Écrit le par dans la catégorie Cyclo-Cross, Féminines, Hors-catégorie.

 A la fin de la manche de coupe du monde se déroulant à Tabor, tandis que les concurrentes, une à une, passaient sur la ligne et que s’affichait aussitôt leur nom, leur temps et leur nationalité, je fut frappé de la tendance qui œuvre depuis septembre au sein du cyclocross féminin, à savoir la disparition des hollandaises et la domination des coureuses américaines et britanniques en l’absence de Marianne Vos.

Dynamisme anglo-saxon

Sur la manche de Valkenburg, la reine Marianne étant présente sur ses terres, ayant prolongé sa saison pour ce rendez-vous, ce fut logiquement elle qui s’imposa. Mais derrière suivaient une américaine et deux britanniques, avant que reviennent les nations classiques de la discipline : France, République Tchèque, Belgique, Hollande. Puis à la sortie du top dix les États-Unis accaparaient les places. A Tabor, la chose fut plus éloquente encore : trois américaines et trois britanniques dans le top douze. Aux championnats d’Europe, doublé anglais ! Kathie Compton à son habitude assure l’intérim avant le retour de Marianne Vos tandis que sur Nikki Harris et Helen Wyman se relaient dans la domination du groupe européen, que ce soit sur la coupe du monde ou sur les challenges belges.

De fait, le cyclocross anglo-saxon apparaît beaucoup plus dynamique que le reste de la vieille Europe. Au classement UCI, la Hollande est sur le point de se faire dépasser par la nation anglaise (3995 contre 3980 au 29 octobre 2013). Marianne Vos inconstante, Daphny van den Brand à la retraite et Sanne van Paassen absente, la pauvre Sabrina Stultiens ne peut assurer seule la gloire de l’ancienne hégémonie hollandaise. Le Royaume-Uni lui est poussé par ses deux championnes. Pourtant c’est aux États-Unis que les féminines sont les plus encouragées, défendues, et en récompense offrent la plus grosse homogénéité. Au point que nombre de coursières européennes ont choisi de s’exiler outre-Atlantique.

Les États-Unis, au contraire de nombre de pays traditionnels du cyclocross, ont compris les possibilités de la discipline comme divertissement sportif de premier plan (1). Mieux, ils ont compris que les femmes, loin d’offrir des prestations inférieures aux hommes, peuvent délivrer un spectacle de grande qualité. Seule la Hollande en Europe traite ainsi équitablement les deux sexes (et encore). En Belgique comme en France, les diffusions télévisées où la course des femmes est réduite à quelques extraits, à l’égal des catégories jeunes, démontrent cette inégalité flagrante de traitement. En résulte un calendrier américain très dense, très disputé, au niveau très élevé. Nombre de coureuses américaines préfère de fait privilégier ces courses plutôt que de s’aligner sur la Coupe du Monde, où une place d’honneur ne leur apportera pas autre chose que la satisfaction personnelle. D’où les nombreuses championnes, voyant le traitement accordé en Amérique, qui n’ont pas hésité et résident actuellement sur le sol américain : Helen Wyman, Katherina Nash ou encore Caroline Mani et Julie Krasniak pour la France.

hollandaises cyclocross

Répartition des forces

Les raisons qui pourraient appuyer la montée d’une hégémonie anglo-saxonne sont là. Ensuite, il faut voir à élargir et décrypter s’il s’agit d’un changement sur le long terme ou d’une tendance épisodique. Il est certain que la montée en puissance des États-Unis n’est pas un fantasme. Mais les championnats d’Europe qui ont eu lieu peuvent déjà apporter des informations intéressantes : dans la catégorie espoirs, ce sont des hollandaises qui ont dominé les débats. La nation forte du cyclocross féminin porte encore de belles jeunes pousses, tandis que Sanne van Paassen, âgée seulement de 25 ans (tout comme Marianne Vos) promet une durabilité certaine. On peut noter à cette occasion le refus de la France d’emmener les prometteuses Perry et Gaultier pour un titre junior potentiel, nette démonstration du mépris de la fédération envers la pourtant efficace portion féminine.

Du côté anglais, Harris a atteint la maturité à 27 ans et Wyman à 32 approche de la fin de carrière, sans qu’on puisse voir approcher une succession valable. Du côté américain, on peut quand même constater que seule Compton a le niveau pour se confronter (et vaincre) le haut plateau européen. Le nombre n’assure pas les champions. La France le sait bien. Le championnat du monde de l’année dernière, sur le sol des États-Unis, l’illustre parfaitement : derrière Vos et Compton, la deuxième américaine était devancée par une française, une tchèque, deux hollandaises, une italienne et une suisse, sans noter non plus la moindre britannique. Les grands espoirs de la discipline sont actuellement hollandaises, belges (Sanne Cant) ou françaises (Pauline Ferrand-Prévot).

D’ailleurs, l’année dernière les deux anglaises avaient effectué un tonitruant début de saison, avant de craquer sur les dernières échéances. Avec Sanne van Paassen blessée, Sanne Cant encore un peu juste, Lucie Chainel montant en puissance, il est facile de croire à une transition des nations dominantes du cyclocross féminin. Pour le coup, il s’agit plutôt d’une tendance épisodique. Marianne Vos reviendra bien assez tôt remettre les pendules à l’heure. Mais cela démontre que, même si comme chez les hommes les nations puissantes sont peu nombreuses, celles-ci sont différentes des primats masculins. Le Royaume-Uni et les États-Unis chez les féminines, à l’inverse de l’autre sexe, pèsent sur les résultats. On peut noter actuellement huit nations notables, l’Allemagne n’ayant pu retrouver un second souffle suite au retrait d’Hanka Kupfernagel : Hollande, Royaume-Uni, États-Unis, Belgique, France, République Tchèque, et à un deuxième cran l’Italie et la Suisse.

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1 http://videosdecyclisme.fr/pourquoi-regarder-le-cyclo-cross/

 

Rédaction Bullomaniak (crédit photo : Natuur12, Wikicommons et  Magnus Manske, Wikicommons)

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