Après avoir proposé un compte-rendu de la difficile étape Nantua-Chambéry, LeGruppetto a une nouvelle fois enfourché son vélo pour vous proposer un récit des étapes pyrénéennes, à savoir la douzième entre Pau-Peyragudes, qui fera office de marathon et la treizième, bien plus dynamique entre Saint-Girons et Foix.
Etape 12 : Pau-Peyragudes(27/05/2017)

https://www.strava.com/activities/1008363021
Pour le gros morceau Pyrénéen, je me suis contenté du final. Je peux quand même dire deux mots du col des Ares et du Col de Menté, que j’ai monté à plusieurs reprises (j’ai notamment fait cet enchaînement un 30 décembre 2015, alors que l’hiver ne semblait pas décidé à se faire une place dans le calendrier : https://www.strava.com/activities/459442426). Le col des Ares est un col particulièrement roulant qui ne présente que peu d’interêt, sur le plan touristique comme sur le plan sportif. Le col de Menté, par le Pont-de-l’Oule présente une difficulté nettement inférieure à ce qu’on retrouve du côté de Saint-Béat, mais est sans aucun doute le plus beau des deux versants. Il n’y a pas grand-chose à dire, individuellement, sur ces deux grimpées. Dans une étape de 215km, et avant un final particulièrement exigeant, elles auront au moins le mérite d’user les coureurs.
Ce 27 mai, je pars de Montréjeau et me lance directement à l’assaut du Port de Balès. Ce col est très particulier, très différent des grandes routes alpines et pyrénéennes, en ce que son profil est extrêmement irrégulier. Du 8% dès la sortie de Mauléon-Barousse, un long faux plat jusqu’au point de départ « ASO » du col, et ensuite, un enchaînement de murs à plus de 10%, de replats… En pleine canicule, je commence à avoir chaud dès 10h. Les trois derniers kilomètres avant la sortie du bois sont un supplice car la pente ne descend quasiment jamais en dessous des 10%. La fin du col est plus simple à gérer, pour peu qu’on ait gardé quelques forces. La vue est parfaitement dégagée, absolument magnifique. Le Port de Balès est un col sauvage et difficile à dompter, mais dont on peut difficilement ne pas tomber sous le charme quand on est un simple cyclotouriste. En course, c’est une autre histoire, car la moindre faiblesse peut coûter très cher.

La descente est ensuite plutôt bonne jusqu’au croisement de Peyresourde. Je note quand même que la route se dégrade d’année en année depuis qu’elle a été refaite à neuf pour le Tour de France 2007. Rien de bien grave. En bas de la descente, pas un mètre de plat, on tape directement dans du 8-10% pour monter les 10 derniers kilomètres du Peyresourde. Ce jour-là, il n’y a pas de vent, il fait très chaud et il n’y a aucune zone d’ombre sur la montée. Mon compteur affichera jusqu’à 36° dans les derniers kilomètres, à plus de 1500m d’altitude ! Je suis en surchauffe totale, incapable de monter à un gros rythme, et je m’imagine déjà le calvaire que pourront vivre les coureurs si la course se déroule dans les mêmes conditions. En haut, je profite des fameuses crêpes à 50 centimes du col de Peyresourde pour me refaire une santé, et je redescends vers Loudenvielle pour me lancer à l’assaut de Peyragudes et de son altiport.
La montée vers Peyragudes est sans doute assez surestimée par rapport à sa difficulté réelle. Je veux dire par là que le pourcentage moyen réel me semble en dessous de ce qui est annoncé. Vu mon état, c’est tant mieux. Sauf que cette fois, contrairement à 2012, l’arrivée n’est pas jugée en haut de la station mais sur l’altiport, théâtre de la scène d’introduction du très moyen Demain ne meurt jamais, goudronné pour l’occasion. L’accès est interdit, réservé aux avions. Qu’importe, un peu de cyclocross pour contourner les barrières et je me retrouve sur la piste. La montée n’est pas longue, mais impressionnante : le compteur affiche 10%, 12%, 14%, jusqu’à 18% ! Il ne fait aucun doute que cette montée finale sera très télégénique, et qu’elle pourra être punitive pour un coureur en difficulté. J’espère simplement qu’elle ne paralysera pas la course, car le reste du parcours est propice aux offensives.

Je terminerai mon périple par le col d’Azet, en mode touriste à la dérive, voyant depuis le sommet l’altiport de Peyragudes, de l’autre côté de la vallée.

Etape 13 : Saint-Girons – Foix (20/05/2017)

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Une semaine avant, je m’étais frotté à l’étape la plus ramassée du Tour 2017. De Saint-Girons à Foix, seulement 100km, mais trois cols, dont les terribles col d’Agnes et col de Péguère. Impossible de faire l’étape dans ce format aussi réduit, puisque le train le plus proche arrive à Boussens. Je m’impose donc une trentaine de kilomètres de plaine en supplément.
Depuis Saint-Girons, la route est en faux plat montant jusqu’à Seix. Si le vent est dos, comme c’était le cas ce jour, on peut aisément bourriner. Si le vent est de face, les échappés risquent de laisser des forces avant le premier col. Entre Seix et le col de Latrape, c’est accidenté et là encore, le sens du vent jouera beaucoup sur le ressenti. Le col de Latrape n’est qu’une simple formalité, probablement l’un des cols les plus surcôtés du Tour 2017. Une classification en 2e catégorie aurait été largement suffisante, car cette difficulté n’est rien en comparaison des deux qui suivent.
À Aulus-les-bains, je crève et entaille mon pneu. Parfait. Je répare et repartirai à moins de 5 bars, en espérant que ça tienne. Le col d’Agnes est un sacré morceau. Trois premiers kilomètres à plus de 10%, aucun répit dans les cinq kilomètres suivants, un léger replat et un final à 8%. Avec 10km à 8% de moyenne, on tient là l’un des 1ère catégorie les plus difficiles des Pyrénées avec le col de Menté par Saint-Béat. Comme la pente est régulière, je monte ça à bon train. Les paysages sont magnifiques vers le sommet, et je doute vraiment que la course s’anime à ce moment-là, considérant ce qui vient ensuite. La descente ne présente pas de difficulté particulière. La route était complètement gravillonnée mais elle sera en état le jour de la course.

Enfin, j’attaque la montée finale vers le col de Péguère, en deux temps. Je commence par les six premiers kilomètres du col de Port, très roulants et sans aucune difficulté ; avant de bifurquer au col des Caougnous vers ce qu’ASO appelle le « Mur » de Péguère : 3,5km à 12% de moyenne, avec des passages à 18% dans le premier kilomètre. J’ai souvent monté le mur et je n’y ai jamais pris aucun plaisir. C’est toujours difficile, jamais beau, c’est un vrai défi sportif mais en même temps un vrai calvaire. La différence pourra largement se faire ici si un coureur décide de prendre la course à son compte. Si quelqu’un a un jour sans, il pourra perdre beaucoup de temps, surtout que la descente jusqu’à Foix est longue et nécessitera des efforts supplémentaires.
Au sommet, c’est la délivrance, la descente jusqu’à Foix est très agréable pour un cyclosportif, elle le sera moins pour les coureurs du Tour, car il faudra pédaler pendant longtemps, jusqu’à la ligne. Il y aura évidemment un risque de regroupement, mais un petit groupe qui s’entend pourra y creuser des écarts.


En résumé, même si je crains un certain attentisme (j’espère me tromper), je reconnais que les Pyrénées sont bien tracées cette année. Les formats choisis (long + sprint), la répartition des difficultés, me semble tout à fait appropriés pour avoir une belle course. Avec l’altiport et Péguère, on est au moins sûr d’avoir de belles images !
Par Luc d.