Deux étapes étaient au programme des Alpes. La première proposait deux cols en fin d’étape : le quasi-inédit col de Palaquit (14,1 km à 6,2%) et la montée finale vers Chamrousse (18,3 km à 7,2%), premier rendez vous dans la haute montagne de ce Tour 2014, mené par Vincenzo Nibali. Nous avons passé au crible ces deux ascensions grâce à notre modèle d’étude des puissances.
Le col de Palaquit (1154m) est pratiquement inédit sur la route du Tour de France. Il s’agit en effet d’une variante du col de Porte (1326m) situé plus haut et par laquelle était passé le fameux Tour 1989. Son profil est irrégulier proposant de nombreux kilomètres à 9-10% mais aussi des faux-plats et même une descente après 4km seulement. Il en résulte un pourcentage moyen peut représentatif de la difficulté de cette ascension : 14,1km à 6,2%.Membre de l’échappé, l’italien De Marchi a profité de cette difficulté pour s’isoler à l’avant et réalise le meilleur temps d’ascension. Après un départ prudent, il creuse l’écart sur l’ensemble de ses poursuivants dans la deuxième partie du col, développant 359 W pendant 28min. Le peloton, au sein duquel figure le maillot jaune Nibali, quant à lui, est monté tranquillement et n’affiche donc que 337 W sur la partie la plus difficile du col. Seul attaquant à oser sortir du peloton, Luis Angel Mate a limité l’écart sur le coureur de la Cannondale avec une moyenne de 353 W. En difficulté, dès les premiers kilomètres, le polonais Kwiatkowski concède une quinzaine de secondes au sommet. Il ne développe pourtant que 315 W de moyenne sur l’ensemble du col, loin du standing d’un Top 15 du Tour précédent…
Le col de Palaquit quelque peu escamoté, les leaders se réservaient donc pour la grande explication vers Chamrousse. Celle-ci a eu lieu avec une première attaque de Pinot à 12km du sommet dans la portion la plus dure de l’ascension, avant la réponse de Vincenzo Nibali…
Déjà dominateur à la Planche des Belle Filles, le maillot jaune Nibali récidive à Chamrousse. Après avoir suivi les attaques des autres leaders, l’italien attaque à son tour à 6700m de la ligne avant de revenir puis de déposer le duo Majka-König sous la banderole des 3km. Le coureur d’Astana affiche une puissance de 413 W pour un effort de 50min. Celle-ci est logiquement en dessous de sa performance à la Planche des Belle Filles du fait de la durée de l’effort (439 W sur 16’45). L’italien perd ainsi 0.8W par minute d’effort supplémentaire dans cet intervalle.
Le requin de Messine signe un temps de 49’51 », loin du record de la montée établi par Lance Armstrong en 2011 (47’46 »). Ce jour là, la montée de Chamrousse constituait un chrono en côte et ne venait donc pas conclure 200km de course, mais le texan y avait établi une de ses nombreuses performances depuis délégitimées (435 W). Notons qu’une nouvelle fois la valeur de 413 W de Nibali dépasse la barrière dite de « dopage avéré » fixée à 410W. A ce stade, cela est cependant insuffisant pour insinuer une suspicion sur le coureur italien. La barrière des 410W se base en effet sur une étape de montagne dense, proposant plusieurs montées de col. Dans le cas de l’étape de Chamrousse, un seul col précédait l’arrivée au sommet et nous avons vu que celui-ci a été plutôt escamoté par le peloton. De plus, Nibali a parfaitement profité du travail de son équipier Kangert puis des relais de Pinot et Valverde avant de partir seul. Avec 413W, l’italien apparaît même inférieur au duo Froome & Quintana sur le final du Ventoux 2013 (respectivement 422 et 418 W) d’une durée équivalente.
Derrière le maillot jaune, Majka et König qui avait anticipé la bagarre affichent eux aussi de belles performances. Le duo Valverde-Pinot n’est pas en reste et aurait pu certainement prétendre suivre son homologue tchéquo-polonais s’il ne s’était pas tiré dans les pattes. Les poursuivants semblent un cran en dessous, même si Péraud (399 W) confiait avoir souffert de crampes. En difficulté dès le Palaquit, le polonais Kwiatkowski a très bien limité la casse relevant son niveau à 375 W. Il reste certes inférieur à l’an dernier mais semble se connaitre suffisamment pour ne pas se mettre dans le rouge trop tôt et/ou surmonter un passage à vide.
Le perdant du jour se nomme Richie Porte. L’australien a craqué à 12,5 km du sommet et affiche un pauvre 341 W loin de son niveau affiché en 2013 (396 W sur la fin du Ventoux). L’addition aurait pu être plus salée encore si le peloton avait accéléré dans le Palaquit, monté juste en dessous de cette allure.
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Par Svam, avec l’aide de CSC_3187. Crédit photo : Filip Bossuyt (via WikiCommons)