon rythme. Nous devions être bien vingt à trente coureurs dans ce gruppetto. Après une petite demi-heure, nous avons repris Martin Elmiger, il se retournait et entrait dans un fou rire. Il gesticulait et avait vraiment un gros fou rire, personne ne comprenait pourquoi. Après un bon moment, il nous a dit : « les gars, vous savez que le peloton est passé au même endroit il y a vingt minutes et qu’il roulait vraiment fort ? Vous roulez comme ça ? ». Il restait encore près de soixante-dix kilomètres à parcourir, et nous ne pouvions plus rouler puisque nous allions terminer de toute façon hors-délai. C’était impossible de rentrer dans les délais au vu du retard ! Nous avons commencé à nous regarder, en se disant « merde, faut vraiment accélérer la cadence ou nous ne finirons pas la course ». Donc je me suis mis avec Martin [Elmiger] et deux autres coureurs d’autres équipes et nous avons commencé à faire un véritable contre-la-montre par équipes. Le final étant très tortueux, nous sommes arrivés à seulement six ou huit coureurs ensemble en position de contre-la-montre par équipes mais nous avons presque réussi à rattraper le peloton ! Nous allions si vite que nous avons failli rattraper le peloton, c’était incroyable.
Par la rédaction du Gruppetto.
Crédit Photo : @TDW Sport / @Sirott