Écrit le par dans la catégorie Courses, Les forçats de la route.

La Belgique, pays pluvieux, venteux, même en été. Stéréotype dites-vous ? Demandez donc aux 109 participants du récent Tour de Wallonie, ou du moins aux 77 coureurs qui ont su rallier l’arrivée finale à Thuin. Le choc thermique a fait mal aux coureurs… Il faut dire que courir sous la pluie, avec 17 degrés de moyenne et un vent violent dans les monts si typiques du plat pays, aucun coureur ne s’y était préparé. Après seulement 190 kilomètres, c’est-à-dire au terme de la première étape, on notait déjà les abandons de coureurs renommés comme Offredo, Pineau, Hivert ou Chainel pour ne citer qu’eux. Pire encore, ce fut l’hécatombe dans plusieurs équipes finissant le tour avec quatre membres de la formation initialement alignée. Un coureur en particulier a vécu une expérience pour le moins particulière. Edwig Cammaerts, ancien pensionnaire de la Cofidis qui court cette saison sous les couleurs de Veranclassic-Ekoi, débarquait sur ses terres avec des ambitions élevées. Sauf qu’à la fin de la troisième des cinq étapes, ses six coéquipiers avaient été contraints à l’abandon. Le malheureux leader peut juger plus que quiconque de l’importance du collectif dans un sport où on ne pense parfois qu’aux performances individuelles. « Rester toute la journée idéalement placé sur un parcours vallonné avec autant de vent, c’était loin d’être chose aisée. Tom Boonen est d’ailleurs venu me demander si ce n’était pas trop difficile sans équipiers. Je lui ai répondu que plus le rythme augmentait, plus il était compliqué de rester à l’avant du peloton. Je suis resté vigilant, j’ai tenté ma chance malgré tout pour me montrer dans ces conditions. » nous disait le 25e du classement général final.

Une reprise intensive donc pour ce peloton qui sortait d’une coupure d’un bon mois avant les objectifs de fin de saison. Avec un plateau charmeur, un parcours intéressant et malgré l’ombre engendrée par la médiatisation du Tour de France, les routes wallonnes ont accueilli un public important tout au long des cinq journées. Ce dernier a assisté à un duel entre deux nations. En effet, Belges et Néerlandais se sont partagés toutes les victoires de cette édition 2015. Avec une échappée fleuve lors de la première étape, certains coureurs avaient déjà pris une option intéressante pour le classement  général final. Dans ce groupe important on retrouvait entre autres le cadet du tour Loïc Vliegen (BMC), Sébastien Turgot (AG2R), Boris Vallée (Lotto-Soudal), Victor Campenaerts (Topsport) et un certain Niki Terpstra (Etixx). Pour sa seconde sortie aux couleurs des Pays-Bas, le vainqueur de Paris-Roubaix 2014 a fait ce qu’il fait de mieux : attaquer en costaud, seul contre tous… Et une fois encore, ce fut une réussite. Avec plus d’une minute d’avance sur le peloton, Terpstra a très vite remplacé son maillot bleu-blanc-rouge par une tunique jaune qu’il garda jusqu’à la fin de l’épreuve. Le moins qu’on puisse dire, c’est que son compatriote Danny Van Poppel (Trek), 22 ans, aura été inspiré par cette victoire. Sur la seconde étape, lors d’un sprint pour hommes costauds, il a démontré une partie de son talent en l’emportant devant Matti Breschel (Tinkoff). Pourquoi une partie ? Car lors de la dernière étape, contraignante, il s’est détaché de la roue des quelques puncheurs présents pour allers s’imposer devant, pardonnez-le du peu, l’ancien champion du monde Philippe Gilbert (BMC). Un Philippe en méforme ? Pas du tout. Déjà vainqueur du GP Pino Cerami quelques jours auparavant, la vedette du tour a levé les bras au sommet de la Citadelle de Namur. Le Liégeois est bel et bien affuté avant ses objectifs de fin de saison. On pourra d’ailleurs juger de cet état de forme samedi sur la Clasica San Sebastian, son objectif ultime étant bien évidemment les championnats du monde de Richmond. L’étape manquante est également revenue à un Wallon. Jonas Van Genechten, au plus près de chez lui, a levé les bras pour la première fois vêtu du maillot IAM. Le sprinteur a l’habitude de briller en fin de saison, cette victoire présage donc de bonnes choses pour les semaines à venir… Au général, Campenaerts et Lagutin (Katusha) complètent le podium tandis que le premier Français est Sébastien Turgot, neuvième et fortement avantagé par sa présence dans l’échappée de la première étape.

Guillaume Zaracas

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