Cette neuvième étape du Tour de France est considérée par beaucoup comme la plus difficile de cette 104eme édition. Les coureurs escaladeront notamment le dimanche 9 juillet trois cols hors-catégorie, en premier lieu le Col de la Biche puis le Grand-Colombier et le Mont du Chat en bouquet final. Ce dernier avait déjà été emprunté au Dauphiné cette année et avait vu la victoire du danois Jakob Fuglsang. Fabio Aru avait fait la meilleure impression dans la montée avant d’être rejoint par son coéquipier, Chris Froome et Richie Porte dans la descente. LeGruppetto vous propose la reconnaissance de l’étape Nantua-Chambéry.
J’ai reconnu les trois principaux cols de l’étape 9 Nantua-Chambéry, sans le col de Cuvery donc, qui jouera sans doute un rôle dans la formation de l’échappée.

Après être parti de Chindrieux au bord du lac du Bourget, on rejoint le parcours du tour à Seyssel, après une vingtaine de kilomètres en guise d’échauffement.

Une première montée assez roulante pour rejoindre Gignez – qui ne sera pas empruntée par le tour – puis se présente le « vrai » pied du col de la Biche. Une entrée en matière sèche, dans le vif du sujet, assez peu abritée du soleil de surcroît. Une pente assez difficile pendant environ un kilomètre avant un premier replat d’une centaine de mètres. La route continuera comme cela jusqu’au premier sommet (la « croix de Famban »), alternance de longues portions à environ 10% voire plus émaillées de quelques courts replats. Par contre, la pente ne dépasse jamais de beaucoup les 10 %, ce qui permet de garder un rythme et une cadence de pédalage acceptable. La chaleur n’était pas pesante pendant la matinée, mais, aux environs de 14h, il y fera sans doute très chaud et les petits arbustes seront insuffisants pour apporter de l’ombre.

On arrive alors sur un plateau puis une courte descente avant de remonter vers le col de la Biche pendant un km environ. Ce premier col est un gros morceau, même si il n’est pas insurmontable. J’ai réussi à y tenir un bon rythme sans pour autant trop m’entamer. Les quelques replats permettent à un cyclo de tourner un peu les jambes. Il risque néanmoins de faire mal aux coureurs, surtout si il est gravi avec un gros tempo.
La descente sur Brénaz est rapide, pas excessivement technique, même si la route est légèrement bosselée. La transition de Brénaz à Virieu-le-Petit, pied du col du Grand Colombier, est très courte (6 km seulement) et globalement descendante. L’enchaînement col de la Biche/Grand Colombier se fait très facilement et un coureur esseulé y serait assez peu désavantagé.
On arrive alors très vite au pied du Grand Colombier : directement dans le vif du sujet, avec des premières rampes autour de 9 %, même si on peut maintenir une fréquence de pédalage acceptable. La pente se cabre ensuite progressivement, avec un kilomètre à 12 %, en ligne droite, où on est constamment en prise avec la pente. Après un très court replat à l’occasion d’un virage en épingle, on attaque l’enfer : plus d’un kilomètre à 16% où il n’est pas possible de s’économiser. On s’arrache en danseuse pour garder une allure acceptable, beaucoup de cyclos serpentent sur la route. Le panneau de priorité à droite annonçant le replat se profile, mais les quelques centaines de mètres restantes paraissent interminables à 7km/h. Le long replat qui suit permet de récupérer et de reprendre de la vitesse, avec même quelques centaines de mètres quasiment plats. Cependant, à la différence d’un cyclo, les coureurs ne pourront que peu se reposer sur ce replat qui sera vite avalé. Le col se finit par 2 km à 10% dans les alpages, assez réguliers, ce qui paraîtrait presque roulant par rapport à ce qui vient d’être fait. Je suis encore en bonne forme une fois arrivé au sommet.

La première partie de la descente du col est très rapide, sans difficultés particulières mise à part une route légèrement bosselée et quelques barrières canadiennes. La deuxième partie est très pentue et très technique, avec des enfilades de virages qui referment et peu de visibilité.
S’en suit alors une longue portion de plat de 18km, légèrement descendante sur les premiers kilomètres, le long du Rhône. La présence de la plaine du Lavours à l’ouest et du lac du Bourget à l’est fait que cette vallée est peu encaissée et donc que le vent n’y souffle pas fort. Un léger vent de face soufflait.
La suite du parcours menant au mont du Chat est plus accidentée, avec une succession de bosses courtes et assez roulantes. Une première côté non répertoriée nous amène à Massigneu de Rives, puis la côte de Jongieux serpente dans les vignes et est très exposée au soleil. En plein après-midi, c’était particulièrement cuisant, même si la côte est assez roulante avec une pente autour des 4%.

La transition jusqu’au pied du mont du Chat se fait très vite. Le début est assez roulant, avec quelques kilomètres à 4% environ. A la sortie de Saint-Paul-sur-Yenne, on voit les premiers panneaux indiquant la pente du prochain km et la distance au sommet (12km et 1050 m à gravir) : on commence par un premier km à 8%, puis un second à 7.5%, avant un court faux-plat descendant d’un demi-kilomètre. L’ensemble est peu abrité du soleil, et le goudron fond par endroit. A la sortie du village de Trouet, on bifurque sur notre gauche, et commence alors les choses sérieuses : 8,7 km à 10.3 %. Il n’y a aucun répit, aucun replat, la pente va même en s’accentuant au fur et à mesure. Il y a en fait assez peu d’ombre sur les premiers kilomètres. Seul un court replat à mi-pente, là ou je me ferais doubler par le deuxième du tour 2016, Romain Bardet. Les kilomètres à plus de 10% sont particulièrement longs, la chaleur est cuisante et j’accuse le coup. J’arrive au sommet en souffrance, à l’arrache.

N’étant plus très lucide, je ferai la descente prudemment. Celle-ci est assez rapide mais ne comporte pas de gros pièges. Avant de retourner, fatigué, à mon point de départ en longeant le lac du Bourget.
L’enchaînement est très costaud, le col de la Biche n’est pas une difficulté insurmontable, mais reste dans les jambes. Le Grand Colombier, avec ses parties très raides ne permet pas d’en garder sous la pédale. La longue transition vers le mont du Chat continue de fatiguer les organismes, et la montée finale finit le travail. Difficile de limiter les dégats sur de telles pentes, sans aucun répit.
Par Cel.