Nous voici de retour en Italie pour la classique des feuilles mortes, avant dernière étape de la Coupe du Monde. A défaut d’autres références, nous sommes contraints de nous appuyer sur les résultats des ardennaises pour faire ressortir quelques favoris, à savoir Hazard (COC), Castelli (BEN), Etchebarne (EUS), Bois (PEL) … Mais attention, les difficulté que les coureurs va rencontrer aujourd’hui seront bien plus longues que toutes celles qu’ils ont dû affronter jusqu’ici, et nous ne sommes pas à l’abri de surprises.Depuis le départ de la compétition l’équipe EF s’est illustrée chaque jour à la poursuite des échappées. Si
Vysta et
Higuita (EF) ont multiplié les entrées dans les 10, on sent qu’il manque peut-être une performance un peu plus remarquable pour cette équipe. C’est sans doute pour cette raison que
Powless (EF) part dans le premier coup de la journée en compagnie d’
Yrran (AIR) et
Gomez (COL). Ce trio est ensuite rejoint par
Erminig (AUD), Cussoné (RBU), Nilrasten (AIR) et
Casgrain (COC) pour constituer une échappée de 7 hommes après une quinzaine de kilomètres.
Au sein de cette échappée personne ne s’est encore illustré sur terrain accidenté, et le peloton laisse filer. Il est d’ailleurs utile de s’intéresser aux équipes qui roulent au sein du peloton. Il n’est pas étonnant de voir les équipiers d’
Etchebarne (EUS) faire leur part du travail, ni même ceux de
Nakane (NIN) discret mais auteur d’une bonne campagne ardennaise. En revanche on peut se questionner sur les garanties qu’
Armstrong (USP), Firenzi (ACQ) ou
Meintjes (DDD) apportent à leurs équipiers.
L’échappée entame le Colle Gallo, première difficulté de cette journée, avec 5 grosses minutes d’avance. Le rythme n’est pas encore très élevé, mais on sent que les sprinteurs et autres flahutes qui la composent ont du mal à hisser leurs grandes carcasses jusqu’au sommet.
Bien qu’aucun d’entre eux ne représente une quelconque menace, le peloton a ramené les échappés sous la barre des 2’ avant d’aborder la Madonna del Ghisallo à 65 kilomètres de Bergame. Ils sont bien vite rejoints par le premier coup de visse des Euskaltel. Pour ceux qui en doutaient
Etchebarne (EUS) assume pleinement son statut de favoris. Le vainqueur de San Remo est déjà en deuxième position. Puis dans la deuxième partie de l’ascension c’est
Firenzi (ACQ) en personne qui prend la tête du peloton. Ce n’était donc pas pour lui que son équipe a roulé toute la journée. Au sommet ils ne sont déjà plus qu’une trentaine dans la roue de l’Italien.
James (MIC), Hincapie (USP) et surtout Bois
(PEL) n’en sont pas.
Monfils (LOT) et
Firenzi (ACQ) livrent leurs dernières forces avant le Colma di Sormano et ses terrible 5 à 12%. Dans l’ascension c’est la Euskaltel qui reprend les commandes, d’abord par
Zumarraga (EUS), puis et surtout par Bidegaray (EUS). Comme à son habitude, il fait très mal puisque
Castelli (BEN) saute avant même d’arriver dans la partie la plus difficile. L’Italien voit sans doute ici ses derniers rêves de victoire finale s’envoler, alors que
Monfils (LOT) se gare à l’entame du mur à proprement parler.
Ils ne sont plus que 20 dans le peloton des favoris sur ces pentes qui frôlent les 20%.
Bidegaray (EUS) est cette fois dans le dur, et c’est
Nakane (NIN) qui prend brièvement les commandes. Il ne les garde que quelques instants avant qu’
Etchebarne (EUS) ne repasse en tête. Pas encore d’attaque, mais un rythme très soutenu qui asphyxie ses adversaires et fatal à
Onzetrendeu (RBU), Prades (LOT) et surtout
Lletarm (AIR) à 47 kilomètres de l’arrivée !
Etchebarne (EUS) se retourne à l’approche du sommet, il doit juger ses adversaires suffisamment mûrs puisqu’il accélère aussitôt. L’attaque est tranchante, et personne ne peut répondre. En fait personne ne fait mine d’essayer. Ses premiers poursuivants passent au sommet avec un retard de 50 secondes. Ils sont 5,
De Guignes (BOU), Meintjes (DDD), Armstrong (USP), Ornicar (CAG) et
Nakane (NIN) qui s’est replacé en queue de groupe. Tous ont pris un sacré coup derrière le crâne. Et en ce qui concerne ceux de derrière, il n’y a plus grand-chose à espérer.
Malgré cet écart,
Etchebarne (EUS) n’insiste pas dans la descente et se laisse rejoindre par ses poursuivants. Mais sans surprise personne ne veut collaborer avec lui après sa démonstration de force, si ce n’est
Meintjes (DDD).
Karpov (AVK), Lakalach (RBU) et
Polujanski (CCC) profitent de cette chance inespérée pour revenir quelques kilomètres avant le Civiglio. Ce sont donc 9 hommes qui se présentent pour la victoire dans cette avant dernière difficulté.
Meintjes (DDD) y pose la première mine à laquelle seuls
Etchebarne (EUS), Ornicar (CAG), Polujanski (CCC) et
Nakane (NIN) répondent. Le Sud-africain insiste, et le Polonais finit par laisser un écart que le Japonais ne peut combler. Heureusement pour lui,
Nakane (NIN) pourra profiter du retour de
De Guignes (BOU) pour rentrer lui aussi. Ils sont donc 5 à l’approche du sommet, et cette fois
Etchebarne (EUS) laisse ses adversaires faire les efforts.
Armstrong (USP) s’échine en vain pour rentrer alors que la pluie s’invite pour les 15 derniers kilomètres.
Ornicar (CAG) en profite pour mettre en difficulté dans la descente un
Etchebarne (EUS) soudain moins confiant.
Mais le Basque s’accroche et ce sont bien 5 hommes qui se présentent dans la dernière difficulté du jour.
De Guignes (BOU) tente de s’y débarrasser de ses compagnons, sans succès. Mais le Français insiste une fois le sommet passé. Et là c’est la surprise,
Etchebarne (EUS) est tétanisé dans la descente ! Il est en train de perdre une course qui lui était promise il y a quelques minutes à peine !
Mais on connait le mental de champion du leader de la Euskaltel. Il revient sous la flamme rouge au prix d’un effort intense, effort qui lui restera dans les pattes au moment de lancer le sprint. Au contraire
Hideto Nakane (NIN) a gardé assez de jus pour ne laisser aucune chance à
Ornicar (CAG), Meintjes (DDD) et
De Guignes (BOU). Derrière ces cinq-là, les écarts sont immenses.
Armstrong (USP) termine « meilleur des autres » à pratiquement 3’30.