Patrick Bevin fait partie des coureurs qui ont très bien performé sur le circuit asiatique en 2015. Capable de sprinter comme de rivaliser avec les meilleurs dès que la route s’élève, le coureur néo-zélandais s’est engagé avec la Cannondale en 2016. Simple one shot ou futur grand coureur ?
Sa carrière débute en 2009 alors qu’il n’a que 18 ans. Il débute sur le circuit junior et se fait remarquer dès ses premières courses. En effet, il s’impose tout d’abord aux championnats juniors d’Océanie, en réglant un petit comité de 7 coureurs. 9 mois plus tard, il participe à sa première course senior, le Powernet Tour of Southland, qui se déroule dans la province Australienne du même nom. Y participent toute la nouvelle génération néo-zélandaise et même un ex-vainqueur du Tour de France. La première étape est un contre-la-montre par équipes, lui et son équipe Bici Vida se classent 10e, à une quarantaine de secondes des vainqueurs, qui ne sont autre que Hayden Roulston et Jesse Sergent. S’il ne termine qu’à la 24e place de la seconde étape, Bevin réussit le lendemain à intégrer le top 10, précisément à la 6e place. Mais la 4e étape le verra lever les bras en battant au sprint un peloton dispersé. Si les deux étapes suivantes ne sont terminées qu’à des anonymes 27e et 56e places, Patrick Bevin récidive le 7e jour de course en levant les bras face à un groupe de 10 coureurs. L’avant-dernière étape est vallonnée, profil ne lui convenant pas, mais la 9e et dernière étape est l’occasion d’un sprint, où Bevin prend la 3e place derrière Jack Bauer notamment. Au général, il termine à une bonne 16e place, à presque 16’ du vainqueur Heath Blackgrove, mais 7 secondes devant un certain Floyd Landis. Ses bons résultats lui permettent d’être élu cycliste sur route junior néo-zélandais de l’année.
Les années 2010 et 2011 représentent une traversée du désert pour le sprinter. Ses bonnes prestations sur le Tour de Southland le conduisent à obtenir son premier contrat professionnel auprès de la Bissell Cycling Team, antichambre de la Radioshack. Durant ces 2 années, il ne finit qu’une seule course, la Philadelphia International Championship, et c’est à une anonyme 69e place d’une course gagnée par Matthew Goss devant Peter Sagan et Alexander Kristoff. Les premiers pas face à la concurrence internationale sont donc rudes pour Patrick Bevin qui abandonne à la 5e étape du Tour de l’Utah 2010. Il ira cependant une étape plus loin l’année suivante mais là encore ne finira pas la course. S’ajoute à cela un nouvel abandon, dès la 2e étape du Tour of Elk Grove. Le problème semble néanmoins être plus profond que celui du niveau pour Pat Bevin, qui continue de dominer le circuit non-professionnel, en s’adjugeant en 2010 deux étapes du Tour de Vineyards et la REV classic, et en 2011 le Tour de Vineyards ainsi qu’une étape, tout comme il lève une fois les bras sur le Tour de Southland la même année, ce qui lui permet d’être 2e au général de cette course.
2012 semble enfin marquer un tournant dans la progression du sprinter néo-zélandais. En effet, en plus de dominer le circuit semi-professionnel (où il lève huit fois les bras et gagne deux classements généraux), Patrick Bevin enregistre ses premiers bons résultats sur des courses où la concurrence est plus relevée. Cela commence dès janvier sur son championnat national sur route, où il termine 3e sur la course senior et 2e de la course espoir, à chaque fois derrière le même homme : Michael Vink. La New Zeland Cycle Classic va quelques jours plus tard devenir sa première course par étapes professionnelle qu’il termine. Et il va le faire de belle manière, en terminant dans le top 10 de chaque étape. C’est également à cette occasion qu’il montre de belles promesses en contre-la-montre en terminant 9e du prologue remporté par Campbell Flakemore. Encore mieux, il ne termine en dehors du podium qu’à l’occasion de la 2e et de la 5e étape (en plus du prologue donc). Toutefois, Pat Bevin n’aura pas la possibilité de lever les bras sur cette course, mais il termine tout de même 3e sur les troisième et quatrième étapes. Finalement, il termine 4e de la course, derrière un podium composé dans l’ordre de Jay McCarthy, Darren Lapthorne et Campbell Flakemore. Il se classe également sur la dernière marche du podium du classement du meilleur jeune. Toutefois, les mauvaises habitudes ressurgissent et notre coureur ne termine pas les trois courses suivantes qu’il dispute : il termine hors-délais sur la deuxième étape du Tour de Californie, abandonne à la deuxième étape du Tour of Elk Grove (malgré avoir terminé 4e le premier jour) et ne va pas au bout de la troisième étape de l’USA Cycling Pro Challenge. Toutefois, l’espoir ressurgit à la Bucks County Classic, où il s’impose devant certes un plateau ne comptant que Rory Sutherland comme star.
2013 est une nouvelle année fantomatique pour lui. En effet, il ne court uniquement que son tour national. Et alors qu’il y avait bien performé en 2012, cette deuxième participation est bien plus terne, avec seulement une deuxième place à son actif sur la 5e étape et un top 10 au troisième jour de course. Toujours dans la lancée de ses premières années, il gagne tout de même deux courses non professionnelles : le Wanagui GP et la Round the Mountain Classic. Son année 2013 est à mettre au diapason de son équipe, la Bissell, qui ne peut compter que sur les rares fulgurances de Carter Jones. Finalement, la structure disparaît à la fin de cette saison.
Le sprinter retrouve un point de chute dans une équipe n’étant même pas à l’échelon continental, la Search2retain-Health.com.au, basée en Australie. Il fait lors de cette saison 2014 une nouvelle fois étalage de son irrégularité. En effet sur l’Herald Sun Tour, il alterne le tiède et le froid : sa seule fulgurance est une 9e place à la première étape. Il termine cette course février à une anonyme 41e place. Toutefois, cela se passe mieux pour lui dans sa zone de confort, c’est à dire à l’échelon semi-pro. En effet, il s’y adjuge deux tours par étape : le Tour de Tasmanie (plus deux étapes) et le National Capital Tour (plus une étape) ; ainsi que la REV Classic, pour la deuxième fois après 2010. Ces bons résultats lui permettent d’être retenu dans la sélection Néo-Zélandaise qui s’apprête à disputer l’An Post Ras. Cette course sonne alors comme une résurrection pour Pat Bevin. Il termine tout d’abord 4e de la première étape plate avant de gagner le lendemain mais cette fois-ci dans une étape vallonnée. Cette bonne capacité à grimper est une nouvelle corde à son arc et il s’y montre à l’aise, dominant dans cette étape des coureurs comme Eibegger ou Frankhauser. Il accuse ses efforts de la veille dans la 3e étape accidentée, il termine 29e mais dans le temps du leader. S’étant reposé dans le peloton lors de cette étape, il lève de nouveau les bras le lendemain lors de la 4e étape au profil pouvant convenir à un sprinter-puncheur, c’est à dire un coureur comme Bevin. Toutefois, la catastrophe se produit sur la 5e étape aux pourcentages moyennement élevés. Le coureur néo-zélandais ne flaire pas le bon coup et laisse partir les leaders, qui seront réglés au sprint par Marcin Bialoblocki. Bevin termine 40e, à près de 10 minutes du groupe des 11 leaders. Lui qui était bien placé au classement général s’y retrouve maintenant hors du top 10. L’arrivée de l’étape suivante se fait sur un mur, et notre coureur semble y retrouver des couleurs, ce qui lui permet de finir 3e. Les deux dernières étapes seront légèrement plus compliquées pour lui, il y finit respectivement aux 8e et 12e places. 12e, cela sera également son rang au classement général, dominé par Clemens Frankhauser devant Alex Peters. Son débours est inférieur à ce qu’il a concédé sur la 5e étape. Toutefois, le coureur du Team NZ est récompensé par le maillot à points, sa première distinction sur une course professionnelle. Cependant, il retombe dans ses travers, et dans les courses professionnelles belges qu’il dispute un mois après l’An Post Ras, Pat Bevin ne franchit pas la ligne d’arrivée.
En 2016, Patrick Bevin fait le grand saut et va se retrouver en World Tour, au sein de l’équipe Cannondale. Si son profil d’homme capable de gagner partout est utile à n’importe quelle équipe, il lui reste cependant à progresser au niveau de la régularité. C’est ce paramètre-là qui pourra déterminer si 2015 restera de sa part une saison exceptionnelle ou une saison normale. Et la nouvelle année commence bien pour Bevin qui ravit le titre de champion national sur l’épreuve chronométrée, au nez et à la barbe de spécialistes comme James Oram ou Jesse Sergent. La Nouvelle-Zélande aurait-elle enfin trouvé un coureur capable de grandes victoires, ou a-t-on devant nous un énième Hayden Roulston ou Greg Henderson ?
Par Schleckpower
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