Des kilomètres à n’en plus finir, des monts, des pavés… mais heureusement pour les plus faibles, pas de vent ni de nuage aujourd’hui pour ce 100e Tour des Flandres. De quoi pousser un peu plus de monde dans l’échappée, dont
Greipel est le représentant le plus connu parmi les sept coureurs à l’avant. Les kms s’écoulent tranquillement jusqu’au premier mont pavé, le Vieux Quaremont, où
Maaskant sort déjà du peloton pour éviter à son équipe de rouler. Ce seront donc les Tinkoff d’
Offredo, les Trek de
Cancellara et les Sky de
Van Avermaet qui mèneront la poursuite. Ils morcellent parois le peloton au fil des monts mais celui-ci se reforme vite et est encore gros de plus de cent coureurs au pied du deuxième passage du Vieux Quaremont. Le cap des 200 kms a pourtant été franchi mais on semble se réserver pour l’enchainement à venir. Les échappées possèdent d’ailleurs encore 4 minutes d’avance ; une avance qui va alors vite chuter car la course s’emballe enfin ! Les Sky mettent le premier coup de vis, mais malheureusement
Van Avermaet, leur leader et double tenant du titre, est victime d’une crevaison au même moment ! Le belge s’arrête dépité sur le bord de la route car la course est lancée et ne devrait plus s’arrêter. Les Tinkoff et les Trek continuent en effet le forcing des anglais. Dans le Paterberg, c’est au tour d’
Hathaway d’augmenter encore l’allure. Sous son impulsion, neuf coureurs se détachent en deux temps :
Breschel,
Boom,
Offredo,
Terpstra,
Sagan,
Vanmarcke,
Leezer,
Valgren, et bien sûr
Hathaway.
Cancellara est piégé mais le suisse ramène plusieurs coureurs dont
Ladagnous,
Degenkolb et
Langeveld dans le terrible Koppenberg. Dans le groupe des leaders, personne n’a osé s’isoler si loin de l’arrivée. Après ce triptyque, on retrouve donc 22 coureurs à 1’30’’ des hommes de tête. L’ambiance se refroidit sur la ligne d’arrivée car quasiment tous les belges sont en difficulté.
Roelandts et
Nuyens sont dans un troisième groupe, et tous les Etixx sont aussi éparpillés à l’arrière !
Boonen,
Vallée,
Vandenbergh,
Chavanel,
Turgot,
Démare et
Wiggins sont aux première loges pour témoigner de la galère de
Van Avermaet. Le grand malchanceux du jour slalome entre les attardés à plus de trois minutes des leaders ; ses rêves de triplé se sont envolés.
Dans la transition vers la dernière trilogie Kruisberg – Vieux Quaremont – Paterberg,
Gallopin est très remuant. Mais on ne le laisse pas partir, et surtout pas
Sagan, attentif sur chacune de ses attaques. Dans le Kruisberg,
Breschel fait en personne l’effort, bien lancé par
Leezer. Mais il avale
Maaskant trop tôt, qui ne pourra donc pas travailler sur le plat. Il se retrouve en fait en trio avec
Greipel, le dernier rescapé matinal, et
Sagan, qui a encore suivi le mouvement. Derrière, les Lotto Soudal font l’effort avec
Theuns et
Debusschere pour ramener
Langeveld et les autres, chose rapidement faite car on ne s’entend pas entre
Breschel et
Sagan. À peine le groupe reformé,
Gallopin attaque encore à deux reprises dans la transition, chaque fois suivi comme son ombre par
Offredo et
Sagan, qui en fait décidément beaucoup. Mais le français ne poursuit jamais son effort en voyant qui l’accompagne, et les leaders s’organisent à chaque fois pour ne pas leur laisser plus de dix secondes. On arrive donc vite dans les deux juges de paix.
Offredo se dévoile le premier en accélérant au pied du Vieux Quaremont. Le français est bien suivi par l’inévitable
Sagan,
Breschel et
Cancellara. Les grands favoris sont là. Un moment de temporisation au milieu du mont permet à
Boom et
Vanmarcke de remonter. Le néerlandais en profite même pour accélérer mais
Cancellara est attentif. Dans l’ordre de passage au sommet, on recense
Boom,
Offredo,
Sagan,
Vanmarcke,
Breschel,
Degenkolb,
Cancellara,
Smukulis,
Terpstra,
Gilbert et
Ladagnous. Un groupe de 11 s’est donc détaché, sans
Langeveld et ses Lotto Soudal qui ont perdu pied après avoir beaucoup travaillé.
Boom mène toujours un rythme rapide dans la transition jusqu’au pied du Paterberg. Dans ce fameux virage à angle droit,
Boom,
Breschel et
Cancellara virent plus vite que les autres. Ils creusent un petit écart qu’
Offredo parvient à boucher, tout en puissance. Comme depuis le début des flandriennes et contrairement aux éditions précédentes, ce Tour des Flandres n’est pas hyper sélectif car huit coureurs sont encore présents au sommet. Seuls
Terpstra,
Ladagnous et
Smukulis ont sauté.
Les principaux sprinters sont donc toujours présents, alors
Boom continue le forcing pour imposer une grosse relance aux plus mal placés. Puis le colosse néerlandais attaque carrément à 15 bornes du but. Tout le monde saute dans sa roue et aucun écart n’est fait. Rebelote 3 kms plus loin. Lorsque
Boom n’attaque pas, la mésentente est de mise car les deux Lotto Jumbo font peur. Au vu de leurs démonstrations sur les précédentes flandriennes, personne ne veut leur faire le moindre cadeau. Se rappelant du Paris-Roubaix de l’an dernier où il s’était fait piéger,
Breschel se place donc cette fois en tête de groupe, histoire de maintenir un petit rythme. Puis
Boom attaque de nouveau sous l’arche des 5 kms. Il sait qu’il n’a aucune chance au sprint, mais tout le monde saute encore dans sa roue,
Offredo en tête. Dans les roues tant que son partenaire attaque,
Breschel a lissé au maximum son effort, juste derrière un
Sagan resté lui aussi en avant-dernière position du groupe. Il est trop loin pour réagir à une ultime tentative de
Boom sous l’arche des trois kms. Et cette fois,
Boom fait le trou ! Personne ne veut lancer le sprint d’aussi loin, et
Vanmarcke n’est visiblement pas décidé à emmener son leader
Sagan. Étrange tactique des BMC qui se méfient aussi de
Degenkolb et
Breschel… Comme souvent, c’est finalement
Offredo qui craque. Il en fait toujours beaucoup en ramenant le groupe au train sur un
Boom à bout de forces, pour se faire aussitôt contrer par
Breschel. Le danois profite du timing pour lancer son sprint de loin, à 1700 mètres de la ligne, avec
Cancellara calé dans sa roue. Ceux qui étaient en tête ont plus de mal à réagir et les deux hommes prennent quelques mètres ! Spartacus est dans une position idéale pour renouer avec un premier succès de prestige depuis sa domination 2013. Mais le suisse ne peut jamais sortir de l’aspiration, et c’est au contraire
Breschel qui remporte la seule classique qui le fuyait encore, maillot de champion du monde sur le dos s’il vous plait !
Peter Sagan complète le podium, énervé contre
Vanmarcke. Grand malchanceux du jour,
Van Avermaet termine à une honorable 12e place vu les conditions, à « seulement » 2’16’’ du vainqueur. Il aurait encore été un adversaire redoutable à la régulière.