6 Octobre 2073 - Miami - Reo Magila
« […] Comment vous-êtes vous entrainé ? Cela fait 5 ans que vous n’avez pas participé à Universe, quel est votre objectif ? Serez-vous totalement au service de Thomas Askeerk ? Comment appréhendez-vous la course ? […] »
La course n’est pas débutée, mais nous sommes déjà lâchés dans l’arène. L’œil des projecteurs suit intensément chaque coureur à mesure qu’il s’avance sur la scène. Toute une fourmilière s’agite autour de nous, tandis que les spectateurs profitent de ce spectacle particulier qu’est la présentation des équipes. En fond, le bruit des drones résonne le long des murs en un vrombissement chaotique, les prémisses d’une chorégraphie qu’ils s’apprêtent à mener pendant un mois. L’on se croirait rendus à un spectacle, alors que chaque coureur engagé sait que c’est une marche en enfer qui l’attend, une longue marche de la soif pour épancher les blessures, les cloques et les bleus.
Je suis arrivé à Miami il y à cinq jours, avec les autres membres de l’équipe. Depuis, nous enchainons les conférences de presse, les interviews. Les articles fleurissent sur la toile. L’agitation gagne l’ensemble des continents. La course n’a pas encore débutée que nous enflammons la plume des journalistes, et Miami par la même occasion. Les lumières brillent tard dans la nuit, suivant les coureurs, et me suivant moi également. Elles se reflètent dans les eaux de Floride, que surplombe désormais la ville, métallique. A mi-chemin entre Venise, Rotterdam et une plate-forme pétrolière, Miami s’est étendue sur l’océan, en plusieurs étages. Parfois avec seulement quelques coudes séparant les plus basses habitations de l’écume, tandis que des plateformes, de plus en plus grandes, s’élèvent le long de poteaux recouverts de lichens et d’algues. La ville est devenue étrange. La partie restée sur le continent s’offre toujours le luxe de longues plages blondes tandis qu’une couleur vert-rosâtre s’échappe des dessous de ce quartier construit sur les flots au cours des 20 dernières années. L’une vit le jour et l’autre la nuit, renforçant ce contraste.
La chaleur des projecteurs qui se ressent est déjà infernale alors que je ne suis toujours pas entré sur scène. L’arrière de mes cheveux est déjà en partie trempé tandis que je m’apprête à m’avancer depuis les coulisses. Les panneaux se séparent et bifurquent afin de nous laisser le passage. Les douze, nous marchons droit devant, pour arriver sur l’immense scène drapée de fumée. Nous sommes la dernière équipe à être présentée pendant la soirée, les autres sont déjà positionnées sur des podiums sur l’ensemble du plateau. La température a augmenté d’un coup alors que les lumières sont braquées sur nous. Les flashs retentissent, les hurlements de fans également. J’entends la voix du speaker hurler à en crever les tympans présenter un à un les membres de l’équipe. Je lève le bras machinalement. Je dois rester concentrer, nous devons rester concentrer. La course va débuter dans moins de deux jours désormais.