En mai dernier, nous vous avions proposé l’analyse complète du tracé du Giro. Cette fois c’est à celui du Tour de France 2015 que nous nous attaquons. Ce tracé a été présenté officiellement le 22 octobre dernier au Palais des Congrès, même si une nouvelle fois la carte officielle avait fuité la veille sur Internet.
Un départ de Utrecht aux Pays-Bas, la quasi absence de chrono, la présence des pavés, le retour à Pra-Loup 40 ans après, la présence de classiques du Tour comme le plateau de Beille, la montée de la Croix-Neuve à Mende et les 21 virages de l’Alpe d’Huez la veille de l’arrivée sont les grandes lignes de ce Tour 2015.
Départ de Utrecht
Cinq ans après Rotterdam, le Tour s’élance à nouveau des Pays-Bas, précisément de la ville qui contestait alors ce Grand-Départ au grand port de la Mer du Nord. Il s’agit du sixième départ de la Grande Boucle depuis les Pays-Bas, un record, où Amsterdam avait accueilli la première délocalisation du genre en 1954.
Sur le plan sportif, cette 102e édition débute par un contre-la-montre individuel de 13.8km. Après deux éditions débutées par des étapes sacrant des sprinteurs (Kittel x2), ASO reprend un format de chrono court inédit depuis Monaco en 2009. Le parcours plat, sinueux et urbain devrait favoriser les rouleurs bon pilotes.
Mais l’information la plus importante à propos de ce chrono individuel, c’est qu’il s’agit là du seul de l’édition 2015. Moins de 14km contre-la-montre sur le Tour, c’est un record depuis l’instauration de l’épreuve en 1934 ! Depuis plusieurs années, la mode est à la réduction du kilométrage contre-la-montre sur les Grands Tours. En 2015, ASO propose la quasi-suppression de l’épreuve. C’est une erreur dramatique pour le spectacle. En effet, sans cette épreuve les purs grimpeurs n’ont aucun retard à rattraper en montagne et adoptent alors des tactiques attentistes au lieu des grands raids qui ont fait leur légende. L’absence de chrono, c’est donc l’absence de spectacle.
Le lendemain, le peloton quitte Utrecht en direction de la province côtière de Zélande, réputée pour ses polders exposés au vent marin. La région avait déjà été traversée en 2010 sur la route d’Anvers. En 2015, la ligne d’arrivée est tracée sur l’île artificielle de Neelte Jans. Tout plaide pour une étape de bordures et on se prend à rêver d’une redite de l’étape de St-Amand-Montrond de 2013. Le peloton devrait en tout cas être très nerveux et on ne sera pas surpris d’assister aux premières chutes importantes de ce Tour 2015.
Une première semaine variée avec des airs de classiques
Après un court transfert, la troisième étape s’élance de Anvers en direction de Huy. ASO connait bien les deux villes pour y organiser respectivement chaque année la World Ports Classic et la Flèche Wallonne. L’arrivée est bien entendue tracée sur le Mur de Huy et reprend le nouveau final de la classique avec les côtes de Ereffe et de Chérave. Cette dernière peut permettre d’éviter la course de côte dans le terrible chemin des Chapelles, dénomination officielle du Mur de Huy.
La quatrième étape entre Seraing et Cambrai (221,5km) voit la première arrivée du peloton en France. Après la Flèche Wallonne, c’est le parfum de Paris-Roubaix qui flotte dans l’air. Un an après la spectaculaire étape pluvieuse de Arenberg où Nibali avait creusé un avantage définitif pour le maillot jaune, le Tour emprunte à nouveau des secteurs pavés dans le final. La distance pavée de 13.3km est similaire à celle effectivement parcourue en 2014 (13km après l’annulation de deux secteurs inondés). La sortie du dernier secteur se situe à moins de 10km de l’arrivée. Quelque soit la météo, la plus longue étape de ce Tour 2015 promet d’être à nouveau très spectaculaire.
Après quatre étapes pour costauds qui devraient mettre d’entrée les favoris à rude épreuve, ces derniers trouveront enfin du répit lors de la cinquième étape entre Arras et Amiens. Cette étape de plaine est une nouvelle occasion de rendre hommage aux victimes de la Grande Guerre puisque elle sillonne les principaux mémoriaux de la zone (Notre-Dame de Lorette, Rancourt, Péronne…). La victoire dans Amiens ne devrait échapper à un sprinteur.
La sixième étape entre Abbeville et Le Havre est sans doute plus dangereuse. Il s’agit d’une étape malplate par excellence où se succèdent de courtes montées le long de la côte d’Albatre. Après le passage à Etretat, célèbre pour ses falaises et son aiguille calcaires, le peloton obliquera en direction sud-ouest sur une longue ligne droite de 25km qui surplombe la côte. En cas de vent, le risque de bordure est donc réel, d’autant qu’il est sous-estimé par rapport à l’étape de Zélande. L’arrivée dans le Havre n’est pas de tout repos non plus, la ligne étant tracée sur les hauteurs du port normand. Ce final se compose d’une bosse de 900m à 7% avant une ligne droite plate de 500m et peut donc sourire à un puncheur.
La septième étape relie Livarot à Fougères. Elle devrait s’offrir à un sprinteur car si le début d’étape explore les collines normandes bien connues de Paris-Camembert, le final et l’entrée en Bretagne seront plats. Les puncheurs et leaders seront plus en vu le lendemain dans le final sur Mûr de Bretagne où Cadel Evans avait triomphé en 2011, deux semaines avant de finir en jaune sur les Champs-Elysées. La bosse d’arrivée est la même qu’il y a quatre ans (2km à 7%, le premier à 10%) mais sera abordé après un virage à 90°.
La neuvième étape de ce Tour 2015 est un contre-la-montre par équipes de 28km entre Vannes et Plumelec où plus précisément la côte de Cadoudal (1.7km à 6.2%) où Valverde s’était offert le premier maillot jaune de l’édition 2008. ASO propose désormais tous les deux ans cet exercice dans un format plus court que lors des années 80 et 2000, ce qui limite les écarts. Cette fois-ci, il aura cependant été nécessaire de demander une dérogation à l’UCI puisque l’épreuve ne peut réglementairement être tenu que dans le premier tiers d’une épreuve par étapes, soit les 7 premières pour un GT. Le placement au neuvième jour de course devrait obliger les équipes de leaders à ménager les équipiers en vue de cette exercice collectif. Les aléas d’une première semaine difficile et nerveuse (chutes, maladies, abandons…) auront aussi leur importance.
Des Pyrénées mal tracées
Après un long transfert aérien depuis la Bretagne et une journée de repos méritée à Pau, les coureurs vont affronter les Pyrénées et trois étapes de haute montagne. La première (E10) emmène les coureurs de Tarbes à la station inédite de la Pierre-St-Martin. Avec une seule montée au programme, ASO fait le choix délibéré de la course de côte. Cette montée hors-catégorie de 15.3km à 7.4% repose principalement sur le Col du Soudet. Comme sur la montée de Chamrousse en 2014, la difficulté se trouve dans la première partie de l’ascension (10km à 8.8%) ce qui devrait obliger les leaders désireux de creuser des écarts à attaquer tôt. On notera que comme en 2013 et 2014, l’étape du 14 juillet sera une arrivée au sommet.
La seconde étape pyrénéenne relie Pau au village de Cauterets pour la quatrième fois dans l’Histoire du Tour (après 1953, 1989 et 1995). Après un début d’étape vallonné, les coureurs affrontent l’enchainement Aspin-Tourmalet (E11). Au pied de la descente, il reste une vallée faux-plat descendant de 12km puis la montée finale très roulante (10km à 4.2%). Entre deux grosses arrivées au sommet, les favoris devraient s’économiser et la victoire revenir à un baroudeur montagnard.
La dernière étape pyrénéenne entre Lannemezan et le Plateau de Beille a un air de déjà vu. Après 2002 et 2004, c’est en effet la troisième fois qu’une étape du Tour de France relie ces deux sites. Le parcours du jour emprunte quatre cols : le Portet d’Aspet vingt ans après la chute mortelle de Fabio Casartelli, le col de la Core, le col de Port et la montée de Beille. Le programme est donc plus léger que lors de la dernière arrivée sur le plateau en 2011. De plus, avec 20km en moyenne entre ces difficultés on peut difficilement parler d’enchainement. L’étape se dirige donc vers une course de côte comme c’est régulièrement le cas à Beille.
Le schéma de la traversée des Pyrénées est très proche de celui de 2011, où le massif avait été complètement escamoté par les favoris : Sanchez et Vanendert avaient gagné au sommet, Hushovd l’étape intermédiaire et les écarts s’étaient mesurés en seconde : 20 perdues par Voeckler dans Luz-Ardiden, 2 gagnées par Andy Schleck dans Beille ! Un bilan désastreux qui avait du se faire retourner Jacques Goddet dans sa tombe. Quatre ans plus tard, ASO montre qu’elle n’a pas appris de cette erreur manifeste. Si le choix de la course de côte à la Pierre-St-Martin est logique (cf schéma), en proposer une autre en fin de massif, a fortiori au Plateau de Beille, ne peut que cadenasser la course. Cette montée, une des plus difficiles des Pyrénées, devrait focaliser l’attention des leaders d’autant que les écarts entre ces derniers pourraient être faibles du fait de la pénurie de chrono.
Une transition sans-répit par le sud du Massif Central
La treizième étape part de Muret, ville-étape inédite, pour rejoindre Rodez. Le parcours vallonné, surtout dans la deuxième moitié de l’étape, devrait favoriser les baroudeurs à moins que les équipes de puncheurs ne cherchent à contrôler la course. Le final est en effet peu favorable aux sprinteurs et ressemble à celui du Havre avec la côte St-Pierre de 500m à 9% suivi de 500m plat jusqu’à la ligne.
Le lendemain, le peloton repart de Rodez pour rejoindre Mende et la montée de la Croix-Neuve, renommée Montée Laurent Jalabert suite à l’exploit du français il y a 20 ans lors du Tour 1995. Cette ascension est depuis visitée tous les 5 ans. Le début d’étape est casse-pattes avant une longue descente sur Millau qui verra le peloton passer sous le célèbre viaduc. Les coureurs remontent alors les superbes gorges du Tarn sur 80km. Le final dans les Cévennes voit la succession de trois difficultés : le Causse de Sauveterre (9km à 6.1%), la côte de Chabrits (1.7km à 7.1%) et l’ascension finale (3km à 10.1%).
La quinzième étape de ce Tour 2015 s’élance de Mende en direction de Valence, oubliée depuis 1996, en traversant le département de l’Ardèche. Le parcours du jour semble cependant délaisser ses beaux paysages. Le début d’étape en moyenne montagne devrait permettre la formation d’une échappée de costaud avant une longue descente sur Aubenas et le passage du col de l’Escrinet (8km à 5.6%) avant quarante derniers kilomètres plats dans la vallée du Rhône. Le sens du vent sera primordial pour la réussite de l’échappée dans ce duel baroudeurs-sprinteurs. Un vent de nord la condamnerait et donnerait lieu à un sprint massif dans les rues de Valence en ce troisième dimanche de course.
La seizième étape quitte Bourg-de-Péage, déjà ville-départ en 2010, en direction de Gap. Le parcours est simplissime et consiste à remonter la vallée de la Drôme, franchir le col de Cabre, passer le faux-plat de la Freyssinousse et effectuer une boucle autour de Gap avec l’inédit Col de Manse et sa descente. Nous exagérons volontiers sur le caractère inédit tant Manse est devenu le tube récent de ASO. Il a en effet été franchi lors des Tours 2010, 2011, 2013 et lors du Dauphiné 2014 ! Après Hushovd et Rui Costa, l’étape devrait revenir à un baroudeur pendant que les favoris s’attaqueront dans la descente technique de la Rochette où Andy Schleck avait perdu pied en 2011 et Contador et Froome avait chuté en 2013.
Les Alpes en dessert
La dix-septième étape entre Digne-les-Bains et Pra-Loup est certainement le meilleur clin d’œil historique de ce Tour 2015. Il y a quarante ans Bernard Thévenet faisait tomber le cannibale Eddy Merckx sur les pentes de cette petite station de l’Ubaye au cours de la mythique étape Nice>Pra-Loup. Depuis, le Tour de France n’était pas revenu. Il délaisse même assez souvent ces « Alpes du Sud » qui désignent tous les cols sous la latitude du lac Serre-Ponçon. Depuis 2000, le Tour ne s’y est aventuré que trois fois (Draguignan-Briançon 2000, Digne-les-Bains 2005 et Jausiers 2008).
Le parcours du jour est nettement plus simple que l’étape dantesque de 1975 et son D+6300. Cinq difficultés sont au programme tout de même. Les cols des Lèques et de Toutes Aures seront franchis sans difficulté et permettront la visite du lac de Castillon. La roulante Colle-Saint-Michel (11km à 5.2%) pourrait permettre un premier écrémage avant l’enchaînement final façon tremplin du Col d’Allos (14km à 5.5%, 2250m), absent depuis quinze ans, et de Pra-Loup (6.2km à 6.5%). Nous regrettons tout de même l’absence du col des Champs (16.3km à 6.5%, 2087m) dont ASO avait laissé entendre la présence avant la présentation.
La dix-huitième étape s’élance de Gap en direction de St-Jean-de-Maurienne en Savoie. La première partie de l’étape est casse-pattes avec un enchaînement de difficultés de moyenne montagne avant le col de la Morte et sa longue descente où Contador avait attaqué Froome sur le Dauphiné 2014. Une fois au pied, les coureurs remontent la vallée de la Romanche avant d’attaquer le col du Glandon qui relie l’Oisans à la Maurienne, soit les deux vallées où vont se concentrer la montagne à partir de maintenant. Avec 21.6km à 5.1%, le Glandon pourrait paraitre roulant mais il cache en réalité deux descentes intermédiaires pour autant de dénivelé en plus à dose de 10-11% ! Au sommet, on bascule dans une descente vertigineuse et on traverse une courte vallée de 6km, avant d’escalader les lacets de Montvernier (3.4km à 8.2%). Les dix-huits courts lacets de cette montée devrait être une image forte de ce Tour 2015. Au sommet, l’arrivée n’est plus distante que de 10km, descente comprise. Le profil de cette étape est très intéressant. Le Glandon permet des attaques lointaines avant un final dans la vallée agrémenté de la montée de Montvernier. Cependant, coincée entre trois grosses étapes de montagne, cette étape risque l’escamotage et une courte explication dans Montvernier. Dommage.

Avec quatre étapes et un final à l’Alpe d’Huez, les Alpes s’annoncent comme le rendez-vous de ce Tour 2015.
La dix-neuvième étape du Tour reliera St-Jean-de-Maurienne à la station de la Toussuire distante d’une quinzaine de kilomètres. Le parcours du jour sera cependant un peu plus long (138km) même s’il s’agit d’un format « sprint » souvent utilisée par ASO ces dernières années. Avec quatre cols au programme, c’est l’étape reine de cette édition. Le départ est donné en col avec l’ascension inédite du col du Chaussy (15.4km à 6.3%), ce qui sera très difficile à contrôler pour l’équipe du maillot jaune. Une transition de 30km dans la vallée suit avant un final sans plat désormais bien connu après 2006 et 2012 avec la Croix-de-Fer par la Glandon, le Mollard et la Toussuire. La terrible ascension du Glandon et son final à plus de 10% peut permettre de lancer des attaques lointaines avant le court Mollard et sa descente technique. La dernière ascension est plus roulante, a fortiori en passant par le Corbier, et condamnera les lâchés du Glandon. Ce format façon tremplin rappelle plusieurs étapes du dernier Giro qui avait donné lieu à de gros écarts.
L’avant-dernière étape s’élance de Modane en direction de l’Alpe d’Huez et ses mythiques 21 virages. Ce sera la 29e arrivée dans la station de l’Oisans mais la première à la veille de l’arrivée. ASO poursuit ainsi son idylle avec la montée et perpétue ce qui ressemble à une escalade de moyens autour de l’ascension. En 2008 elle était le dernier col du Tour, en 2011 aussi au terme d’un format court, en 2013 elle fut escaladée deux fois dans la même étape et en 2015 elle conclut le Tour avant le critérium des Champs-Elysées. Montée difficile, isolée et prestigieuse, l’Alpe d’Huez semble pourtant prédestinée à la course de côte. Conclure un massif et a fortiori un Tour par celle-ci semble donc être une mauvaise idée.
Pour contrecarrer ce risque ASO avait donc opté pour un nouveau format « sprint » en rééditant le tracé de la spectaculaire étape de 2011. Malheureusement la nature en a décidé autrement et l’éboulement à venir au niveau du tunnel du Chambon, situé dans la descente du Lautaret, a entraîné la modification de l’étape. Exit Télégraphe+Galibier, l’étape empruntera à nouveau la Croix-de-Fer par son troisième versant en trois jours. Cette étape est moins difficile que l’initiale. Si le sommet de la Croix-de-Fer est plus proche du pied de l’Alpe d’Huez que le Galibier, sa descente est plus courte laisse place à une vallée plus importante (15 contre 6km). De plus, la montée moins dure que le Galibier peut moins facilement permettre la création d’un écart nécessaire à franchir cette vallée. Le risque de course de côte à l’Alpe d’Huez est donc accru.
Le schéma des Alpes est assez complexe avec quatre étapes de haute-montagne suivant le format : tremplin // arrivée en vallée // tremplin modifiée // sprint + course de côte. Toutes les étapes sont propices à des attaques et à des écarts comme elles peuvent être escamotées et se jouer sur la dernière montée. Pour le coup, ce seront les circonstances, les écarts au général et les coureurs qui décideront de l’amplitude du spectacle.
La traditionnelle vint-et-unième et dernière étape s’élance de Sèvres en proche-banlieue parisienne pour rejoindre les Champs-Elysées. En 2015, on fête le quarantième anniversaire de l’arrivée du Tour sur la plus belle avenue du Monde. Au programme 110km de défilé puis de critérium urbain pour le plus grand bonheur des fans de cyclisme. Les coureurs eux essaieront de digérer le transfert massif depuis le sommet de l’Alpe d’Huez qui est probablement le plus complexe organisé par ASO à la veille de l’arrivée.
Synthèse de ce parcours 2015 : plus proche d’une Vuelta que d’un Tour !
Ce Tour démarre par une première semaine difficile avec de nombreuses étapes pièges avec les pavés (E04), le vent (E02, E06) et des arrivées en bosse (E03, E08). Il faut bien sûr ajouter le chrono d’ouverture et celui par équipes qui nécessitera une bonne gestion de l’effectif tout au long de cette semaine nerveuse. Si la première semaine 2014 était peut-être plus aboutie encore, celle de 2015 reste de qualité, une constante depuis l’arrivée de Prudhomme à la tête de l’épreuve. En 2015, il s’agit même de la force de l’épreuve puisque par la suite on déchante vite.
La traversée des Pyrénées reproduit le schéma catastrophique de 2011 et devrait se résumer à deux courses de côtes à la Pierre-St-Martin et au Plateau de Beille, entrecoupées d’une étape pour baroudeurs montagnards. A moins d’une folie « nibaliesque » vue sur le Dauphiné, on ne retiendra donc pas le crû pyrénéen de 2015.
La transition est plutôt coriace puisque on devrait successivement voir les puncheurs, les grimpeurs, les sprinteurs et les baroudeurs avant les Alpes. Ces dernières sont l’apothéose souhaitée par ASO pour cette édition 2015. Au programme quatre étapes difficiles pour trois arrivées au sommet qui peuvent aussi bien être animées qu’escamotées. Ce seront vraiment les circonstances de course et les écarts au général qui dicteront la conduite des coureurs. Le scénario catastrophe d’un massif qui se résume à l’Alpe d’Huez comme en 2008 ne peut être exclu.
Ce sombre présage est motivé par la probable absence d’écarts entre les favoris. En effet la spécificité de ce tracé est de ne compter que 14km de contre-la-montre individuel ! Ce choix honteux pourrait accoucher d’écarts ténus et d’une « vueltaïsation » du Tour où les favoris se concentrent plus sur les bonifications des arrivées au sommet qu’aux tentatives lointaines ! Certains diront que la première semaine regorge de pièges à même de creuser des écarts. Certes mais ces étapes ne remplacent pas l’exercice du chrono. Un faible rouleur bien entouré peut traverser les bordures, les pavés et le chrono par équipes en ne déboursant qu’une minute en plus de celle prise le premier jour. Deux minutes à reprendre avec 6 arrivées au sommet et 2 en bosses, c’est largement faisable. En reprendre cinq obligeraient à lancer de grandes manœuvres, c’est-à-dire créer du spectacle !
Côté sprinteurs, les arrivées seront plus rares que ces dernières années ou dépendantes de la météo. Au programme des étapes de plaines classiques (E05 Amiens, E07 Fougères, E21 Champs-Elysées) et d’autres plus tourmentées par le vent, les pavés ou le relief (E02 Zélande, E04 Cambrai, E06 Le Havre, E15 Valence). Avec trois voire quatre étapes (E03 Huy, E08 Mûr-de-Bretagne, E13 Rodez + E06 Le Havre) les puncheurs pourraient presque être plus à la fête que les grosses cuisses.
Dernier point de cette revue, ce Tour propose comme chaque année son lot de transferts. En plaine, ils restent plutôt limités et en montagne, on alterne camp de base et long transfert. Les coureurs dormiront ainsi quatre jours à Pau/Tarbes, trois jours à Gap et deux jours à St-Jean-de-Maurienne. Les évacuations APSM>Pau, Cauterets>Pau, Beille>Muret et Pra-Loup>Gap devraient quand même peser. On citera aussi le vrai-faux-transfert de Mende (hôtels à Rodez et Millau) et les deux gros transferts Bretagne>Pau et ADH>Paris en fin de semaine.
Pour conclure ce tracé du Tour de France 2015 est certainement l’un des plus mauvais de l’histoire. Si la première semaine est bonne, la suite l’est bien moins. Le recours abusif aux arrivées au sommet (6 + 3 en bosse), ajouté à un agencement douteux voire catastrophique dans les Pyrénées et au sacrifice du contre-la-montre individuel réduit à un double-prologue nous font plus penser à une Vuelta récente qu’à un Tour de France. On espère quand même que le plateau faramineux annoncé permettra des batailles homériques plutôt que des piques à coup de bonifications. Le pire est peut-être que ce genre de tracé, s’il empêche les grandes manœuvres, entraine un suspense programmé. On vous souhaite donc une bonne Vuelta a Francia 2015 !
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Crédits : profils et carte officiels : Amaury Sport Organisation // Photo titre : Sander.v.Ginkel (via Wikicommons)