La Fédération Japonaise de Cyclisme a choisi la préfecture d’
Okinawa pour accueillir les Championnats Nationaux du Japon. Ce bout de terre à l’extrême Sud du pays a notamment donné naissance à
Yukiya Arashiro et au vétéran
Chris Horner. Okinawa est également célèbre pour la longévité de ses habitants, dont l’espérance de vie est la plus élevée au monde. Et si c’était ça, le secret de Chris Horner ?
Mais revenons au cyclisme. Ces championnats se dérouleront autour de la ville de
Shioya dans la partie Nord de l’ile d’Okinawa. Les alentours sont plus boisés qu’urbanisés mais offrent un terrain vallonné, ce qui devrait assurer le spectacle.
Le contre-la-montre, long de
38 km, sacrera un homme fort ayant su gérer ses efforts de façon optimale. En effet, le long faux-plat montant présent dans les derniers kilomètres ne tolérera aucune faiblesse. Le parcours est une boucle autour de Shioya et longera la Mer de Chine et l’Océan Pacifique.
La course en ligne est un circuit de
16.7 km à parcourir 11 fois, pour une distance totale de
185 km et un dénivelé positif de presque
4 000 m. Ce circuit proposera deux côtes :
-
Shioyafuji (212 m d’altitude) : 2.4 km à 8.3 % et une pente max de 14 %
-
Nekumachijidake (254 m) : 1.5 km à 7 % et une pente max de 12.7 %
Plusieurs scenarii et tactiques sont possibles, même si les puncheurs ont les meilleures cartes au départ. Cela tombe bien, le profil des baroudeurs japonais correspond tout à fait aux caractéristiques requises. Les championnats 2013 offrent donc la perspective d’une belle bataille. On en aura d’ailleurs un aperçu dès janvier. En effet, Shioya a fait coup double en obtenant l’organisation d’un critérium de deux jours fin janvier, dans la foulée du Tour Down Under. Après l’épreuve australienne, les coureurs pourront donc peaufiner leur condition physique tout en promouvant leur sport auprès d’un nouveau public. Cette démarche s’inscrit parfaitement dans l’internationalisation du cyclisme voulue par l’UCI. Ainsi, en 2014, tous les continents organiseront une course en ouverture de saison : le
Tour Down Under en Océanie, le
Tour de San Luis en Amérique, la
Tropicale Amissa Bongo en Afrique, le futur
Tour de Dubaï en Asie Occidentale, et donc ce
Critérium d’Okinawa en Asie Orientale.
Le plateau de cette épreuve n’a par ailleurs rien à envier à ses homologues. Pas moins de 11 équipes World Tour ont fait le déplacement. Les têtes d’affiche sont donc présentes, à l’image de
Dan Martin et
Betancur, qui voudront briller sur la première étape vallonnée.
Taylor Phinney, lui, visera le contre-la-montre du lendemain alors que certains comme
Spilak ou
Velits présentent un compromis rouleur-puncheur très intéressant.
Chris Horner aurait bien voulu courir sur sa terra natale, mais son équipe n’est pas invitée. En revanche,
Arashiro est bien présent sur la ligne de départ. Pour la première fois depuis 2008, le japonais n’est cependant pas sous la houlette de Jean-René Bernaudeau. Le japonais s’aligne désormais dans les rangs de l’ancienne
Team Nippo, désormais sponsorisée par
Waon depuis l’intersaison. Le groupe de services financiers a apporté les fonds nécessaires pour recruter
Arashiro, mais également le champion du Japon
Yukihiro Doi, lui aussi aligné sur cette course.
Ce même
Doi est d’ailleurs le premier à vouloir s’illustrer sur la première étape. Son attaque dès le baisser de drapeau ne lui permet toutefois pas de prendre le large car les attaquants sont très nombreux en ce début d’année. Le jeune
Sonny Colbrelli ou l’expérimenté
Fothen veulent ainsi prendre l’échappée. Mais dans le même temps, les
Omega-Pharma Quick Step de
Velits et
Meersman assurent un tempo assez élevé pour qu’un gros groupe ne puisse pas prendre le large. Il faut donc attendre un tour de circuit pour voir un coureur prendre ses distances, en la personne d’
Ovechkin. Le russe effectue une quinzaine de bornes en solitaire avant d’être repris par
Soupe et
Persson, dans presque tous les coups depuis le départ. Puis
Doi parvient également à raccrocher les roues pour compléter ce quatuor d’attaquants. Cependant, l’espoir d’aller au bout est bien mince car, à 110 kms du but, les
Blanco, les
Cannondale et les
Saxo viennent aider la formation de Patrick Lefévère en tête de peloton alors que l’écart n’est que de 7 minutes.
Au fil des bosses, le peloton s’étire de plus en plus et certains n’ont pas encore la condition pour suivre les roues. C’est notamment le cas de toute la formation Astana, du champion du Kazakhstan
Bazayev à
Ponzi, en passant par
Gavazzi.
Taylor Phinney, l’un des favoris de ce mini-tour grâce au chrono de demain, lâche aussi prise à peine la mi-course franchie. Pour ces deux dernières heures de selle, le rythme s’accélère, ce qui permet un écrémage progressif.
Bardet et
Meersman doivent à leur tour se résigner. Puis, à 3 tours de l’arrivée, la course d’usure cesse pour faire place aux audacieux.
Frank ,
ten Dam et
Tiralongo accélèrent au sommet de la deuxième bosse du parcours. Les deux derniers se lancent à corps perdu dans la descente, alors que
Frank assure ses trajectoires. Il laisse filer ses deux adversaires, et se fait même déposer par un kamikaze japonais.
Hayakawa, de la toute nouvelle formation
Waon, parvient à raccrocher les roues du duo avant la portion plate. Cette offensive ne fait cependant pas long feu car les
Ag2r et les
Cannondale sont bien en place.
Kolobnev,
König,
Frank et
Wegmann ont un peu plus de réussite. Ils accélèrent au passage de la ligne d’arrivée et font le trou. Les deux derniers nommés distancent d’ailleurs leurs compagnons dans la principale difficulté de cet avant-dernier tour et reviennent sur l’échappée matinale. À 20 kms du but, le groupe de six possède 30 secondes de marge sur
Kolobnev et
König, et le triple sur un peloton qui ne s’affole pas.
Il ne faut pourtant pas tergiverser car on entre déjà dans le dernier tour du parcours. Heureusement pour le gros des favoris, les hommes de tête ne s’entendent pas. Le retour des deux intercalés ne change pas la donne, si bien que l’écart a déjà diminué de moitié au pied de la côte de Shioyafuji. Intercalé,
Lastras se sent peut-être moins fort et a cherché à anticiper les débats en sortant sur le plat. À sa poursuite,
Mørkøv et les
Saxo sont pourtant en ordre de bataille pour
Sørensen. Le grimpeur danois prend d’ailleurs la tête du groupe pour mettre dans le rouge ses adversaires dans les plus gros pourcentages. Le résultat n’est pourtant pas très satisfaisant. Certes, tous les attaquants sont repris, mais le peloton est encore gros d’une quarantaine de coureurs à quelques encablures du sommet.
Sørensen se relève alors, ce qui permet à
Lastras d’en remettre une ! Dans la descente,
Moreno Moser contre le coureur Movistar, qui parvient tout de même à accrocher la roue de l’italien.
Wegmann,
Frank et
Betancur sont les plus prompts à réagir.
Son équipe a travaillé toute la journée, mais
Sørensen est bel et bien piégé. Il peut cependant compter sur le soutien de
Velits. Le slovaque ramène tout le groupe sur les attaquants, qui ne se résignent pas, loin de là. Ils repartent de plus belle, cette fois accompagnés de
Velits et
Casar. Seul
Moser manque à l’appel. Ce n’est pas gênant pour les
Cannondale, qui peuvent encore mettre
Caruso à la planche. Ils sont donc 27 à basculer groupés au sommet, mais sans
Dan Martin, pas encore à son top. Parmi eux, certains n’ont aucune chance au sprint. C’est le cas de
ten Dam,
Frank et
Betancur, qui accélèrent en début de descente. Si l’attaque était survenue dans la montée,
Arashiro n’aurait sûrement rien pu tenter. Mais le japonais s’est accroché et veut suivre cette offensive. Si les autres se regardent, cela peut être le bon coup car il ne reste que 6 kms en descente à couvrir.
Mais ce n’est pas le cas, et il faut être costaud pour fausser compagnie au rythme de
Caruso et
Sørensen. De fait,
Betancur est le seul à y parvenir. Le colombien passe avec quelques secondes d’avance sous l’arche des 5 kms, avant de faiblir. Déchaîné,
Arashiro sort de nouveau et effectue la jonction deux kms plus loin. Le peloton est sur les talons des deux hommes qui ne doivent pas s’observer. Ce n’est pas le cas car
Betancur lance vite son sprint, mais
Moser est déjà presque revenu dans la roue du coureur Waon. Le jeune italien en a peut-être trop fait au préalable car il ne parvient pas à faire la différence. Dans le même temps,
Capecchi et le surprenant
Kelderman, dans les roues depuis le départ, reviennent comme des bombes. Dans le dernier virage, les coureurs prennent tous les risques.
Kelderman et
Arashiro sortent en tête de cette dernière difficulté mais faiblissent dans les 500 derniers mètres en ligne droite. À 100 mètres de la ligne, le rouleur néerlandais se fait finalement déborder par
Capecchi. L’italien décroche son premier succès de la saison, tandis que
Kelderman réalise la bonne opération du jour avec ces 12 secondes de bonification.
Pour la deuxième étape de ce tour, les coureurs doivent venir à bout d’un contre-la-montre de 38 kms. L’idéal pour jauger de son travail pendant l’hiver, mais cette épreuve peut également donner lieu à son lot de surprises compte tenu des états de forme disparates en ce début de saison. Chez la
Novo Nordisk, on est loin de ces considérations. Mais
Raeymaekers a l’honneur d’établir le premier temps de référence en 1h01’48’’. Évidemment, ce chrono est vite battu.
Serov est le premier à en finir en moins de 1h01’. Puis c’est au tour de
Tjallingii de casser une barrière, celle de l’heure d’effort. Le rouleur néerlandais, 3ème de Paris-Roubaix 2011, établit la première référence sérieuse. Ses adversaires ne tiennent pour l’instant pas la comparaison.
Bonnet,
Fothen,
Voss et
Kluge n’approchent pas ce temps à moins de 15 secondes.
Transparent hier et déjà pointé à 15 minutes au général,
Taylor Phinney n’a plus aucune chance de victoire finale. Il reste cependant l’un des favoris pour l’étape du jour. Même si son gros gabarit n’est pas un avantage dans les bosses du parcours, l’américain fait parler sa puissance dans les portions plates. Il coupe donc la ligne en première position, 1’14’’ plus rapidement que
Tjallingii. La marque de
Phinney pourrait bien tenir un moment au vu du plateau, mais peut aussi être menacée par des rouleurs-puncheurs comme
Brutt ou
Kashechkin. Le russe et le kazakhe sont certes sous la minute, mais tout de même à distance respectable de
Phinney. Puis coup sur coup,
Jérémy Roy et
Javier Moreno s’emparent de la seconde place. Les deux hommes ne concèdent qu’une trentaine de secondes sur la marque de référence.
Phinney n’est donc pas assuré de la victoire, d’autant que
Zabriskie réalise une grosse performance en n’ayant que deux secondes de retard avant la dernière bosse du parcours. Le champion des Etats-Unis donne tout dans ces derniers kms. Son gabarit lui permet d’être un peu plus efficace que son compatriote.
Zabriskie prend ainsi la tête pour quelques centièmes, avant que son temps ne soit corrigé à son désavantage ! Il était toutefois trop loin pour espérer l’emporter, tout comme
Gusev, qui prend place sur la dernière marche du podium.
Cummings ne fait pas mieux, mais l’intérêt est ailleurs : avec l’arrivée de l’anglais, on entre dans le cercle des coureurs bataillant pour le général. Avec 49 secondes de retard,
Frank devait réaliser un exploit mais sa performance du jour n’est pas assez bonne.
Stybar et
Visconti ne font pas mieux, alors qu’arrive
Betancur. Le colombien avait attaqué dans la dernière descente hier, mais aujourd’hui il faut faire la route en sens inverse et c’est plus difficile quand on lutte seul.
Betancur finit loin, c’était prévisible.
Le premier à prendre position pour le général n’est autre que
Simon Spilak. Le slovène de
Katusha s’empare du 6ème rang à 42 secondes de
Zabriskie. Mais dans la foulée,
Jan Barta, 10ème hier, met 29 secondes dans la vue de
Spilak. Il se positionne en gros outsider pour le podium final, voire mieux ! Il va en tout cas remonter plusieurs concurrents, à commencer par
Moreno Moser, qui porte aujourd’hui le maillot blanc. L’italien est peut-être émoussé de ses attaques de la veille car il finit dans le même temps que
Spilak alors que
Moser annonçait au départ jouer la gagne. À la surprise générale, le jeune
Cannondale est même largement devancé par son compatriote
Nocentini. L’italien a de loin réalisé la meilleure dernière section et finit à 12 secondes de
Phinney. Il devance par contre
Barta d’une seconde!
Nocentini devient donc leader virtuel avant les 7 dernières arrivées.
Lastras ne peut pas rivaliser alors que
Arashiro, déjà en vue hier, continue de surprendre avec son 8ème chrono provisoire ! Le japonais est visiblement transcendé par son public.
À sa suite,
Peter Velits en termine. Le champion de Slovaquie n’avait que le 3ème temps au deuxième intermédiaire, mais grimpe bien mieux que ses adversaires américains. Sur la ligne, il devance ainsi
Phinney et
Zabriskie pour deux petites secondes !
Kelderman est désormais le seul à pouvoir le priver de la victoire. Avant cela,
Sørensen et
Casar réalisent un chrono correct, mais loin de ce qu’il fallait faire pour l’emporter. Tout se joue donc dans les derniers hectomètres avec
Kelderman, qui partait avec 12 secondes d’avance sur
Velits grâce aux bonifications de la veille. À 8kms du but, il n’en a perdu que deux sur
Velits, mais rappelons que le leader provisoire a fini très fort. Pourtant,
Kelderman est encore plus costaud ! Il arrive à refaire son retard et échoue dans le même temps que
Velits. C’est toutefois suffisant pour s’adjuger le général ! Le néerlandais commence bien sa saison, de même que
Capecchi. Le maillot jaune a visiblement fait ce chrono en dedans car il termine loin, mais repart de Shioya avec une étape dans sa valise.