Bien qu’on lui ait diagnostiqué un diabète de type 1 à l’âge de six ans, Quentin Valognes n’a jamais cessé de croire en son rêve : devenir cycliste professionnel. La Team Novo Nordisk, charmée par sa persévérance, l’a recruté dans sa cellule Development Team aux États-Unis et se veut être un véritable fer de lance pour sa carrière. Rencontre avec un coureur qui s’est donné les moyens de vivre son rêve et qui veut inspirer de nombreuses personnes à faire de même à travers son livre « Diab, ami pour la vie ».
Originaire de Caen, Quentin Valognes avait la fibre sportive dès son plus jeune âge. « J’ai toujours fait du sport. Que ce soit sur un vélo ou dans d’autres domaines tels que du breakdance, de la gymnastique, de l’escalade, du judo, de la course à pied… Toute ma famille faisant du cyclisme (autant du côté maternel que paternel), c’est logiquement vers le cyclisme que je me suis tourné », se souvient-il. C’est d’ailleurs à Caen qu’il a fait ses armes, au sein de l’UC Bricquebec. Un parcours sans embûches… Avant qu’on ne lui décèle son diabète. « J’étais trop jeune pour me rendre compte de tout ce que cette maladie allait impliquer dans mon quotidien… Le diabète m’en a fait voir de toutes les couleurs, jusqu’au jour où je me suis retrouvé à l’hôpital. Le discours qu’on m’a tenu a eu l’effet d’un électrochoc. On m’annonçait que si je voulais continuer de rouler à un bon niveau, il fallait impérativement que je sois plus attentif à la gestion de mon maladie ou m’appareiller d’un outil non-remboursé par la sécurité sociale. J’aurais pu me décourager, mais ce n’est pas dans mon tempérament. J’ai réagi inversement… J’ai élevé mes ambitions sportives dans la difficulté. »
Une abnégation admirable
Obligé de constater que peu de soutien est offert aux sportifs diabétiques, Quentin se met à joindre les radios et les médias pour partager son expérience et pointer cette lacune. Jusqu’à l’arrivée d’une bonne nouvelle… « Novo-Nordisk m’a contacté, visiblement intéressé par mon profil et mon envie de percer. Là-bas, j’ai réellement débuté une formation sur plusieurs plans : le plan sportif évidemment, mais également sur le plan médical et le plan humain », explique Quentin Valognes avant de détailler : « Sportivement, j’ai vu qu’il n’y avait pas que l’Europe qui faisait et savait faire du vélo. Toutes les techniques -autant en terme de nutrition que d’entrainement- étaient évoluées et réfléchies. Au niveau du plan humain, c’était également une première pour moi de rencontrer autant de personnes venant de pays si différents, émanant de cultures différentes, parlant des langues si éloignées. J’ai appris ce que le mot « respect » signifiait dans chaque pays, j’ai gouté à de nouvelles saveurs … C’était magique. Et médicalement, j’ai principalement appris à gérer mon diabète. Une nécessité pour pouvoir atteindre de belles performances. »
L’équipe de développement de Team Novo Nordisk travaille en continuité avec son équipe professionnelle. Les coureurs comme Quentin vont s’acclimater au professionnalisme de la formation américaine pour ensuite être en mesure de faire le tremplin vers l’équipe continentale professionnelle. « L’équipe est toujours à la recherche de jeunes athlètes qui vivent avec le diabète. Nous encourageons tous ceux intéressés à visiter le site web (www.teamnovonordisk.com) et remplir une demande pour visiter un des « talent ID camps » qui ont lieu chaque été en Amérique. C’est un bon moyen de se rendre compte des moyens mis en place dans notre formation », annonce-t-il.
La folie des grandeurs américaine
Son quotidien s’apparente à un rêve américain : « Je pense pouvoir dire qu’aujourd’hui pas seulement ma vie de cycliste est un rêve, je vis un rêve tout cours, en vivant de ma passion et voyageant partout sur le globe. J’en ai conscience, j’ai de la chance alors je travaille en conséquence. Je suis fier de faire partie du Team Novo Nordisk et que j’aide à inspirer, éduquer et responsabiliser toutes les personnes touchées par le diabète. »
S’il peut faire du cyclisme son principal objectif, il découvre également une facette qui en fait rêver plus d’un : la formation à l’américaine, les courses universitaires avec des moyens tout autre que ce qu’on peut rencontrer en Europe. « Les courses là-bas sont un vrai show. J’ai l’impression qu’on pense d’abord aux spectateurs avant de penser aux coureurs, ce qui amène une foule énorme de personnes pour vous encourager et indirectement les coureurs ne sont que plus contents. Je me souviens d’une course nocturne à Tulsa (Oklahoma) ou des feux d’artifices ont retenti pendant la course. Sur le moment, j’ai cru qu’il y avait une chute, et je n’étais pas le seul, j’ai profité de ce moment de confusion pour remonter dans la première partie de peloton », nous raconte celui qui se surnomme L’Améroucain sur les réseaux sociaux.
Le coureur puissant originaire de Caen se projette déjà sur ses prochains objectifs avec toujours l’envie de progresser : « J’ai beaucoup appris l’année dernière, et en toute logique, chaque période d’apprentissage se conclut par un peu de réussite. Alors ce que j’ai comme objectif pour l’année prochaine, c’est de continuer à apprendre en obtenant quelques belles victoires ! Je suis un pur sprinteur. Mais pour sprinter, il faut arriver à l’arrivée en compagnie des premiers. C’est là-dessus qu’il faut que je progresse. Après mes victoires sur le tour d’Abitibi, mes potes ouzbeks me surnommaient « Abdou » en référence à Djamolodine Abdoujaparov. C’est assez flatteur ! »
Son expérience racontée dans un livre
Au-delà de ses qualités sportives, Quentin s’est trouvé une seconde passion : écrire un livre pour raconter son histoire, son parcours fortement influencé par le diabète. « Il y a deux ans, lorsque j’ai gagné deux étapes du tour d’Abitibi (coupe du monde junior au Canada), je me suis dit que si j’en étais arrivé là, c’était grâce à l’inspiration que j’avais reçu. Et je pense qu’on a tous le droit à une source de motivation, d’inspiration. À travers ce livre, je veux aider les gens, diabétiques ou pas. Juste donner leur de l’espoir, leur montrer qu’on a le droit d’avoir des rêves. »
Cependant, écrire n’est pas si facile… « À chaque fois que j’ai un peu de temps, je me mets devant l’ordinateur et je commence à rédiger. En réalité, c’est dur de parler de soi-même. Je me demande si ce que je vais partager avec les lecteurs va les intéresser, ou même les aider. Et puis je repense à tous ces gens qui me regardaient avec un drôle d’air, car moi, j’osais faire du sport. Parfois, on me le déconseillait. Parce que j’étais diabétique… Mais aujourd’hui, grâce au diabète, je réalise mes rêves. C’est une belle revanche sur la vie, sur ces gens qui ne croyaient pas en moi. Avec détermination, motivation et confiance en soi, beaucoup d’horizons peuvent s’ouvrir. Même en étant diabétique. L’idée de Team Novo Nordisk, c’est de montrer au monde ce qui peut être possible avec le diabète », détaille le coureur-auteur. Et de conclure : « J’avais compris que le diabète ne pouvait pas être une maladie triste, de par le caractère qu’il nous donne. C’est ce que je veux transmettre à travers mon livre. Cette envie d’y arriver, d’y croire, de se battre. C’est plus exactement lors de mon premier stage aux USA que cette envie d’écrire est née. Je ne suis pas différent des autres, j’ai juste positivé, je suis resté motivé et surtout j’ai continué d’y croire. N’importe quel obstacle se dressant sur ma route représente une motivation, puisqu’un obstacle est un défi et que grâce à notre caractère guerrier que nous emmène le diabète, un défi devient une motivation. »
Par Guillaume Zaracas
Crédit Photo : @TDW Sport