Nicolas Lefrançois, coureur français de l’équipe américaine Novo Nordisk, a disputé le Tour de San Luis en 2015. Pour Le Gruppetto, il revient sur cette expérience et décrit l’épreuve argentine qui débutera le 18 janvier prochain.
La course
Le Gruppetto : Nicolas, tu as couru le Tour de San Luis en 2015, comment juges-tu le parcours de cette course ?
Nicolas Lefrançois : J’ai trouvé le parcours relativement bien tracé. Il y en avait pour tout le monde avec des arrivées rapides pour les sprinters et des arrivées en altitude pour les grimpeurs. Peut être qu’il manquait une étape pouvant sourire aux baroudeurs… Après, il est vrai que certaines ascensions étaient très exigeantes mais cela permet aux purs grimpeurs de s’exprimer.
As-tu senti les coureurs sud-américains plus motivés que les européens/américains ?
Oui les Sud-Américains étaient surmotivés. C’est un peu leur Tour de France ou leur championnat du monde ! D’ailleurs ils sont au top de leur forme à cette période alors que le reste du peloton vient de finir la préparation hivernale et faire les premières intensités, autant dire qu’il y a un gros décalage de condition physique.
Comment se déroulaient les étapes ? Des baroudeurs flinguaient dès le départ ou il y avait au contraire un tempo assez « calme », sans mouvements de course et avec le schéma classique ? Y avait-il de la tension dans le peloton ?
Ce sont les équipes World Tour qui contrôlaient et non sans mal. Il y avait énormément de chutes, durant la deuxième étape j’ai chuté trois fois, l’équipe a perdu Charles Planet sur une fracture du coude, et Kevin De Mesmaeker est tombé à 60km/h durant une bordure. Lors de la dernière étape, 90% du peloton avait des pansements! C’était usant mentalement.
C’est la course la plus nerveuse à laquelle j’ai participé. Notamment à cause des Sud-Américains qui donnaient tout pour prendre part à l’échappée et se montrer devant leur public. Mais le vent a joué également son rôle, tout le monde voulait être bien placé pour éviter les bordures ou de dépenser trop d’énergie.
Enfin, comment juges-tu l’Alto El Amago, théâtre de l’arrivée de la quatrième étape une nouvelle fois ? A quelle montée française pourrais-tu le comparer ?
C’est une ascension terrible, très raide qui se termine sur une petite route en ciment. Le pourcentage est difficile et comme si cela ne suffisait pas, on est stoppé par de grosses rafales de vent! Je ne trouve pas d’ascension comparable en France, c’est vraiment particulier.
Le public
As-tu ressenti une grosse excitation des argentins pour cette course ?
Oui les Argentins étaient très heureux de voir passer les coureurs sur les bords des routes et étaient nombreux dans les villes de départ.

Le Gruppetto n’est donc pas le seul porteur de bidons …
L’organisation
L’organisation est-elle de qualité, « professionnelle », aux petits oignons pour les coureurs ?
Nous étions logés dans un très bon hôtel, le même durant toute la course. C’est très agréable de retrouver la même chambre tous les soirs. Le seul inconvénient est qu’il y avait de longs transferts en bus à la fin des étapes. Mais on ne peut pas tout avoir ! Sinon on a eu le droit à une très belle cérémonie d’ouverture et de clôture. Dans l’ensemble c’était une bonne organisation.
Les routes ont-elles un bon revêtement ? Sont-elles larges ou au contraire étroites comme sur les courses belges ?
Non, rien à voir avec les courses belges. Ce sont souvent des grandes routes en ligne droite et assez large. Le revêtement est bon, mais le danger provient des bandes en relief qui délimitent la bande d’arrêt d’urgence : elles ont causé plusieurs chutes.
Les conditions climatiques
Les conditions climatiques étaient-elles bonnes pour une reprise ?
Quand on est arrivé deux jours avant le départ de la course, il pleuvait des cordes et l’orage grondait. Et ensuite, on n’a vu qu’un grand soleil pour les sept jours de course. Il faisait une trentaine de degrés, contrairement à l’année précédente où les températures s’approchaient de 50 degrés. Cette année, les grosses chaleurs ne me dérangeaient pas du tout mais le risque est lorsqu‘ on rentre à la maison. Avec la différence brutale de température, je suis tombé malade l’an dernier et j’ai été gêné par une bronchite pendant plus d’un mois.

Nicolas emmène dans sa roue l’un des coureurs de la province de Buenos Aires
Sa course
Toi qui as fini 115ème du général, qu’as-tu pensé de cette course ?
Je suis arrivé bien préparé à San Luis avec un gros mois de décembre et un stage en Espagne en janvier, j’avais pas mal de kilomètres dans les jambes. Mais je ne m’attendais pas à une course si nerveuse et intense. Le niveau était plus élevé que prévu. Je n’avais pas d’ambition particulière, mon objectif était de prendre du rythme. Pour moi, les points négatifs de cette course seraient les nombreuses chutes, le voyage pour venir et les transferts en bus. Les points positifs seraient la météo, l’organisation et le public. En général, je retiendrai que c’est une belle course qui permet de finaliser la préparation mais attention de ne pas arriver trop juste car le niveau est assez élevé.
Merci à Nicolas Lefrançois et à la Team Novo Nordisk. Vous retrouverez chaque mois sur Le Gruppetto une à plusieurs chroniques réalisées par les quatre coureurs français (Mehdi Benhamouda, Corentin Cheral, Charles Planet et Nicolas Lefrançois) de la formation américaine !
Crédit Photo : Tim De Waele - ©TDW Sport