Concernant la base de données, il s’agit de celle de base, quelque peu aménagée. Afin de varier les palmarès des différentes épreuves, j’ai réduit le ProTour/World Tour à une « super Coupe du Monde », reprenant les 10 classiques qu’il y avait dans l’épreuve dans ses dernières années (jusque 2004, donc cela ne reste pas trop anachronique), auxquelles viennent se joindre les 3 Grands Tours. Afin de maximiser les wild cards, il n’y a plus de 6 équipes dans cette première division (ce qui donne un fort renouvellement des équipes). Et afin d’avoir moins de gestion possible : 5 ou 6 coureurs dans les courses continentales et 7 coureurs au maximum pour les plus grandes courses (dont le Tour de France).
J’ai aussi diminué l’implication de ceux qu’on appelle des « regens » sur Football Manager, afin que beaucoup moins de très forts apparaissent, laissant les coureurs réels être un peu plus là les premières années. En revanche, je n’ai rien changé aux notes ou aux potentiels des différents coureurs, ce qui donne un peloton aux noms connus, mais aux trajectoires bien différentes que ce que la réalité a donné. Aussi, la DB étant basée sur une année 2006, quelques jours avant l’éclatement de l’affaire Puerto, on a certaines équipes qui sentent fortement l’autotransfusion, en plus de l’érythropoïétine.
Concernant les premières années, je peux évoquer quelques résultats, comme le doublé Ronde-Roubaix réalisé en 2007 par Boonen, l’incroyable victoire de Jimmy Casper dans Milan-Sanremo 2006, étant le meilleur sprinteur d’une échappée qui a été au bout, la victoire de Paolo Bettini la même année à Liège et à Zürich, en plus de nombreuses places d’honneur le reste de l’année, afin de remporter le classement général annuel. Ce classement est revenu en 2007 à Fabian Wegmann, vainqueur notamment de l’Amstel Gold Rave et de la Classica San Sebastian. Quant aux maillots arc-en-ciel, des tracés accidentés ont permis à Alexandre Vinokourov et au vétéran Santiago Botero de s’imposer. Dans la course en ligne, le circuit Autrichien très difficile a vu le succès de Michael Boogerd, de très peu devant Ivan Basso. En 2007, à Stuttgart, un Allemand a été sacré à domicile : Jens Voigt. Mais la malédiction des mondiaux est vite apparue : fracture de la hanche après une chute à Zürich, abandon dès la première course avec son maillot arc-en-ciel et fin de carrière quelques jours plus tard. Au niveau inférieur, rien de très remarquable, si ce n’est une inattendue victoire de Jan Ullrich devant Oscar Sevilla et Michael Rogers au Tour de Langkawi 2007. À noter cependant le beau palmarès d’un GP de Fourmies attirant des grands noms : Floyd Landis et Paolo Bettini.
Quant aux Grands Tours, elle a été une affaire de spécialistes en 2006, avec la victoire de Denis Menchov, devant Oscar Pereiro et Andrey Kashechkin, avant le succès d’Alberto Contador en 2007, devant Carlos Sastre et Ivan Basso, afin de remporter sa première victoire. Côté Giro, l’Italie ne laisse la place pour personne ou presque, mais on a son lot de surprise. En 2006, Danilo Di Luca s’impose devant Rinaldo Nocentini, étonnant 2e, et Ivan Parra. Puis Damiano Cunego et Paolo Savoldelli prennent les plus basses marches du podium l’année suivante, derrière Sergio Ghisalberti, vainqueur à cette occasion de sa seule victoire en carrière jusque là (et aucune n’a encore suivie), grâce à une héroïque résistance en montagne et grâce à une échappée qui a mis plus de 20 minutes au peloton dans une étape de transition. Dans l’édition 2008, qui vient de s’achever, Damiano Cunego a survolé la course, remportant tous les classements et 8 victoires d’étape ! Il devance Thomas Dekker, présent sur le podium car ayant gagné plus de 7 minutes sur tous les grimpeurs Italiens en cumulant les différents contre-la-montre (individuels et par équipes), et Danilo Di Luca.
L’Italie a aussi de beaux jours à venir pour ses courses par étapes, puisque plus tôt dans la saison, Vincenzo Nibali et Domenico Pozzovivo ont remportés respectivement Paris-Nice et Tirreno-Adriatico. À propos des autres grandes courses de début d’année, Thor Hushovd s’est imposé dans Milan-Sanremo, avant de prendre la 5ème place de Paris-Roubaix, après une chute au Carrefour de l’Arbre. Un Paris-Roubaix très surprenant d’ailleurs, avec un gros groupe d’outsiders sortant avant même Arenberg et piégeant les grands favoris, qui ne termineront pas sur le podium, le vainqueur étant Vladimir Gusev. Une semaine plus tôt, Tom Boonen avaient encore gagné le Ronde, en solitaire. Côté ardennaises, l’Amstel est pour Samuel Sanchez, la Flèche pour Andrey Kashechkin (aussi vainqueur du Tour du Pays Basque) et Liège pour Paolo Bettini (encore !). Dans les courses par étapes plus récentes, Thomas Dekker avait bien préparé son Giro en s’imposant en Romandie, puis Alberto Contador a confirmé son potentiel en remportant le Tour de Catalogne. La jeunesse a aussi brillé aussi au Critérium du Dauphiné, avec la victoire de Thomas Löfkvist (déjà vainqueur des 4 Jours de Dunkerque un mois plus tôt). Enfin, Jörg Jaksche remporte le Tour de Suisse.
On arrive ainsi au Tour de France 2008, une semaine après des championnats nationaux qui ont vu de nombreuses surprises à travers l’Europe, comme en France, puisque le maillot tricolore revient à Cyrille Monnerais ! Mais quid du Tour de France justement ? En 2006, le Tour est revenu pour la première fois à un Australien, Cadel Evans dominant l’été avec 5 victoires d’étapes (dont 3 consécutives dans les Alpes !), un mois après avoir gagné au Ventoux dans le Dauphiné et quelques semaines avant de nouveaux succès à Sansebastian et Plouay. Son dauphin au général (et aux 3 étapes des Alpes) est José Rujano, la révélation du Giro 2005 n’a plus vraiment réapparu depuis, n’ayant qu’une discrète 8e place du Giro 2007 et aucun résultat jusqu’ici en 2008. Enfin, un Français est monté sur le podium. Et il n’est pas ici question d’un maillot à pois pour David Moncoutié, le Français ayant perdu son face à face avec Michael Rasmussen dans l’ultime col de l’ultime étape de montagne, ni du maillot vert de son coéquipier Jimmy Casper, cette fois-ci bien obtenu grâce à un fabuleux juillet, le voyant remporter 5 sprints massifs, même s’il fait peur sur les Champs Élysées, tombant lors du sprint massif. Non, un Français a bien obtenu la 3ème place du classement général, au profit d’une folle étape vers Pau (combinée avec une bonne première semaine), lui permettant de s’emparer du maillot jaune avant la première arrivée en altitude, Sylvain Chavanel s’est ensuite accroché à cette tunique dorée autant qu’il a pu, résistant vers L’Alpe d’Huez pour garder le maillot d’une poignée de secondes. Attaquant même les grimpeurs dans la descente du Col du Mollard le lendemain, même s’il connaîtra une violente défaillance ensuite dans la montée finale de La Toussuire, avant d’exploser dans l’étape des Saisies, des Aravis, de la Colombière et de Joux-Plane, laissant près d’une dizaine de minutes et le podium, seulement récupéré au gré d’un dernier contre-la-montre bien réussi.
L’année suivante, Robbie McEwen s’est octroyé un troisième maillot vert (après 2002 et 2004), grâce à une excellente régularité dans les sprints : 7 fois sur le podium (une seule victoire d’étape), plus une 6ème place (peloton réglé derrière l’échappée) et une 5ème sur les Champs. Pour les pois, David Moncoutié a su triompher cette fois, terminant par la même occasion meilleur Français et 11ème du classement général, derrière dans un ordre décroissant Michael Boogerd, Gilberto Simoni, Michael Rasmussen, Floyd Landis, Jan Ullrich, Denis Menchov, Jörg Jaksche, puis sur le podium Fränk Schleck et Ivan Basso, témoignant bien d’une édition très montagneuse de la Grande Boucle. En revanche, le vainqueur n’était pas attendu parmi les meilleurs. À vrai dire, il n’était pas attendu parmi les grimpeurs du tout ! Même s’il avait terminé 12ème l’année précédente, à seulement 21 ans, il est surtout connu pour ses talents de rouleurs (il est d’ailleurs triple champion national du contre-la-montre). Ainsi, le maillot jaune a été pris, très largement, après le premier long contre-la-montre, précédent la montagne. Mais au final, il ne l’a plus rendu ! Ainsi, un très jeune Néerlandais a su monter sur la plus haute marche du plus prestigieux podium du cyclisme à Paris : Thomas Dekker a remporté le Tour de France 2007. Depuis, il a su confirmer en montagne, allant remporter (en Autriche) l’étape reine d’un Tour d’Allemagne, perdu pour quelques secondes face à Andreas Klöden. Puis, comme évoqué plus tôt, il a remporté le Tour de Romandie (dont 3 étapes sur les 6 disputées) et terminé 2e d’un Giro dans lequel il semblait impossible de faire mieux (il a d’ailleurs porté le maillot rose dans les premiers jours, après avoir remporté le prologue). Entretemps, il a même tenté sa chance dans les classiques, montant terminant troisième au sommet du Mur de Huy.
Mais le Néerlandais n’est pas présent au départ de Bretagne pour défendre son titre, la Rabobank préférant jouer sur un mélange entre l’expérience de Michael Boogerd, encore 2ème de l’Amstel Gold Race cette année et celle de Michael Rasmussen, déjà bon équipier de Thomas Dekker en mai en Italie, et la jeunesse d’un Theo Eltink, récemment meilleur grimpeur du Tour de Romandie et 5ème du Tour de Suisse.
Son dauphin, en revanche, est bien là. Ivan Basso a axé sa saison sur le Tour, comme l’an dernier. Cette année, hormis une place au pied du podium au sommet du Mur de Huy et une place de dauphin de son champion national contre-la-montre, il n’a pas encore grand résultat. Autour de lui, on a notamment Carlos Sastre, meilleur grimpeur et 2ème de la dernière Vuelta ou le puncheur Luxembourgeois Kim Kirchen, qui a rejoint la CSC cet hiver.
La formation Cofidis a décidé de ne pas aligner Fränk Schleck sur la Grande Boucle cette année, lui préférant une accumulation de coureurs spécialisés dans les courses par étapes, avec au départ un seul Français (Sylvain Chavanel) et un collectif composé principalement d’Oscar Pereiro, Denis Menchov, Levi Leipheimer et Andrey Kashechkin.
Au-delà de ces équipes, on peut évoquer le duo Michael Rogers et Andreas Klöden chez la Telekom, la présence de Vladimir Karpets, Floyd Landis et Yaroslav Popovych chez Lotto (en plus du rouleur Vladimir Gusev et du sprinteur Robbie McEwen), les Basques d’Euskaltel Samuel Sanchez et Iban Mayo, rejoints dans un collectif internatinalisé par Thor Hushovd et Davide Rebellin. Sans réel favori pour le général, on a comme principaux collectifs étrangers la Quick-Step, avec le jeune prometteur Thomas Lövkvist et l’Italien Paolo Bettini, qui fait son retour sur la Grande Boucle, le grand train de sprinteurs de la Milram avec Erik Zabel et le champion d’Italie Alberto Ongarato, la Phonak avec des puncheurs autour de l’Allemand Jörg Jaksche ou encore l’Italien Rinaldo Nocentini pour Acqua & Sapone, accompagné du jeune Colombien Mauricio Soler. Les dernières formations ont des collectifs plus restreints. La Diquigiovanni a ses baroudeurs grimpeurs, les équipes Liberty Seguros, Saunier Duval et Comunitat Valenciana amènent leur lot de petits grimpeurs espagnols. Enfin, Unibet a une équipe autour de son jeune sprinteur André Greipel.
Côté Français, la formation Ag2r est axé sprint, avec Jean-Patrick Nazon et Lloyd Mondory, tout comme le Crédit Agricole avec Danilo Napolitano, Samuel Dumoulin et Damien Nazon. Les formations FDJ et Bouygues seront plus axées vers les échappées, avec leurs champions de France respectifs Cyrille Monnerais et Benoit Vaugrenard (contre-la-montre). Du côté des plus petites formations, peu à espérer chez Agritubel ou Auber. L’équipe Bretagne aura peut-être plus de réussite grâce à sa recrue Danoise Matti Breschel.
En tout cas, l’épreuve s’élance de Bretagne, avec un prologue dans les rues de Rennes remporté par Jörg Jaksche devant Michael Rogers, David Zabriskie, Andreas Klöden et Ivan Basso, dans des écarts encore relativement négligeables. La suite est relativement plate, avec une arrivée promise aux sprinteurs à Brest. Le train Milram se met en place très tôt, mais le champion d’Italie lâche Erik Zabel trop tôt. Jean-Patrick Nazon, dans sa roue, se lance alors pour placer son effort, voulant lancer à son tour Lloyd Mondory. La formation Ag2r s’en sort tellement bien qu’elle réalise le doublé, avec la victoire et le maillot vert pour Lloyd Mondory. Du côté des pois, la seule côte du jour était très tôt et c’est Samuel Sanchez qui s’est emparé du maillot des grimpeurs pour une journée, le laissant au Canadien Charles Dionne le lendemain, après avoir pris par à une échappée en direction de Plouay. La côte de Ty-Marec effectue un léger tri dans les sprinteurs, distançant certains, en faisant reculer d’autres. Mais cela reste un peloton assez compact qui se joue la victoire dans l’Avenue des Championnats du Monde et Lloyd Mondory lève une nouvelle fois les bras, devançant Danilo Napolitano et Francisco Ventoso.
Pour la troisième étape et quatrième journée en Bretagne, la physionomie de course change radicalement, avec un parcours très accidenté dans le centre de la péninsule et une arrivée à Mûr-de-Bretagne. Sur ce terrain changeant des derniers jours, la Rabobank est la première à mettre en route, reprenant ainsi vite l’échappée et permettant à Theo Eltink de s’emparer du maillot à pois. Cependant, ils ont plus de mal dans le final et c’est l’équipe Cofidis qui survole les débats, multipliant les cassures. Ils se permettent même d’envoyer des coureurs à l’avant avant même la montée finale. Denis Menchov et Andrey Kashechkin se relaient ainsi jusqu’au bout, sans se jouer l’étape, revenant au Kazakh, le Russe s’emparant du maillot jaune. Derrière eux, Paolo Bettini a fait le ménage et n’a gardé avec lui qu’Oscar Pereiro et Karsten Kroon, deux autres coureurs de la Cofidis, qui ont réalisé un bien meilleur prologue que l’Italien, permettant à l’équipe Française d’avoir désormais 4 coureurs aux 4 premières positions. Seuls Michael Boogerd et Thomas Lövkvist limitent la casse derrière. Les principaux favoris arrivent dans un peloton très morcelé avec environ une minute de retard. En revanche, la CSC passe une très mauvaise journée, Ivan Basso ayant même demandé à Carlos Sastre de ne plus l’attendre, l’Italien terminant à plus de 4 minutes après avoir été lâché dès les accélérations de la Rabobank en milieu d’étape.
Après cet intermède, les sprinteurs reprennent la domination sur la première semaine et la force présumée du train de la Milram disparaît complètement sur la route d’Angers, où un duel de poisson-pilotes fratricide chez les Nazon lance l’effort final. Jean-Patrick et Damien sont au coude à coude, avec Lloyd Mondory et Danilo Napolitano dans chacune des roues. L’ainé des Nazon prend le dessus sur le cadet, mais une fois qu’ils s’écartent, le maillot vert reste au-dessus et va lever une troisième fois les bras. Comme à Plouay, le podium de l’étape est complété par Francisco Ventoso à la photo-finish devant Thor Hushovd. Le lendemain, l’arrivée à Châteauroux se fait sur une interminable ligne droite. C’est là qu’est repris Kevin Hulsmans, dernier rescapé de l’échappée matinale et nouveau porteur du maillot à pois après avoir multiplié les barouds jusqu’ici. La crainte de manquer une quatrième victoire a sans doute précipité les choses chez Ag2r, lançant le maillot de très loin. Trop loin même, puisqu’Alberto Ongarato parvient à revenir à la hauteur de Jean-Patrick Nazon pour lancer Erik Zabel. Le vétéran Allemand lance son effort, mais ne sait pas le tenir, il se fait doubler par la gauche par Danilo Napolitano et par la droite par Thor Hushovd. Le Norvégien permet un premier succès pour la formation Euskaltel, alors que l’Italien doit se contenter d’une nouvelle place de deuxième. Enfin, sur la route d’Angoulême, la Milram assume la poursuite. Après leurs échecs, cela surprend, mais on comprend en arrivant dans les derniers kilomètres : le train est complètement inversé. Alberto Ongarato mène, puis Erik Zabel lance de loin, laissant Simone Cadamuro amener un succès de Mirko Lorenzetto. Face à ce changement perturbant pour les autres équipes, surtout dans un final aux nombreux virages, Jean-Patrick Nazon n’a pas sur lancer Lloyd Mondory, terminant même devant lui, n’ayant pas su le garder dans sa roue. Quant à Danilo Napolitano, une crevaison à 12 kilomètres de l’arrivée lui a fait rater le sprint. Certes il a pu rentrer, mais il n’a jamais su revenir à l’avant du peloton. Le classement de l’étape est donc radicalement différent des précédentes étapes.
Les différents trains ont ensuite une pause, pour analyser ce changement, avant de se jouer de nouvelles étapes, car si le terrain reste plat, il offre autour de Cognac un premier contre-la-montre individuel de longue distance, qui permet aux favoris du classement général de venir combler quelques pertes sur des puncheurs en Bretagne. L’étape est remportée par Vladimir Karpets, déjà double vainqueur en titre du contre-la-montre d’Eindhoven, mais vainqueur ici de sa première étape du genre dans un Grand Tour. Il devance Ivan Basso de seulement 7 secondes, laissant imaginer un regain de forme pour l’Italien, qui n’aurait peut-être pas du baisser les bras si vite quelques jours plus tôt. Côté Cofidis, Oscar Pereiro s’en sort bien mieux qu’Andrey Kashechkin et que Denis Menchov. L’Espagnol s’empare même du maillot jaune, les devançant de 2 et 7 secondes respectivement. Derrière eux, Thomas Lövkvist est à 40 secondes, juste devant Michael Rogers, qui est venu se replacer à 50 secondes, puis le vainqueur du jour, une seconde plus loin.
La première s’achève par une ultime étape en ligne, au parcours assez accidenté dans le Périgord, mais au final plat vers Bergerac. Sur ce terrain, quelques cassures ont lieu, ne piégeant aucun favori, mais mettant de côté Lloyd Mondory et Danilo Napolitano. Le sprint laisse donc a priori plus de chances aux autres sprinteurs, mais la Milram contrôle. Dans les bosses, elle n’a perdu que le champion d’Italie. Erik Zabel fait encore le travail de loin et les deux autres Italiens inversent leurs positions. Mirko Lorenzetto lance Simone Cadamuro et l’Italien lève les bras, ayant une roue d’avance sur Samuel Dumoulin. Comme deux jours plus tôt, les sprinteurs des premières étapes étaient loin et ceux brillant ici étaient loin les premiers jours, ce qui ne perturbe pas grandement le classement par points, toujours solidement dominé par Lloyd Mondory. Après une journée de repos à Bordeaux, un dernier sprint dans les rues de Pau précède l’arrivée en montagne. Milram prend encore les choses en main et Ag2r laisse faire. De toute façon, le porteur du maillot vert n’a pas les jambes et reste dans les roues jusqu’au bout, à la septième place de l’étape. Devant, Erik Zabel prend cette fois la place de poisson-pilote et lance Simone Cadamuro. L’Italien remporte ainsi sa deuxième étape consécutive, sans être intrinsèquement plus rapide, mais bénéficiant du très gros travail de sa formation. Danilo Napolitano n’est que quatrième. La place de dauphin est pour Thor Hushovd. Au classement par points, les écarts se resserrent, l’avance de Lloyd Mondory sur Simone Cadamuro n’étant plus que de 4 points.
L’entrée dans les Pyrénées se fait par le Tourmalet, directement, puis par l’Aspin, via son versant le plus roulant, puis par une portion plus plane, d’une grosse vingtaine de kilomètres, en direction de Lannemezan. Très vite, une échappée de 10 coureurs prend le large. Dans le peloton, calme absolu jusqu’à l’approche de Luz-Saint-Sauveur, où les sprinteurs s’activent pour prendre ce qui reste du sprint intermédiaire de la journée. Milram fait le travail pour lancer Simone Cadamuro et prendre un maximum de points, mais il est devancé par Thor Hushovd. Il ne prend que 4 points. Les Crédit Agricole sont juste derrière et en prennent aussi. Lloyd Mondory n’est que sixième du peloton, il n’a donc aucun point et ne garde son maillot vert qu’au bénéfice d’un plus grand nombre de victoires d’étapes. Concernant l’échappée, il n’y a que des grimpeurs à l’avant. Ils possèdent jusqu’à 14 minutes d’avance au pied du Tourmalet, encore 9 minutes au sommet, puis 6 à l’Aspin et un peu plus de 4 sur la ligne d’arrivée. Michael Rasmussen, Julio Alberto Perez Cuapio, Guido Trentin et José Serpa se sont joués les points dans les cols et le maillot à pois revient au Colombien. Dans les rues de Lannemezan, un curieux sprint sur le plat entre des grimpeurs n’a pas un grand esthétisme, mais il sacre celui qui était le plus fort dans l’échappée. Déjà passé en tête du Tourmalet, José Serpa remporte également l’étape. Du côté des favoris, un fort tempo de la CSC dans le Tourmalet a fait quelques cassures, avant que l’équipe Danoise laisse la Cofidis gérer jusqu’à l’arrivée. Peu de distancés chez les favoris, n’éliminant que quelques favoris et outsiders. À noter que dans l’échappée, il n’y avait que des coureurs qui étaient très loin au classement général après l’étape accidentée en Bretagne et le long contre-la-montre Charentais. Ainsi, malgré le bénéfice de cette étape, le mieux placé au classement général, Alexandre Moos, reste encore à plus de 5 minutes d’Oscar Pereiro.
La seconde étape Pyrénéenne propose bien plus de 4 000 mètres de dénivelé positif sur 6 ascensions et la première arrivée au sommet de cette Grande Boucle, avec le Portet-d’Aspet, la Core, Latrape, Agnes, Lers et un final au Plateau de Beille. Elle s’ouvre paisiblement avec un simple trio d’échappés (Björn Schröder et les Belges Wim Van Huffel et Johan Vansummeren). Mais la Rabobank décide de rouler derrière eux et de ne pas laisser filer. La pente du Portet-d’Aspet suffit à faire un premier tri dans le peloton, ne laissant qu’une cinquantaine de coureurs devant un monumental gruppetto. Puis dans la Core, quelques relais appuyés de Sastre créent une nouvelle sélection et son notamment distancés le porteur du maillot à pois José Serpa et le 5ème du classement général Michael Rogers. Ils sont encore une trentaine lorsque l’échappée est reprise, au sommet du col de Latrape et c’est cette fois la Cofidis qui prend les choses en main, avec Sylvain Chavanel qui part seul dans la descente. L’imminente montée vers le Col d’Agnes voit quelques réactions, avec les outsiders Thomas Lövkvist, Pieter Weening et Koldo Gil, qui décident d’anticiper. La Lotto se met alors à rouler avec Floyd Landis et Yaroslav Popovych. Le regroupement se fait proche du sommet de ce col, pour un peloton qui ne possède plus que 16 coureurs et qui a perdu Jörg Jaksche, Andreas Klöden, Carlos Sastre et Iban Mayo. La petite montée du Port de Lers ne change pas vraiment la donne et ce groupe se présente ensemble au pied du Plateau de Beille.
Là, la Cofidis se met en route. Sylvain Chanael, puis Andrey Kashechkin et Levi Leipheimer se sacrifient au pied, laissant Oscar Pereiro, le maillot jaune, accélérer avec son coéquipier Denis Menchov dans la roue : il reste encore 12 kilomètres. Derrière ce duo de la Cofidis, la Rabobank dispose encore de son grimpeur Danois Michael Rasmusen et du jeune Pieter Weening, mais ils font tous les deux l’élastique. Wim Van Huffel résiste encore autant qu’il peut et vient apporter sa dernière aide à Vladimir Karpets. Ivan Basso attaque plusieurs fois, mais le duo Hispano-Russe de la Cofidis parvient toujours à le reprendre. Thomas Löfkvist défend et assure un maillot blanc qu’il porte depuis Rennes en restant avec les meilleurs jusqu’à 5 kilomètres du sommet. Là, Denis Menchov part seul. Ivan Basso attaque en contre et le reprend assez vite. Vladimir Karpets revient quelques hectomètres plus loin, ramenant dans sa roue le maillot jaune Oscar Pereiro, qui contre immédiatement. Cette fois, Ivan Basso ne se laisse pas avoir et il empêche tout écart de se creuser. Il tente bien sa chance à nouveau, mais n’a plus d’énergie. Quant à Vladimir Karpets, il est déjà bien content de ne pas perdre de temps, semblant à la rupture. La Cofidis se contente se mener un rythme soutenu, Oscar Pereiro et Denis Menchov se relayant. Dans un sprint à 4, Denis Menchov obtient la victoire, la seconde de sa carrière dans le Tour après celle obtenue au Plateau de Bonascre voisin l’an passé. Il s’empare du même coup de la tête du classement des grimpeurs, ayant cumulé des points tout au long de l’étape au simple placement en tête de peloton. Puisqu’il n’y a pas de bonifications, il reste à 7 secondes d’Oscar Pereiro, qui reste en jaune. Vladimir Karpets reste à 51 secondes, mais il monte sur le podium. Suivent Thomas Löfkvist à 1’26’’, puis des coureurs à plus de 2 minutes. Ivan Basso continue sa remontée au classement général, revenant dans le Top 10.
La transition s’entame par la plus longue étape de ce Tour, sur plus de 230 kilomètres sous une forte chaleur en direction de Montpellier. Cela lutte pendant plus d’une heure pour prendre l’échappée, avant qu’une quinzaine d’hommes ne parviennent à faire une véritable cassure. Parmi eux, la présence de 4 routiers de la Quick-Step en plus de Simone Cadamuro et de Mirko Lorenzetto. La Milram a donc joué la carte de l’offensive, face à l’équipe Ag2r, qui reste absolument seule pour gérer la poursuite, personne n’étant dangereux au classement général. Jamais la formation de Lloyd Mondory ne parviendra à faire fléchir cette grande échappée, qui se joue l’étape, 8 minutes avant le peloton. Devant, à une trentaine de kilomètres de l’arrivée, Cyrille Monnerais, le champion de France, décide de tenter sa chance. Il est notamment suivi par Mirko Lorenzetto, qui a bougé aussi, mais qui ne prend aucun relais, même s’il profite de la cassure pour remporter le sprint intermédiaire. Derrière, la Quick-Step roule. À l’usure, quelques coureurs de l’échappée sont distancés dans un final sans aucun dénivelé. Devant aussi, quelques coureurs craquent, dont le jeune champion de France, qui semblait en forme, mais qui a chuté dans un virage. Il ne reste ainsi que Freddy Bichot, Jose Joaquin Rojas et Mirko Lorenzetto en tête sous la flamme rouge, pour une poignée de secondes sur la poursuite, où Wouter Weylandt donne tout pour que Francesco Chicchi joue l’étape au sprint. La jonction se fera de justesse, mais l’Italien est débordé par Sébastien Chavanel, qui a su doubler le Français de la Telekom et le sprinteur complet Espagnol, mais pas Mirko Lorenzetto, qui remporte ainsi sa deuxième étape dans ce Tour de France et la 4ème pour sa formation Milram, dont Simone Cadamuro n’a pu faire mieux qu’une neuvième place. Si bien que l’avantage de ce dernier sur Lloyd Mondory n’est pas assez conséquent pour s’emparer d’un maillot vert, qui arrive sur les épaules de son coéquipier, qui a fait le plein de points en remportant le sprint intermédiaire et l’étape.
Le lendemain, en direction d’Aix-en-Provence, la transition reste place, mais le peloton veille. Ag2r et le Crédit Agricole se partagent la poursuite de l’échappée pour s’assurer d’une arrivée groupée. L’effort est tel que le quatuor de tête se fait prendre à près de 50 kilomètres de l’arrivée ! Ensuite, on continue de rouler assez fort, jusqu’au sprint intermédiaire, remporté par Thor Hushovd devant Mirko Lorenzetto et Danilo Napolitano. Côté Ag2r, on se préserve pour l’arrivée. Côté Milram, on préserve Simone Cadamuro pour le sprint massif. Une fois dans les rues de la ville étape, l’équipe Ag2r place Jean-Patrick Nazon, mais Lloyd Mondory, assez incompréhensiblement, n’est visible nulle part : il ne prend même pas part au sprint. Très vite, le Français recule, notamment face au gros travail de la Milram, encore, et de Samuel Dumoulin pour lancer Danilo Napolitano. Dans l’équipe Italo-Allemande, on paie les efforts de la veille et Simone Cadamuro n’est que cinquième, ne reprenant même pas le maillot vert à son poisson-pilote Mirko Lorenzetto. Leur compatriote Danilo Napolitano vient prendre la deuxième place du sprint massif, pour la quatrième fois sur ce Tour, la victoire revenant, pour la deuxième fois, à Thor Hushovd, qui continue de se débrouiller entièrement seul et qui rattrape un passage des Pyrénées très décevant pour ses coéquipiers grimpeurs de l’Euskaltel.
La dernière étape de transition achève la deuxième semaine et amène les coureurs à Monaco, après une étape assez accidentée, via notamment le Col de Tanneron et un final par la montée du Col d’Èze. Très vite, le peloton abandonne l’idée de se jouer l’étape et l’échappée de 5 coureurs va au bout. La Diquigiovanni est en surnombre avec Santo Anza et Walter Pedraza, mais leurs attaques successives ne font craquer que Laurens Ten Dam. C’est ainsi un final à 4, au sprint, dans les rues de la principauté, qui voit les deux coureurs de la formation Sud-Américaine prendre des places de troisième et quatrièmes, étant devancés par Karsten Kroon et surtout par Didier Rous, qui apporte un quatrième bouquet à la France après les victoires au sprint de Lloyd Mondory dans les premiers jours. Du côté du peloton, un repos général a été décrété. Les seules cassures ont eu lieu dans le col de l’arrière-pays, aux environs de Cannes. Le peloton y a complètement explosé et des coureurs comme Andreas Klöden ou Vladimir Karpets y ont été distancés, pour laisser plus de 3 minutes à l’arrivée, les formations Cofidis et Lotto assurant que personne ne revienne jusqu’à l’arrivée. Pour signaler à quel point le peloton avait laissé faire l’échappée : il y avait encore 11 minutes d’écart à l’arrivée, alors que les coureurs se regardaient en tête et alors que le peloton a roulé très vite dans la dernière heure.
Après une journée de repos, les coureurs quittent les environs de Nice pour aller grimpeur quelques cols : Turini, Saint-Martin, puis la Lombarde, s’arrêtant dans la station d’Isola 2000. Dès la sortie de Nice, Raffaele Illiano, petit grimpeur de la Rabobank se lance dans une échappée solitaire, qui ne gêne que Simone Cadamuro, deuxième du sprint intermédiaire placé très tôt dans l’étape. Cela lui suffit cependant pour reprendre le maillot vert. Dans la foulée, la montée de la vallée et le petit col de Castillon permettent à la Cofidis de placer, déjà, Maxime Monfort et Sylvain Chavanel en tête. Andrey Kashechkin les relaie dès qu’on sort de Sospel et dès le Col de Turini, il y en a de partout : déjà plus qu’une grosse vingtaine de coureurs dans le peloton, à près de 100 kilomètres de l’arrivée. Quelques coureurs reviennent dans la descente, mais la Lotto accélère à son tour, préparant une attaque de Vladimir Karpets dans la montée de St-Martin. Thomas Löfkvist et Iban Mayo l’accompagnent un temps. Derrière, Carlos Sastre mène la chasse pour Ivan Basso, permettant une jonction sur le Suédois et le Basque dès les premiers lacets de la descente, à moins d’une minute du Russe. Il ne reste alors plus que Pieter Weening pour la Rabobank, ainsi qu’Oscar Pereiro et Denis Menchov pour la Cofidis. La vallée voit un léger ralentissement, permettant à Christian Vandevelde, autre équipier d’Ivan Basso, de revenir, ramenant avec lui Floyd Landis et Michael Rasmussen. Seul l’Américain de la Lotto, qui ne prend aucun relais, ayant Vladimir Karpets à l’avant, parvient à résister à la première offensive d’Ivan Basso dans la montée finale. Assez vite, Denis Menchov ramène le maillot jaune sur eux, ainsi que Carlos Sastre, qui repasse alors en première position. Avec un temps de retard, Pieter Weening revient également. Puis Ivan Basso remet ça à mi-pente, au moment où Vladimir Karpets est repris. Cette fois, le rythme de Denis Menchov pour revenir sera doublement insuffisant : il ne saura jamais reprendre l’Italien et il ne permet de distancer qu’un coureur, son coéquipier et maillot jaune Oscar Pereiro. L’avance d’Ivan Basso monte jusqu’à la minute 30, mais descendra dans les derniers lacets, pour n’être que de 55 secondes sur la ligne d’arrivée. Seul, Oscar Pereiro aura su bien gérer son rythme, ne laissant que 44 secondes aux meilleurs grimpeurs. Il recule ainsi à la deuxième place du classement général, à 37 secondes de Denis Menchov, qui remplace les pois rouges par un jaune uni. Bénéficiant des défaillances de ses adversaires, Pieter Weening monte sur le podium provisoire, alors que sa meilleure référence sur un Grand Tour était une 8ème place du Giro il y a 2 ans. Il n’a cependant que 16 secondes d’avance sur Ivan Basso, qui continue de se rapprocher petit à petit de la première place. Il peut vraiment regretter sa mauvaise forme lors des premiers jours de la course.
L’avant-dernière étape des Alpes est la dernière étape voyant une arrivée en haute altitude et elle peut même être considérée comme l’étape reine, avec plus de 5 000 mètres de dénivelé, via la cime de la Bonnette, puis les cols de Vars, d’Izoard et de Granon. Dès le départ, ça attaque dans tous les sens, avec une grosse échappée se construisant avec notamment à son bord Samuel Sanchez, José Serpa ou encore Yaroslav Popovych. Après une grosse bagarre, le peloton décide de se relâcher dans la montée de la Bonnette et ce groupe creuse très vite l’écart : un quart d’heure d’avance au toit du Tour. Puis dans la montée de Vars, quelques contre-attaques s’organisent, autour d’Ivan Mayo, Michael Rasmussen et Andreas Klöden. Ils ne sont pas spécialement dangereux au général, alors on laisse faire. Mais Ivan Basso tente aussi sa chance à 6 kilomètres du sommet. Cette fois la Cofidis réagit et le rythme très soutenu fait exploser le peloton. L’équipe Nordiste use très vite Andrey Kashechkin. Des cassures se font, piégeant beaucoup d’équipiers, mais aussi le porteur du maillot blanc Thomas Löfkvist. Le Suédois ne perdra cependant pas la tête du classement des jeunes, son dauphin, Maxime Monfort, est à plus de 20 minutes de lui et a été distancé également. Dans les faux-plats à la sortie de Guillestre, menant aux pentes vers l’Izoard, Ivan Basso et les contre-attaquants sont repris. Une partie de l’échappée matinale également, même s’il en reste encore beaucoup intercalés. En tête, Yaroslav Popovych est désormais seul, avec toujours 9 minutes d’avance sur le groupe maillot jaune. L’Izoard est monté à très vive allure. Ivan Basso attaque à nouveau plusieurs fois. La Cofidis use ses équipiers pour revenir à chaque fois, mais très vite, il ne reste plus qu’Oscar Pereiro aux côtés de Denis Menchov. Ils laissent ainsi faire lorsque des coureurs moins dangereux, Pieter Weening et Floyd Landis, sortent à l’approche de la Casse Déserte. Dans la descente, le groupe maillot jaune ne prend pas de risque. Ils traversent Briançon à 5 minutes de l’Ukrainien, toujours en tête. Le duo, parti en contre, s’apprête à rattraper Iban Mayo, ils ont une minute et demie d’avance sur le peloton.
Mais là, curieusement, plus rien. Le groupe maillot jaune est complètement apathique. Oscar Pereiro se place en première position et on roule au train. Ce n’est même pas si rapide, puisque l’écrémage ne distance que les coureurs qui étaient revenus dans la descente et après. Il faut attendre d’être au milieu de l’ascension pour voir Carlos Sastre attaquer. L’Espagnol emmène avec lui Vladimir Karpets. Derrière, Oscar Pereiro commence à être relayé par Denis Menchov, le maillot jaune assume sa position. Il est alors attaqué par Ivan Basso, qui revient sans problème sur son coéquipier. Le trio revient alors vite sur la contre-attaque et Floyd Landis se sacrifie pour son leader Vladimir Karpets. Le duo Cofidis revient sur eux à 3 kilomètres du sommet et dès que se fait la jonction, Denis Menchov attaque. Tous essaient de suivre, sauf l’Américain, se relevant et Pieter Weening, qui explose complètement. Une fois la jonction faite, c’est Oscar Pereiro qui y va. Ivan Basso est le plus prompt à réagir, son équipier Carlos Sastre ne pouvant plus suivre. Puis Denis Menchov y va à nouveau, distançant cette fois son coéquipier et dauphin du général Oscar Pereiro. Dans la roue du Russe, il ne reste que son compatriote Vladimir Karpets, qui ne donne aucun relais, son coéquipier Yaroslav Popovych étant toujours à l’avant, et Ivan Basso. L’Italien use une dernière cartouche en tentant d’accélérer sous la flamme rouge, mais le maillot jaune prend sa roue sans le moindre souci et le dépose sur la ligne d’arrivée. Il ne s’impose pas pour autant, Yaroslav Popovych ayant su garder une toute petite longueur d’avance, après avoir connu une montée très difficile. Au classement général, l’avance de Denis Menchov dépasse désormais la minute sur Oscar Pereiro, toujours deuxième, même Ivan Basso se rapproche de lui, montant même sur le podium, avant la dernière étape de montagne.
Cette dernière étape propose un enchaînement de cols, avec tout d’abord le long et roulant Lautaret, avant l’irrégulier et difficile versant sud du Glandon, puis la plus régulière, mais non moins difficile, montée de la Madeleine, avant une arrivée à Moûtiers, après quelques courts kilomètres plats. Le départ offre une échappée avec un peu moins de grimpeurs. On y recense cependant à nouveau Yaroslav Popovych, remettant son effort de la veille, probablement en quête d’un maillot à pois, actuellement sur les épaules d’Ivan Basso, même si Denis Menchov reste en tête du classement. On remarque également dans l’échappée un sprinteur : Simone Cadamuro. Il a du mal dans les derniers kilomètres du Lautaret, mais revient dans la descente pour aller remporter le sprint intermédiaire du Bourg-d’Oisans et ainsi consolider son maillot vert. La course des grimpeurs débute dans la montée du Glandon, alors que l’Ukrainien commence déjà à mettre à mal une échappée qui possède 12 minutes d’avance sur le maillot jaune, faisant de lui (comme la veille d’ailleurs), le leader virtuel du classement général. Comme la veille, des outsiders sont les premiers à bouger, avec Theo Eltink et Michael Rogers. Mais c’est encore une attaque d’Ivan Basso qui fait exploser le groupe de tête, avant que la Cofidis ne revienne sur l’Italien. Au sommet, le peloton ne compte plus qu’une douzaine d’unités.
Vers la Madeleine, d’autres outsiders accélèrent, avec Koldo Gil et Jörg Jaksche, mais là encore, ces efforts sont insignifiants face aux attaques d’Ivan Basso. L’Italien s’envole et force Denis Menchov à réagir. Le maillot jaune attaque également et par en contre derrière l’Italien. Il met 3 kilomètres à revenir dans sa roue. Il en reste alors encore 11 de montée. Derrière eux, Vladimir Karpets et Pieter Weening mènent la poursuite, un temps aidés par Floyd Landis, qui s’arrache pour son leader Russe avant d’exploser, puis de revenir au train pour exploser à nouveau. À 4 kilomètres du sommet, ils n’ont plus que 20 secondes de retard sur le duo Italo-Russe, dans lequel Ivan Basso assume seul les relais. Dans le groupe de poursuite, Oscar Pereiro craque et bientôt Carlos Sastre en fera de même : les deux hommes à l’avant n’ont plus le moindre équipier en cas de jonction. En tête, Yaroslav Popovych résiste encore, mais il ne tiendra pas jusqu’à la ligne : il est repris au sommet du Col de la Madeleine, alors qu’un regroupement se fait aussi avec les deux coureurs en poursuite. Un groupe de 5 aborde ainsi la descente en tête, avec un avantage numérique pour la Lotto. Néanmoins, une nouvelle cassure se crée dans la descente, avec Ivan Basso qui attaque à nouveau. Il se retrouve sur le plat avec 12 secondes d’avance sur Denis Menchov et Vladimir Karpets, qui ont eux-mêmes une vingtaine de secondes sur Yaroslav Popovych et Pieter Weening. Sur la portion plane, le maillot jaune attaque son compatriote, trouvant sans doute qu’il ne le relayait pas assez. Meilleur rouleur que l’Italien, il parvient à revenir sur lui juste avant la flamme rouge. Dans un ultime duel entre les deux, le sprint est remporté par Denis Menchov, comme pour confirmer que c’est bien lui qui devrait remporter ce Tour de France. Quant à Ivan Basso, il n’est pas uniquement le dauphin de l’étape, puisqu’il double Oscar Pereiro au classement général.
La sortie des Alpes se fait en direction de Lyon. Pendant près de deux heures, les coureurs se battent pour aller dans l’échappée, si bien que le peloton se retrouve groupé dans la montée du Col de l’Épine, dernier « col » de ce Tour. L’effort y est fait par Denis Menchov pour passer en tête et assurer sa victoire dans le Grand Prix de la Montagne. Par la suite, l’échappée se dessine enfin, avec un duo : Christophe Agnolutto et Assan Bazayev. Il est vraiment curieux de voir cette simple paire réussir à sortir du peloton. Mais une fois les quelques coureurs distancés dans le col revenu, la chasse pour les sprinteurs s’organisent et une inéluctable jonction a lieu. Tous les sprinteurs sont bien là et la Milram déroule son train. Sauf qu’assez curieusement, le maillot vert Simone Cadamuro est en tête au moment de lancer l’effort, devant son dauphin au classement Mirko Lorenzetto, les deux Italiens lançant Erik Zabel. Après avoir mis fin à 5 années de disette l’an dernier, il remporte un nouveau sprint massif sur la Grande Boucle, portant à 38 ans son cumul d’étapes à 17, faisant de lui le 7ème coureur de l’histoire à avoir cumulé le plus de succès. À noter aussi que l’écart avec sa première victoire sur le Tour est de 12 ans ! Son dauphin pour cette étape est Lloyd Mondory. Mais le maillot vert semble perdu, sauf exploit à Paris combiné à un résultat catastrophique des deux sprinteurs Italiens de la Milram, avec Mirko Lorenzetto qui a repris ici la tête du classement à son coéquipier Simone Cadamuro pour 7 points. Derrière le coureur d’Ag2r, un tri groupé de sprinteurs Français, avec Samuel Dumoulin et une surprenante place de quatrième pour Mathieu Drujon.
Avant une remontée vers Paris en TGV, une ultime étape attend les coureurs : un contre-la-montre très accidenté, sur plus de 50 kilomètres, autour de Villefranche-sur-Saône. Concernant la victoire d’étape, les favoris du classement général ont été battus par 3 coureurs, assez loin au général. Sylvain Chavanel termine 3ème, ayant sans doute pris des repères pour ses leaders Denis Menchov et Oscar Pereiro. Le rouleur David Zabriskie a su profiter des portions roulantes en début d’étape (large leader au premier intermédiaire) pour assure une 2ème place du classement, alors que la victoire revient, de façon inattendue, à Christian Müller, qu’on n’attendait pas aussi bien lors de ce chrono, ayant été invisible pendant 3 semaines et ayant participé au Giro. Néanmoins, il a avait déjà remporté l’ultime chrono de la dernière Vuelta, montrant ainsi certaines aptitudes à encaisser 3 semaines de course. Quant au classement général, Thomas Löfkvist réalise une bonne prestation, assurant le top 10 en plus d’avoir dominé le classement des jeunes (une demi-heure sur Maxime Monfort et plus d’une heure sur Piotr Mazur, ses deus premiers dauphins). Le Suédois rate même la huitième place pour moins de 20 secondes, ayant failli revenir au classement général sur Carlos Sastre et Wim Van Huffel, qui n’ont pas été dans un grand jour. Le Belge termine juste derrière 3 de ses coéquipiers, avec dans l’ordre décroissant Floyd Landis (terminant mieux le Tour qu’il ne l’avait commencé, avec une cinquième place dans ce contre-la-montre), Vladimir Karpets (qui doit sérieusement regretter le temps perdu en Provence, sans lequel il serait sur le podium) et Yaroslav Popovych. Au pied du podium est Pieter Weening, qui n’était pas au départ le Rabobank le plus attendu. Ensuite, il y a le duel entre Oscar Pereiro et Ivan Basso. L’Italien avait un avantage de 4 secondes au départ. Après la portion roulante, c’est l’Espagnol qui passe devant pour 2 secondes. La partie médiane, la plus accidentée, permet à l’Italien de reprendre l’avantage, pour 3 secondes. Mais au final, Oscar Pereiro reprend le dessus et obtient la deuxième place du classement général pour une seule petite seconde ! Quant à Denis Menchov, il a assuré le nécessaire sans avoir à se forcer. Il aurait sans doute pu mieux faire, mais il termine une dizaine de secondes derrière son coéquipier et celui qui a été son plus coriace adversaire en montagne. Mais le plus important pour lui, après une bonne régularité tout au long de l’épreuve, est qu’il va remporter le Tour de France.
Il ne reste alors plus que les Champs Élysées pour que la Cofidis défile, ayant réussi un rare doublé dans l’histoire du Tour de France. La place est ensuite laissée aux sprinteurs, pour aller chercher un succès de prestige sur la plus belle avenue du monde. Après un bref contrôle de l’échappée, l’équipe Milram s’installe à nouveau à l’avant du peloton. Leur stratégie collective tournante mène à présent Mirko Lorenzetto à l’avant très tôt. Le maillot vert va donc perdre sa tunique et la laisser à Simone Cadamuro, celui-ci allant lancer Erik Zabel et ayant déjà fait le plein de points au sprint intermédiaire. Cependant, le Crédit Agricole se montre également très fort, avec Damien Nazon et Samuel Dumoulin qui veulent lancer Danilo Napolitano. L’Italien parvient à déborder l’Allemand de quelques centimètres dans les derniers tours de roue de ce Tour de France, mais c’est une place de deuxième qui l’attend, pour la cinquième fois en trois semaines ! En effet, la victoire revient à un sprinteur esseulé, qui avait choisi de prendre sa roue. Après 3 dernières années sans remporter d’étape sur le Tour en courant au Crédit Agricole, le Norvégien Thor Hushovd profite du train de son ancienne équipe pour aller remporter une troisième victoire sur ce Tour de France, pour une année 2008 bien réussie, après avoir déjà levé les bras dans la Via Roma. Ce cumul de performance lui fait prendre la tête de la Coupe du Monde.
Sur les podiums, montent ainsi le trio de tête du général, Denis Menchov, Oscar Pereiro et Ivan Basso. Le Russe remonte aussi plusieurs fois, notamment pour le maillot à pois. Simone Cadamuro et Thomas Löfkvist viennent ensuite pour les maillots vert et blanc. Le vainqueur du Tour 2008 revient ensuite avec toute la Cofidis au complet, ayant remporté de peu le classement par équipes de peu face à la Lotto. Côté Français, le mieux classé au général est Sylvain Chavanel, à la 15ème place après avoir servi d’équipier pour le vainqueur de la course et avoir perdu relativement peu de temps dans les étapes accidentées et les chronos, où les grimpeurs ont parfois perdu beaucoup. Ensuite, la situation est plus compliquée pour l’étendard tricolore, puisqu’il faut aller jusqu’à la 42ème place de Nicolas Vogondy, puis la 56ème de Didier Rous. Quant à la lanterne rouge, elle revient à un néo-pro Tchèque de l’équipe Bretagne, Ervin Stranel.
Dans la foulée du Tour de France, Thor Hushovd remporte la Cyclassics à Hambourg, où Danilo Napolitano est encore deuxième. La Classica San Sebastian voit la victoire d’Alejandro Valverde, qui remporte dans la foulée tous les classements de la Vuelta, plus 4 étapes. Au classement général, il devance Ivan Basso et Francisco Mancebo. Un peu plus tôt, Thomas Dekker avait fait son retour à la compétition en remportant le Tour du Benelux, puis en devenant champion du monde du contre-la-montre, avec près de 2 minutes d’avance sur Jose Ivan Gutierrez et sur Ivan Basso, qui complètent le podium. L’Italien se rattrape le dimanche en permettant à l’Italie d’avoir un champion du monde à domicile. Sur l’accidenté circuit de Varese, il bat au sprint le Belge Pieter Mertens. Réglant un second groupe, Yaroslav Popovych prend la médaille de bronze.
Sur la fin de saison, Pieter Mertens prend sa revanche en s’imposant à Zürich, où la place au pied du podium d’Alejandro Valverde lui permet de prendre définitivement la tête de la Coupe du Monde à son coéquipier, l’Espagnol courant également chez Euskaltel. Puis à Paris-Tours, le dernier sprint massif de l’année revient à Mark Renshaw, avant un final en Lombardie voyant l’Allemand Matthias Kessler devancer les Italiens Domenico Pozzovivo et Lorenzo Bernucci. Ce dernier est néanmoins largement consolé par le succès de prestige obtenu en septembre, lors du GP de Fourmies.