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Dans un précédent article, le parcours du Giro 2014 avait été jugé trop décevant. Puisqu’il ne faut pas s’arrêter à la simple critique, le Gruppetto vous propose un exemple de tracé corrigé en y mettant tout de même quelques contraintes. En effet, les tracés de courses cyclistes n’ont généralement comme limite que l’imagination et la richesse du réseau routier (encore est-il que nombreux aimeraient voir de nouvelles pentes conquises par l’asphalte en vue de les explorer). Rien n’empêcherait donc de reprendre le tracé de A à Z… Dans notre cas, la contrainte principale est de se rapprocher de celles de l’organisateur en respectant les villes étapes choisies par celui-ci. Celles-ci étant fixées, il s’agit de montrer comment on peut mieux améliorer le parcours proposé en appréhendant mieux la richesse du terrain et/ou l’ordre entre les étapes.

La critique du tracé officiel du Giro 2014 reposait sur plusieurs points, résumés ci dessous :

– Un départ en Irlande peu attrayant
– Trop d’arrivées au sommet contre aucune arrivée en descente.
– Trop de courses de côtes (choisies ou subies)
– Un chrono principal trop vallonné

Pour gommer ces défauts, voici huit étapes « corrigées ». Les profils sont présentés et les difficultés nouvelles sont indiquées avec leurs longueur et pente.

 

Etape 02 : Belfast-Belfast 

Introduction d'une côte dans le final pour perturber le sprint

Introduction d’une côte dans le final pour perturber le sprint

Le Giro 2014 s’ouvrira un vendredi avec un chrono par équipes. Il n’y a pas de raison objective de s’opposer à ce choix, comme à un autre. Le tracé officiel se poursuit alors avec deux étapes plates destinées aux sprinteurs… Désespérément plates devrait-on dire pour ce premier week-end de course. La première correction consiste donc à durcir le final d’une de ces étapes pour au moins perturber la préparation du sprint. La banlieue de Belfast s’y prête le mieux avec la côte d’Hannahstown (1.4km à 7%), introduite à moins de 10km de la ligne. Le reste de l’étape reste basée sur le tracé officiel, en bord de mer et donc sous la menace du vent côtier.

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Etape 09 : Lugo-Sestola

Introduction d'un col pour éviter une course de côte

Introduction d’un col pour éviter une course de côte

Si l’étape officielle vers Sestola et le Passo di Lupo (16.5km à 5.5%) n’est pas la plus mauvaise – notamment en raison de l’ascension finale dont le profil pousse à attaquer avant les 5km – le passage du peloton dans cette partie des Appenins est une occasion trop belle pour se contenter d’une simple course de côte. La région regorge en effet de plusieurs cols difficiles notamment le Passo di Croce Arcana (16km à 6.4%). C’est ce col aux pentes irrégulières qui est propose aux coureurs. Il est suivi de sa descente très technique jusqu’à Fanano où commence la bosse finale vers la station de Sestola (8.4km à 5.6%). Ce profil rend la course plus imprévisible en poussant à attaquer de plus loin et en l’ouvrant notamment aux descendeurs et aux tactiques d’équipe. Avoir placé un équipier dans l’échappée matinale pourrait ainsi se révéler d’un grand secours dans la bosse finale. Pour des raisons de kilométrage, du fait du départ éloigné de Lugo, il n’a pas été possible de placer d’autres cols de moyenne montagne pour durcir cette étape avant l’enchaînement final. Mais les contraintes sont les contraintes.

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Etape 12 : Barbaresco-Barolo CLM

Le chrono initialement prévu et bien plus favorable aux rouleurs

Le chrono initialement prévu, bien plus favorable aux rouleurs

Comme confié lors de l’analyse du parcours officiel, le changement de tracé du contre-la-montre de Barolo est probablement une erreur. En accentuant le dénivelé, il soulage les purs grimpeurs d’un effort de spécialiste de l’épreuve individuel auquel ils rechignent. Ce type de chrono, bien que rebutant, est pourtant essentiel pour obliger par la suite les grimpeurs à attaquer et rattraper le retard ainsi concédé. Cette étape corrigée n’est donc qu’un simple retour à l’étape initialement prévue : 35km de plats puis deux bosses pour 48km d’une belle épreuve individuelle.

Etape 14 : Aglié – Santuario di Oropa

Arrivée au Sanctuaire de Oropa par le versant nord ("Colle Rosazza")

Arrivée au Sanctuaire de Oropa par le versant nord (« Colle Rosazza »)

Encore une fois, cette étape n’est probablement la plus mauvaise de l’édition 2014. Le parcours officiel propose un enchaînement de trois belles montées avant de finir sur le versant classique du Santuario di Oropa. Dans cette étape corrigée, on se propose d’explorer un versant plus exotique par la face nord de la montagne. Ce choix présente le double avantage de raccourcir de ses 15km les plus faciles la descente depuis Belmonte mais aussi de proposer une montée plus pentue (7.7km à 8.1% contre 11.8km à 6.2% pour l’originale). La montée finale culmine à 1510m au niveau du tunnel de Rosazza, c’est à dire en amont du Sanctuaire de Oropa. Les coureurs devront donc affronter une courte descente de 5km pour rallier l’arrivée. Comme sur l’étape de Sestola, la correction a pour but de mieux dynamiser l’étape en valorisant les attaques de coureurs offensifs et/ou à l’aise en descente, que ce soit dans celle de Belmonte ou du « Colle Rosazza ».

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Etape 18 : Monte Grappa CLM

Pas un changement de tracé mais un changement de jour pour ce cronoscalata XXL qui est ramené de l’étape 19 à la 18. Comme dit lors de l’analyse, ce genre d’épreuve peut focaliser l’attention des favoris dès la veille. Le remède est alors de placer cette épreuve au début du dernier triptyque montagneux.

Etape 19 : Belluno – Monte Zoncolan

Changement de départ au profit de Belluno et passage par la Mauria

Changement de départ au profit de Belluno et passage par la Mauria

Dans la même logique, l’étape du Zoncolan ne peut conclure le massif sous peine de transformer l’étape restante (en position 2) en vulgaire étape de transition. L’étape est donc avancée à la veille (étape 19 au lieu de 20). L’esprit de l’étape initiale est tout de même conservé avec le passage sur le Passo di Pura et la Sella di Razzo. Le départ est simplement déplacé à Belluno et emprunte alors le Passo della Mauria, très roulant (12.5km à 4.5%) avant de reprendre le tracé officiel au pied du Pura.

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Etape 20 : San Gemona – Borgo Valsugana

Dernière étape marathon avec une arrivée en descente après le Manghen

Dernière étape marathon avec une arrivée en descente après le Manghen

L’étape du Rifugio Panarotta est le gros raté du tracé officiel 2014. Corriger cette étape était donc une priorité. La montée finale est imposante mais elle semble malheureusement trop isolée pour en sortir quelque chose d’intéressant en dehors d’une course de côte ou d’élimination par l’arrière. L’astuce est alors de jouer sur le nom de l’étape qui fait référence au Valsugana, nom de la vallée où se trouve cette montée inédite. Dès lors, l’étape corrigée arrivera bien dans le Valsugana… mais dans la vallée ! Le parcours proposée est quasi directissime du fait du départ éloigné depuis le Frioul et San Gemona. Trois cols des Dolomites sont à escalader : le Passo Duran (8.1km à 8.2%), auquel succède rapidement le Passo di Vallès (19.9km à 6.3%), suivi d’une longue vallée avant le Passo Manghen (16.4km à 7.5%), très pentu dans sa deuxième moitié. Au sommet, il reste 23km d’une descente rapide pour atteindre Borgo Valsugana, terme de l’étape. Autre conséquence de cette correction, cette dernière étape est longue de 244km, ce qui devrait entraîner des défaillances après trois semaines de course. Enfin, si la présence de vallées demeurent par rapport à l’étape officielle, le fait que cette étape soit la dernière décisive doit permettre de les utiliser positivement avec des équipiers à l’avant, comme lors de l’étape du Stelvio en 2012.

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Etape 21 : Maniago – Trieste

La dernière étape ne voit que son lieu de départ changer et le nombre de tours de circuit se réduire (de 8 à 6) pour des raisons de kilométrage. Le départ se fait de Maniago par le jeu des permutations entre ville-départs pour minimiser au mieux les transferts, qui sont toutefois plus élevés dans cette version corrigée que dans le tracé officiel.

 

Bilan 

La réinstauration du chrono de spécialiste devra pousser les grimpeurs à l’attaque pour combler leur retard concédé avant la montagne. Pour cela trois arrivées au sommet ont été supprimés (Sestola-Lupo, Oropa et Rifugio Panarotta) au profit de deux arrivées en descente technique (Oropa et Borgo Valsugana) et d’une arrivée en bosse précédée d’un tremplin (Sestola). Ces changements remettent l’art de la descente comme un bagage nécessaire au vainqueur du Giro. De plus, le triptyque en montagne final a été réorganisé pour diminuer les risques d’attentisme. Le cronoscalata du Monte Grappa et l’arrivée au Zoncolan précèdent ainsi une dernière étape marathon dans les Dolomites. Jusqu’au dernier jour, rien ne peut donc être jouer puisque jusqu’au bout les attaquants auront un terrain à leur mesure pour renverser le classement général. Enfin, le départ en Irlande a été rendu moins insipide en boostant l’étape de Belfast auparavant promise au sprint massif.

 

Ce tracé revisité vous séduit-il ? Pour réagir, débattre ou proposer d’autres améliorations, rendez-vous sur le forum du Gruppetto…

 

Par Svam – Crédit profil chrono : RCS Sport – Tracés réalisés sous openrunner

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