Puncheur, rouleur, baroudeur… Anthony Roux est un coureur tout terrain qui a juré fidélité à Marc Madiot depuis le début de sa carrière. Neuf années déjà dans le peloton professionnel et neuf années à faire briller les couleurs de la Française des Jeux. Né dans l’historiquement célèbre ville de Verdun, Anthony est un vrai combattant. Celui que Marc Madiot décrivait en 2012 comme « une force de la nature muni d’une force physique impressionnante » compte déjà plusieurs belles lignes à son palmarès. Récent vainqueur d’une étape au Circuit de la Sarthe, il s’illustre tous les ans sur les Championnats de France et ne passe jamais loin d’une victoire aussi bien sur la course en ligne que sur l’effort en solitaire. Un coureur complet donc, ambitieux, qui a déjà levé une fois les bras sur un Grand Tour : la Vuelta. Il s’est prêté au jeu des cinq questions du Gruppetto à l’arrivée de la dernière étape du Tour de Wallonie, avec le sourire.
LG : Comment s’organise une coupure de près d’un mois lorsqu’on veut revenir affuté sur les courses ?
Après les Championnats de France, je me suis permis cinq jours sans vélo. Un repos total, nécessaire, avant de retourner sur la route avec des sorties quotidiennes de deux heures pendant une semaine. Un moyen de reprendre le rythme sans se prendre la tête tout en étant dans une période de récupération. Pour ma part, j’associe ces courtes sorties à de la course à pied. On peut trouver cette manière de fonctionner bizarre mais j’aime courir avant une reprise plus sérieuse. Les sorties deviennent ensuite de plus en plus intensives et de plus en plus longues. L’objectif est d’être apte à répondre présent lors des courses de « reprise ». J’avais également prévu quelques journées de repos en fin de préparation pour assimiler efficacement le travail avant de reprendre la route sur ce Tour de Wallonie.
LG : Vos sensations tout au long de ces cinq journées étaient donc réconfortantes avant vos prochains objectifs ?
On peut le dire, les sensations ressenties étaient plus que positives malgré un Tour de Wallonie beaucoup plus intense que lors de mes dernières participations. Les conditions météorologiques n’ont facilité en rien notre reprise… Le vent constant et la pluie demandent des efforts supplémentaires. Au terme de ces cinq jours en Belgique, il nous reste deux journées pour récupérer avant San Sebastian. Je souhaite y faire bonne figure (ndlr. Anthony s’est classé 15e de la classique du Pays Basque l’an dernier).
LG : Sur la Clasica San Sebastian, doit-on s’attendre à voir un coureur frais à la sortie d’une période de récupération briller ou un participant au Tour de France ?
Généralement, le vainqueur sort du Tour de France. Dans la continuité d’une course de 21 jours, ils ont pas mal de force (ndlr. rappelons que l’Alto de Jaizkibel est la difficulté principale de la classique, à savoir 7,8km à 5,8% de moyenne, qu’il faudra franchir à deux reprises). Cependant, la Grande Boucle était bien plus exigeante cette année. Cela est particulièrement dû aux changements de climat et de température tout au long des trois semaines entre le froid et le vent de Zélande aux hautes températures enregistrées dans les massifs français. Tout dépendra de la récupération des leaders souhaitant briller samedi. S’ils sont restés focus sur San Sebastian à la sortie du Tour, ils seront difficiles à décrocher. En ce qui nous concerne, ceux du Tour viendront protéger les deux leaders que sont Arthur Vichot et moi-même.
LG : Quel est votre ressenti sur l’évolution de la FDJ après neuf ans sous le commandement de Marc Madiot ?
L’équipe a en effet pas mal évolué, d’autant plus avec les arrivés à maturité de Démare et Pinot. Au début il y avait un peu d’individualisme dans l’équipe, on pensait parfois trop à nos performances individuelles. Disposer de deux leaders nous a permis de réellement fonctionner comme une grosse équipe World Tour. On a notre carte à jouer sur les plus grandes courses, des leaders à protéger et c’est intéressant de toujours faire partie du projet neuf années plus tard. La structure me convient parfaitement.
LG : Hormis l’arrivée de nouveaux coureurs et des résultats de plus en plus probants, on imagine que d’autres domaines ont également profité des progrès de l’équipe ?
En effet, c’est un tout. Le staff cherche à se spécialiser dans tous les domaines liés de près ou de loin à nos performances pour toujours devenir plus compétitif. Si je devais sélectionner une avancée majeure, je dirais que notre collaboration avec Lapierre nous offre la possibilité de disposer d’un matériel idéal. C’est une obligation désormais dans l’élite de pouvoir viser l’optimal dans chaque domaine et la FDJ ne laisse rien au hasard.
Propos recueillis par Guillaume Zaracas.