Ca y est on a perdu tous les cinéphiles du forum avec le retour du beau temps
Je continue quand même mon journal, si ça peut donner envie à certains de mater quelques films. Il y a d'ailleurs dans la liste de cette semaines beaucoup de films intéressants qui sont dispo sur Arte : films de genre asiatiques (dont A Touch of Zen), plusieurs Rohmer, Fitzcarraldo de Herzog, Oslo 31 août et d'autres que je n'ai pas encore vus (de Rivette, Kiarostami...)
Beaucoup de films cette semaine, entre les pauses dej plus longues, le vrai retour des soirées au ciné (4 fois cette semaine) et le dimanche devant la télé pour me remettre de mon 300km de la veille...
Le Vagabond de Tokyo (Seijun Suzuki – 1966) : Pris un peu au hasard sur le replay d’Arte. Ici, c’est un film de Yakuza qui rencontre la nouvelle vague et le style Godard. Je n’ai pas été particulièrement convaincu, mais il faut dire que je ne suis pas fan du modèle…
Adieu les cons (Albert Dupontel – 2020) : Avant-première d’un film qui est censé sortir en octobre. Une comédie absurde très réussie dans le style Dupontel. Bien rythmée, mais avec quand même quelques défauts : le style parfois un peu poseur à la réalisation qui convenait mieux à Au revoir là haut qu’à une comédie ; un side-kick aveugle qui a une scène importante mais qui devient ensuite inutile et lourd (la 2nde moitié du film aurait gagné à faire sans) ; quelques facilités d’écriture (rien de bien méchant). Un très bon moment malgré tout !
Le Genou de Claire (Éric Rohmer – 1970) : C’est du Rohmer, donc ça parle beaucoup, ça philosophe, ça parle de désir pendant des vacances… Il y a des aspects très réussis, notamment le cadre magnifique du lac d’Annecy et la prestation de Jean-Claude Brialy. Mais je n’ai pas forcément été touché par cette histoire de désir qui apparaît un peu malsaine aujourd’hui
Été 85 (François Ozon – 2020) : Encore une avant-première (mais le film sort demain, je crois). Très réussi sur la forme (la pellicule, l’ambiance 80s, les décors et les lieux de tournage, les acteurs, la bo…). Il y a quand même des facilités d’écriture mais elles ne gâchent pas trop l’ensemble. Je connais peu Ozon finalement mais il faudrait que je me penche un peu plus sur sa filmo.
Showgirls (Paul Verhoeven – 1995) : Là c’est difficile… Comment apprécier un film qui est laid, vulgaire et con mais dont l'objectif est précisément d'être laid, vulgaire et con ? Ce film met en lumière les dessous crades du rêve américain, la vacuité et les dérives du monde du spectacle. De ce point de vue, le film est réussi, Verhoeven parvient à traduire son ambition jusque dans l'atroce BO et le jeu catastrophique de Berkley et MacLachlan - qui nous offrent une scène de sexe dans une piscine mémorable tant elle est nulle. Il y a beaucoup de choses intéressantes, donc, mais c'est quand même laid, vulgaire et con.
Titanic (James Cameron – 1997) : Titanic au Gaumont dans la salle Dolby Cinéma, c’était l’occasion de lui redonner une chance ! Une quinzaine d’années après mon premier visionnage, je réévalue légèrement mon appréciation mais je maintiens encore beaucoup de réserves (pas les mêmes qu’à l’époque cela dit). Il y a quelque chose de majestueux et de démesuré dans ce Titanic ; et l'histoire d'amour, que j'avais évidemment trouvée niaise quand j'étais ado, porte le film. Il n'empêche que, comme souvent, Cameron multiplie les fautes de goût (réal un peu anarchique par moments, dialogues souvent très cons, des ralentis vraiment vilains, l'iceberg qui est à 20m du bateau avant même qu'il ait commencé à freiner). Ne parlons pas des paradoxes temporels multiples dans un film vanté pour son sens du détail (coucou Picasso).
Mais l’erreur impardonnable qui m’a ruiné la 2e partie du film, c’est l’absence totale de restitution de la sensation de froid. Cameron accentue à mort dessus dans la scène où tout le monde est dans l’eau, logique. Mais avant ça ? Quand les personnages parlent, il n’y a pas de vapeur, 9 fois sur 10 ; ils se déplacent dans de l’eau glaciale dans les couloirs du bateau comme s’ils étaient à la piscine (et faire dire "ouh, c'est froid" aux acteurs ne change rien au ressenti du spectateur) ; l’orchestre joue à mains nues et en costume alors qu’il doit faire -10° dehors sans que cela pose problème ; aucun figurant ne laisse apparaître une sensation de froid pendant toute la durée de l’évacuation du bateau. On voit beaucoup trop que le film est tourné en studio et dans un film comme ça, ça ruine un peu l’immersion.
À part ça, di Caprio et Winslet sont très loin des performances qu'ils proposeront dans la suite de leur carrière. Au final, j’ai mieux aimé que dans mon souvenir, c’est un film culte, un « grand » film au sens grandiose, mais c’est un visionnage assez frustrant.
Et vogue le navire... (Federico Fellini – 1983) : Fellini a toujours été très bon dans la satire sociale mais dans ce film de fin de carrière, il penche un peu trop vers la caricature. C'est formellement très réussi, il y a des réflexions intéressantes dont on constate hélas qu'elles sont encore largement d'actualité mais il m'a manqué quelque chose pour me sentir concerné par cette histoire qui ressemble par moments beaucoup à un délire méta de Fellini.
Lucky Strike (Kim Young-Hoon – 2020) : Un film sympathique mais qui manque cruellement de personnalité (quelques effets de style et le côté gore/comique repris à Parasite ; un scénario digne des premiers films de Guy Ritchie) et qui se vautre un peu dans son final avec un twist très convenu et une surenchère un peu inutile... Cela dit, c’est cool de se dire qu’avec le succès de Parasite, on va voir un peu plus de cinéma asiatique dans les salles grand public (peut-être encore plus dans les mois qui viennent vu que l’industrie US tourne au ralenti).
Le Rayon vert (Éric Rohmer – 1986) : Je continue ma découverte de Rohmer que j’aurais mis du temps à attaquer. Ce film est plus « libre » dans le style, moins littéraire que d’habitude et ça fonctionne très bien ! Rohmer parvient parfaitement à capter la solitude et la détresse de son personnage principal, si bien qu'on finit par avoir l'impression de ne plus regarder un film de cinéma mais un vrai film de vacances. L'art reprend le dessus dans un magnifique final, très lyrique.
Your Name (Makoto Shinkai – 2016) : J'étais très curieux de découvrir ce film encensé par le public, après avoir été déçu par les Enfants du temps. Your Name est clairement un niveau au dessus, c'est visuellement magnifique et très poétique. Il n'empêche que la surenchère d'effets dramatiques et de larmes dans les dernières 20 minutes manque de subtilité et plombe un peu l'ensemble.
Fitzcarraldo (Werner Herzog – 1982) : Décidément, Herzog est doué pour filmer l'Amazonie. Après Aguirre, il filme encore la folie - une folie bien différente - de Klaus Kinski à la dérive sur les eaux du fleuve. Le film est formellement très réussi, c'est d'une beauté à couper le souffle et la scène du tractage du bateau, qui est sur l'affiche et qui est connue de tout cinéphile avant même de voir le film, est assez incroyable de précision. Peut-être un tout petit peu trop long et un peu moins percutant qu'Aguirre.
A Touch of Zen (King Hu – 1971) : Un petit classique du film de sabres chinois (taïwanais plus exactement) pour bien finir la semaine. J'ai mis du temps à rentrer dans cette oeuvre tant elle prend le temps, dans sa première heure, de poser un cadre qui servira de base à l'intrigue. Les deux dernières heures sont fascinantes. Certes, les chorégraphies à l'épée de l'époque vieillissent assez mal, mais le film multiplie les qualités - l'atmosphère, l'ambiance, les décors, les mouvements de caméra, etc.