La France tient une nouvelle pépite dans un sport qui lui réussit. Avec un maillot arc-en-ciel dans ses bagages, Kevin Ledanois va attaquer sa saison 2016 avec des ambitions élevées. Entretien avec un coureur accessible, les pieds sur terre et pleinement conscient que seul le travail paie.
Kevin Ledanois a terminé sa première année en tant que coureur professionnel de la meilleure des manières avec un sacre aux Championnats du Monde Espoirs à Richmond. Un objectif qu’il s’était fixé, comme il nous l’expliquait quelques jours avant la course ( à lire ici : https://legruppetto.fr/2015/09/5-questions-a-3-kevin-ledanois-2/). Ce titre lui donne une notoriété supplémentaire dans le peloton et nourrit de grands espoirs de la part du public français. Alors que ressent-on face à cette médiatisation et ce besoin de confirmer, étape manquée dans un premier temps par des coureurs comme Mohoric ou Sicard ? « Suite à mon titre, j’ai évidemment été fortement sollicité par les médias. Ce n’est pas quelque chose qui me déplaît, tant que j’ai toujours du temps pour moi », répond l’intéressé, avant de compléter : « J’ai pu montrer à travers ce titre que je savais supporter la pression aussi bien concernant les attentes extérieures que celles que je me fixe. Un champion du monde s’est affronté à tous les coureurs, je ne ressens donc pas un besoin de confirmer. Tout ce qui me préoccupe, c’est de poursuivre ma progression au plus haut niveau, face à l’élite du cyclisme désormais. Je croise les doigts pour que tout se passe bien. Si c’est le cas, les résultats qui découleront du travail continu que j’effectue seront à mes yeux une ‘«suite logique des choses », pas une confirmation. »
Des apprentissages à exploiter
Toute bonne saison débute par une préparation hivernale réfléchie. Il faut petit à petit retrouver son endurance sur le vélo et ses meilleures sensations pour être performant rapidement. « Je n’ai pas changé grand-chose concernant ma préparation. J’ai enchaîné les kilomètres à la maison avant d’effectuer un travail plus spécifique lors du stage d’équipe », nous explique le champion du Monde. Par contre, il a tiré un premier enseignement de ses performances de début de saison : « J’ai changé mon programme de reprise du tout au tout. Je me suis rendu compte que j’avais besoin de courir énormément pour être performant. »
L’objectif est clair, Kevin Ledanois espère nous surprendre au plus vite cette saison. Il nous déclarait d’ailleurs en fin de saison 2015 avoir un faible pour les courses par étape et sous-entendait qu’il souhaitait principalement progresser en montagne : « Je reste sur cette position. Je veux montrer que je peux grimper à un excellent niveau et cela implique deux changements dans mon programme d’entraînement : premièrement favoriser des sorties intensives sur de plus longues distances et ensuite multiplier les stages en altitude.»
Le Français a donc revu ses objectifs à la hausse et sait comment s’y prendre pour n’avoir aucun regret : «Je mets toutes les chances de mon côté en me préparant au mieux afin de pouvoir donner le meilleur de moi-même. »
Entre Paris-Nice, quelques épreuves de Coupe de France et l’envie d’un premier grand tour, le coureur de Fortuneo envisage une saison qui rendrait honneur à son titre. « Je dois montrer que je mérité ma place pour ces grandes courses. Le programme a été établi pour me mener à Paris-Nice, mais tout dépendra de mes résultats et sensations d’ici là », explique-t-il, avant d’ajouter : « Je n’en suis qu’à ma seconde saison et je dois découvrir un maximum de courses tout en étant performant sur le terrain qui me convient. J’aimerais retourner à la classique Sud Ardèche et prendre des marques ailleurs, sur des courses pour puncheurs comme Paris-Camembert. »
Une formation aux dents longues
Anciennement Bretagne-Séché, Fortuneo-Vital Concept veut continuer sur sa lancée, à savoir progresser dans le peloton professionnel sans brûler les étapes. Avec l’expérimenté Chris-Anker Sorensen, l’espoir Boris Vallée, le nouveau champion de France de cyclo-cross Francis Mourey, le champion de France sur route Steven Tronet, le performant Julien Loubet et les deux jeunes coureurs Franck Bonnamour et Elie Gesbert, Emmanuel Hubert possède des armes supplémentaires pour franchir un cap, ce qui ne déplaît pas à Kevin Ledanois : « Ce recrutement donne une autre dimension à l’équipe. Petit à petit, nous n’avons plus rien à envier aux autres équipes françaises et on le ressent au vu des nombreuses invitations sur des courses de renom. De plus, on est toujours mieux encadré avec des coureurs au long palmarès. J’ai beaucoup appris avec Pierrick Fedrigo et Yauhenni Hutarovich l’an dernier et j’espère continuer dans cette même direction.»
Des débuts dans la douleur
Dès son deuxième jour de course en 2016, Kevin Ledanois a malheureusement goûté au goudron… « J’avais de très bonnes sensations, mais je suis tombé alors que j’étais dans la première bordure. Pas de fracture fort heureusement, mais la douleur m’a poussé à quitter la course lors de la troisième étape. Dans les ascensions, je ne pouvais pas profiter à 100% de ma respiration et il était plus sage d’abandonner », raconte-t-il. Résultat des courses : cartilage atteint sur quelques courses et repos forcé pour reprendre de plus belle. Engagé ce week-end sur la Classique Sud Ardèche qu’il attendait tant, souhaitons-lui de gagner sa place pour la Course au Soleil qui débutera le 06 mars.
Par Guillaume Zaracas
Crédit Photo : Bruno Bade