Écrit le par dans la catégorie Histoire, Les forçats de la route.

En cette période de reprise de la saison en Europe, et plus particulièrement en Belgique, un certain barème sera appliqué pour faire ressortir les meilleurs flandriens. Seront combinés les résultats des courses depuis que la compétition cycliste existe, c’est-à-dire la fin du XIXème siècle. Le barème choisi ici a été relativement simple, afin de ne pas compliquer la tâche du rassemblement des épreuves, et s’est voulu objectif, avec pour seuls choix arbitraires de quantifier le niveau des courses selon leur statut à différentes époques. Il y aura donc beaucoup de coureurs inconnus du grand public dans les premiers cités ; ce sera l’occasion de visiter (ou de revisiter) l’histoire du cyclisme.

Paris-Roubaix et le Tour des Flandres voient leur top 10 marquer 8-6-4-3-2-1-1-1-1-1 points. Derrière, cela a été réparti en 4 catégories, avec 5-3-2-1-1 pour les 5 premiers de la première, 3-2-1 pour le podium de la seconde, puis 2 et 1 points aux vainqueurs des deux catégories restantes. La catégorie principale a été prise pour Gent-Wevelgem, le circuit du Het Volk/Het Nieuwsblad, Paris-Bruxelles (jusqu’à sa première annulation en 1966) et pour Harelbeke (depuis sa promotion World Tour en 2012). Pour les autres sans rentrer dans le détail sont inclus des courses plus anciennes, certaines ayant disparues il y a bien longtemps, afin d’essayer de trouver une forme d’équité entre les époques.

30ème : Peter Sagan, 54 points

Ses résultats jusqu’à l’âge de 26 ans lui suffisent à être déjà si haut dans le classement. Sa récente victoire à Kuurne-Bruxelles-Kuurne, bien que non comptabilisé ici, confirme cette tendance. Et dire qu’on ne comptabilise que les classiques typées flandriennes, sinon il sera déjà bien plus haut ! 2ème à Wevelgem et 5ème à Oudenaarde à seulement 22 ans, il s’est depuis bien rattrapé, avec déjà 2 victoires dans la course du vent et du Kemmel et une victoire en solitaire dans le 100ème « Ronde » de l’histoire, vêtu du maillot arc-en-ciel. Nul doute qu’il pourrait même s’approcher des toutes premières places dans un classement actualisé les prochaines années.

29ème : Gustave Garrigou, 54 points
On remonte un siècle en arrière, pour citer le vainqueur du Tour de France 1911, le premier à passer par le Galibier, mais donc le succès avait commencé à se forger par une première étape entre Paris et Dunkerque, longue de 350 kilomètres. Dans Paris-Roubaix, il a cumulé de nombreuses places d’honneurs, allant jusqu’à une place de dauphin en 1912, dans ce qui était alors, avec ses 260 kilomètres, une des courses les plus courtes du calendrier. Côté Belge, il s’est notamment imposé dans un Paris-Bruxelles, alors long de près de 400 kilomètres, ainsi que dans deux étapes du tout premier Tour de Belgique, en plus d’autres nombreuses places d’honneurs. Systématiquement dans le top 5 du Tour de France de 1907 à 1914, la première guerre mondiale a mis une fin anticipée à sa carrière cycliste, à un peu moins de 30 ans.

28ème : Louis Trousselier, 56 points
De 3 ans l’aîné du coureur précédent, on reste dans l’époque des pionniers avec le vainqueur du Tour de France 1905, dont il a remporté 5 des 11 étapes. Cependant, le Tour n’allait pas encore dans le Nord cette année là, mais il a remporté dans la même année Bruxelles-Roubaix, Paris-Valenciennes et surtout Paris-Roubaix. Il remontera encore 2 fois sur le podium de celle qui n’était pas encore appelée l’Enfer du Nord (cela attendra 1919). En plus de quelques podiums dans Paris-Bruxelles ou Paris-Tours, son palmarès dans les classiques compte un Bordeaux-Paris. Combinant Tour de France et routes du Nord, il a remporté un autre Paris-Roubaix, avec la première étape du Tour 1907, dans lequel il aurait pu remporter le classement général si son équipe Alcyon ne s’était pas retirée de la course après une décision litigieuse des organisateurs.

27ème : Frans Verbeeck, 57 points

On avance de quelques décennies, avec le premier Belge cité dans cette liste (et pas le dernier, vous vous en doutez bien). Ayant couru dans les années 1960 et 1970, Frans Verbeeck a notamment remporté le Het Volk, le Scheldeprijs, à Harelbeke, mais aussi la Flèche Brabançonne, la Flèche Wallonne et l’Amstel Gold Race, étant un coureur de classique bien complet, comme ceux de son époque. Il lui a cependant manqué le Tour des Flandres, malgré 8 places dans le top 10, dont 3 podiums. Il a d’ailleurs cumulé un nombre assez impressionnant de places d’honneurs dans les grandes classiques (les curieux pourront aller jeter un coup d’œil à sa page wikipedia pour s’en rendre un peu mieux compte), se contentant de succès dans les plus petites, étant par exemple recordman des victoires dans le GP Jef Scherens.

26ème : Franco Ballerini, 57 points

Coureur phare de Paris-Roubaix dans les années 1990, chez GB, puis Mapei, Franco Ballerini avait pourtant juré ne plus y revenir après y avoir levé les bras en 1993, par mégarde, ayant été battu de peu au sprint cette année-là. Il va cependant y revenir, jusqu’à y finir sa carrière en 2001. Entre temps, il s’y est imposé en 1995 et 1998. Sa victoire en 1998 est d’ailleurs une des plus imposantes de l’histoire de la course, grâce au travail collectif de la Mapei, faisant exploser le peloton dans le secteur de Mons-en-Pévèle, où leur coureur Tom Steels a chuté dans l’échappée. Une fois repris par le peloton, il se sacrifie pour Ballerini, reprenant les derniers échappés (Gouvenou et Dierckxsens), puis les distançant à près de 50 kilomètres de l’arrivée. Sur le vélodrome Roubaisien, il s’impose avec 4’16″ d’avance, du jamais vu depuis les années 1920 et du jamais vu depuis.

25ème : Octave Lapize, 58 points
Généralement cité aux côté de Lucien Petit-Breton et de François Faber comme vainqueurs du Tour de France décédés lors de la première guerre mondiale, le vainqueur du Tour de France 1910 (grâce notamment à des victoires dans les étapes Perpignan-Luchon et Luchon-Bayonne, les premières à passer par les Pyrénées) est aussi un excellent routier dans les routes du Nord. Triple vainqueur consécutif dans Paris-Bruxelles et dans Paris-Roubaix (mais aussi triple champion de France consécutif), il est l’un des coureurs les plus populaires dans le cyclisme du début des années 1910. Il était aussi un très bon sprinteur, aucune de ses victoires à Roubaix ou Bruxelles n’était en solitaire. Son habileté sur les vélodromes était aussi là dans les épreuves d’endurance, puisqu’il a brillé dans quelques « 6 Jours », qui se disputaient à cette époque sans interruption durant ces 6 jours.

24ème : Félix Sellier, 59 points
On passe des années 1910 aux années 1920, avec le premier coureur de l’entre deux guerres cité. A l’image de Lapize, évoqué hier, il a remporté 3 fois Paris-Bruxelles consécutivement. Mais pour lui, ce sont des victoires en solitaires, avec des écarts allant de quelques secondes à plus de 18 minutes. À son palmarès, on remarque aussi des titres de champion de Belgique et surtout une victoire dans Paris-Roubaix, en plus de 2 podiums. Dans les Flandres, il n’aura jamais su faire mieux que 3ème du Ronde. Dans le Tour de France, il a été chercher un podium en 1922, notamment grâce à une victoire dans l’étape Metz-Dunkerque. Longue de 430 kilomètres, les leaders passaient les trois quarts de la journée sur le vélo et les derniers mettaient plus de 24 heures à rejoindre l’arrivée. La longueur interminable de cette étape, l’avant-dernière du Tour, combinée à la fatigue de l’épreuve, aux pavés rudes et aux paysages encore marqués par la première guerre mondiale faisait que cette étape était considérée à l’époque comme la plus difficile.

23ème : Frans Bonduel, 59 points
On avance encore d’une décennie, pour un coureur ayant surtout brillé dans les années 1930. Vainqueur du Ronde à 22 ans, il n’y retrouvera ensuite plus le succès, étant plus à son aise dans Paris-Bruxelles, avec 2 victoires et 4 autres places sur le podium. Côté Français, s’il a gagné Paris-Tours, il n’a pas fait mieux qu’une place de 3ème à Roubaix. La seconde guerre mondiale l’a peut-être privé de quelques résultats, même si pendant le conflit, il a été cherché des places d’honneurs dans les courses organisées, dont le Ronde ou le Championnat des Flandres. Sa carrière professionnelle, longue de près de 20 ans, se termine avec une place au pied du podium à Roubaix. Sans grande victoire dans ses dernières années, il aura cependant gagné en Belgique chaque année de 1929 à 1946.

22ème : Georges Ronsse, 60 points
On reste dans l’entre deux guerres avec un coureur ayant eu une carrière plus brève, mais avec de très grands succès. Sur 4 années, de 1927 à 1930, on peut lui lister une victoire à Paris-Roubaix, une à Paris-Bruxelles, une dans le GP de l’Escaut, trois dans Bordeaux-Paris et deux titres de champion du monde consécutif (ce qui ne sera imité que par Rik Van Steenbergen, Rik Van Looy, Gianni Bugno, Paolo Bettini et Peter Sagan). En plus de cela, une place de dauphin dans le Ronde, trois à Roubaix (pour ne citer que les podiums), ainsi qu’une victoire et une place de 3ème dans les deux dernières éditions du GP Wolber, une course de dont l’inscription était limitée aux coureurs ayant eu une place sur le podium d’une grande classique dans l’année. Stoppant sa carrière de route en 1933, à seulement 27 ans, il se reconvertit ensuite dans la piste, se spécialisant dans le demi-fond, avec deux médailles aux championnats du monde et un record de l’heure derrière tandem.

21ème : Cyrille Van Hauwaert, 61 points

Léger retour en arrière, pour le meilleur coureur Belge de ce classement dont la carrière s’est arrêtée avec la Première Guerre Mondiale. Elle avait commencé avec une victoire dans Bordeaux-Paris en 1907, l’année de ses débuts. Dans les deux années suivantes, il remporte deux Paris-Roubaix : la classique, puis l’étape d’ouverture du Tour de France. Dans les années 1910, il ne connait le succès que dans un modeste Paris-Menin, mais continue de jouer les premiers rôles dans les classiques, avec des podiums dans Paris-Roubaix, Bordeaux-Paris, Paris-Tours, Paris-Bruxelles et Bruxelles-Paris. En 1914, il établit le record du monde des 6 Jours à Bruxelles, avec 4502,2 kilomètres parcourus avec le Néerlandais John Stol (soit plus de 31 km/h de moyenne en se relayant pendant 6 jours non stop). Il est un des très rares coureurs à avoir concouru en Belgique pendant la grande guerre, remportant les 6 Jours de Bruxelles en 1915, son dernier résultat sportif.

 

article par Darth-Minardi / Carrefour de l’Arbre

 

Crédit Photo : http://www.vermarcsport.com/nl/over-vermarc / Flore Buquet & Ronan Caroff
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