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The Program, de Stephen Frears (2015). Film franco-britannique. Durée : 1h43

Casting :
– Ben Foster (Lance Armstrong)
– Chris O’Dowd (David Walsh)
– Guillaume Canet (Michele Ferrari)
– Denis Ménochet (Johan Bruynell)
– Jesse Plemons (Floyd Landis)
– Lea Pace (Bill Stapleton)
– Dustin Hoffman (Bob Hamman)
– Elaine Cassidy (Betsy Andreu)

L'incroyable transformation physique de Ben Foster, qui a avoué s'être dopé pendant le tournage afin de "s'imprégner du personnage".

L’incroyable transformation physique de Ben Foster, qui a avoué s’être dopé pendant le tournage afin de « s’imprégner du personnage ».

 

Synopsis :
« Découvrez toute la vérité sur le plus grand scandale de l’Histoire du sport : le démantèlement du programme de dopage qui a fait de Lance Armstrong une légende. De la gloire à l’humiliation, The Program retrace le parcours de la star du Tour de France. Véritable thriller, le film nous plonge au cœur de la folle enquête qui a conduit à sa chute. »

Voir un film sur Lance Armstrong quand on est passionné de cyclisme c’est un peu comme lire une biographie d’Harald Schumacher pour une qui a connu le drame de Séville 1982 : il faut être un peu maso. Il y avait ainsi très peu de masochistes pour cette séance de 10h : 5 hommes et 3 femmes sont venus voir ce film duquel je n’attends rien, ayant déjà lu le livre de David Walsh et Pierre Ballester ainsi que le rapport de l’USADA.

Le film débute sur une partie de baby-foot entre David Walsh et Lance Armstrong, jeune néo-pro de la Motorola joué par Ben Foster. Armstrong parle de ses objectifs de carrière devant le journaliste irlandais qui semble conquis par le caractère du jeune texan.
Le spectateur est ensuite plongé quelques années plus tard – en 1994 – sur une classique flandrienne, avec une conversation entre Armstrong et Johan Bruynell (brillament joué par Denis Ménochet), un vieux briscard de la ONCE. Ce dernier lui dit qu’il n’a aucune chance de s’imposer sur les courses d’un jour face aux armadas belges et italiennes. Via ce sous-entendu, le décor est planté : qu’est-ce qu’Armstrong va-t-il devoir faire pour devenir le meilleur coursier du Monde ?

Le film suit un schéma chronologique. On voit ainsi le coureur américain affronter son cancer aux testicules, puis son installation chez Michele Ferrari et sa victoire sur son premier Tour de France. Entre images d’archives et scènes tournées pour le film, le spectateur voit s’opposer à la domination d’Armstrong un scepticisme toujours plus fort de David Walsh : c’est le tournant de l’histoire et le début de la « Guerre froide » entre les deux hommes.

Le film de Stephen Freaks rentre alors dans une nouvelle phase, où Armstrong tombe dans une spirale mensongère qui ne le quittera jamais. Cette spirale est d’ailleurs très visible dans une scène où, face au miroir, il se répète à lui-même « Je n’ai jamais été contrôlé positif ». L’américain adulé à Austin et dans tous les Etats-Unis devient plus sombre sur les courses européennes : conflits avec Christophe Bassons et Filippo Simeoni, rupture avec son lieutenant Floyd Landis … Jusqu’au moment où tout s’écroule, grâce à l’aide de multiples témoignages à charge (Betsy Andreu, Emma O’Reilly, Floyd Landis, Bob Hamman) : c’est la chute ; notamment marquée par ses entretiens avec l’USADA et Oprah Winfrey,

En résumé, un film qui n’apprendra rien au suiveur attentionné qui sait déjà tout sur la carrière et les pratiques de Lance Armstrong. Si le film tente de coller le plus possible à la réalité (noms, maillots, marques, transformation physique impressionnante de Ben Foster) on lui reprochera malgré tout son extrême platitude : il se veut être un thriller mais ne nous tient pas du tout en haleine. Un spectateur s’est d’ailleurs endormi durant la projection.
Autre critique : le rôle de Pierre Ballester dans la lutte contre le « système Armstrong » a été totalement mis de côté par les scénaristes. Le film confère à David Walsh la place du journaliste « seul contre tous », alors qu’en réalité l’irlandais était accompagné du français. Une réécriture de l’histoire qui fait tâche et qui fait perdre pas mal de crédits à « The Program ».

Pour conclure, ce film est donc à voir si vous avez du temps à perdre ou bien si vous n’êtes pas totalement au fait des agissements d’Armstrong durant plus d’une décennie. Saluons quand même les très bons acteurs et en particulier Ben Foster, qui a parfaitement su se fondre dans la peau du champion déchu.

Par Carrefour de l’Arbre
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