Pour conclure cette longue première semaine, les organisateurs ont encore programmé une étape de près de 215 kms emmenant les coureurs en Andorre. Quatre cols ponctuent cette journée mais le dernier pour arriver à Arcalis n’est pas des plus compliqués. Des écarts pourront-ils se faire entre les favoris ?
Qui dit cols à franchir dit aussi points de la montagne à récupérer. Une belle échappée de sept coureurs prend donc forme dans les premiers kms mais le jeune
Bizkarra, pourtant le moins expérimenté du lot, maitrise ses compagnons à chaque sommet.
Trofimov est le mieux placé au général mais à 16 minutes. Les RadioShack peuvent donc laisser aller. Pourtant, dans la longue portion roulante pour aborder les deux dernières difficultés du jour, le rythme s’accélère tranquillement dans le peloton. En effet, le vent souffle fort et les leaders veulent rester aux avant-postes pour éviter un coup de bordure qui n’arrivera finalement jamais. Dans le difficile Col de Montaup, les efforts consentis se font déjà sentir parmi les échappés alors que le peloton explose sous l’effet de la montée rapide vent de dos. Le groupe des favoris rejoint ainsi les derniers échappés au sommet. Ils ne sont plus que trente dans ce premier groupe. Tous les favoris sont présents sauf
Uran, qui n’a visiblement pas digéré son beau chrono de la veille. Le colombien est à 2’30’’ et doit en plus chasser seul pour sauver son général. Au pied de la montée finale,
Schleck et
Klöden font toujours le boulot pour leur leader et maillot rouge. Mais
Henao est ambitieux, il veut les mettre en difficulté. Puis
De la Fuente et
Pinot s’y essaient aussi. Leurs attaques font sauter
Klöden mais
Schleck les ramène dans le rang pour l’instant. À 11 kms du but, les français
Sicard et
Rolland attaquent. La suite est bien résumée par
Mollema à l’arrivée.
« Quand il n’y a rien à faire, il faut se satisfaire de ce que l’on peut ». Le néerlandais ne réalise pourtant pas une mauvaise opération comparée à nombre de ses adversaires. Mais la probabilité de voir la Vuelta lui revenir s’éloigne un peu plus chaque jour.
Mollema craignait
Nibali, qui monte en puissance au fil des jours. Mais
Jakob Fuglsang s’affirme de plus en plus comme son adversaire n°1. Pour répondre à l’attaque de
Rolland, le danois s’est placé en tête de groupe et n’a plus quitté cette position jusqu’à l’arrivée. Les effets ont été immédiats. De 30, le groupe s’est réduit à 16 unités.
Pinot et
De Gendt se projettent pourtant en tête, augmentant encore le rythme du maillot rouge qui assume ses responsabilités, quitte à trop en faire. À 8 kms du sommet, le rythme est fatal à
Alejandro Valverde. Le murcian s’accroche un temps, fait l’élastique avant de disparaitre complètement au détour d’un virage. À 6500 mètres, c’est au tour de
Cataldo et
Henao de capituler. Le colombien paye peut-être sa première attaque, toujours est-t-il qu’il va perdre gros. Toujours vent de dos, la montée est très rapide et
Fuglsang profite de chaque sortie de virage pour relancer. Le groupe continue de se réduire à vue d’œil. 700 mètres après
Henao, c’est au tour du troisième colombien,
Quintana, d’être pris dans une cassure. Le coureur Movistar est avec les vétérans
Schleck et
Menchov, mais surtout
Nibali ! On a vu le sicilien s’alimenter peu de temps auparavant, sentant peut-être venir la fringale.
Devant
Rolland est à son tour décramponné. Avec
Mollema et
Fuglsang, il ne reste donc plus que
Taaramae et
Coppel. Tiens donc, le scénario 2013 se répète pour ces deux-là… Au moment où Pinot se fait lâcher par
De Gendt à l’avant,
Nibali accélère à l’arrière. Il s’est refait la cerise et produit un bel effort pour revenir dans les roues des meilleurs à 4 kms du but. L’italien a eu chaud, il n’aura pas toujours cette chance. En homme d’expérience, il vient se placer aux côtés de
Mollema, juste dans le sillage de
Fuglsang. Le danois est imperturbable, impressionnant. Derrière, on ne fait plus semblant. On tire la langue, on se déhanche pour tenir le rythme. Au train, le danois fait ensuite sauter
Pinot,
Coppel et
Taaramae pour revenir sur
De Gendt. Les quatre premiers du général sont donc devant ! Le belge craque finalement à 200 mètres de la flamme rouge. Sûr de sa force,
Fuglsang produit son effort alors qu’on entre dans le dernier km.
Mollema et
Nibali sont directement distancés. Mais le danois s’est montré trop confiant. Au lieu de filer vers la victoire, il craque dans les 400 derniers mètres à 9%, quand
Mollema continue d’écraser les pédales. Il le double finalement dans les 100 derniers mètres, un miracle !
Alors certes,
Mollema remporte sa troisième victoire en dix étapes et reprend du temps à tous ses adversaires directs. Mais il a pu voir à l’occasion du chrono que deux minutes de marge ne seraient peut-être même pas suffisantes en vue du contre-la-montre la veille de l’arrivée. Il possède actuellement 1’30’’ de retard. Ce n’est donc pas à coups de bonifications qu’il pourra renverser la situation. S’il n’avait pas bouffé du vent toute l’ascension, ou s’il avait été plus patient dans les derniers, hectomètres,
Fuglsang aurait même creusé l’écart. Mais le danois ne fera pas toujours la même erreur. S’il ne connait aucun passage à vide, chose probable au vu de son état de fraicheur, l’équation s’annonce très compliquée à résoudre. Derrière les deux hommes,
Nibali coupe la ligne à 14 secondes. C’est suffisant pour garder sa 2e place au général, et ce n’était pas gagné quand on l’a vu décroché à 6 kms du sommet !
De Gendt, puis
Taaramae et
Coppel devancent un
Pinot légèrement distancé dans le final. Derrière, les écarts sont énormes ! Ils permettent à
Rolland de remonter dans les 10 au détriment de
Valverde. L’espagnol a complètement explosé, déboursant au final 6’22" ! Au contraire,
Uran a étonnement bien géré le final. Il est même revenu sur
Quintana et
Cataldo pour ne perdre que 3’56’’. Pointé à deux minutes au pied du col, il a donc repris du temps à pas mal d’adversaires dans cette montée. Lui reste dans le top 10 du général.