Devant l’essor du cyclisme africain, l’équipe du Gruppetto s’est rendu au Gabon pour couvrir la
Tropicale Amissa Bongo 2019. Cette course par étapes disputée en début de saison est considérée comme l’événement phare du continent africain. C’était l’occasion de partir à la rencontre du jeune talent Rwandais
Jean-de-Dieu Murenzi. Il a rejoint cet hiver la
Dimension Data-Qhubeka qui n’est autre que la réserve de l’équipe sud-africaine World Tour, la
Dimension Data. Nous l’avons rencontré la veille du départ de la grande messe du cyclisme gabonais et plus largement africain à Franceville dans le sud-est du pays.
Bonjour Jean-de-Dieu, peux-tu te présenter au Gruppetto ?Bonjour, je m’appelle
Jean-de-Dieu Murenzi, je suis
Rwandais. Je suis né et je vis à
Musenza, à près de 2000 mètres d’altitude dans l’est du pays. Musenza est une ville touristique, à deux pas du parc des Volcans réputé pour ses gorilles, chimpanzés et singes dorés. Je viens d’avoir
19 ans et j’ai 4 sœurs.
Comment est venue cette passion pour le cyclisme et peux-tu nous expliquer ton parcours jusqu’à l’équipe réserve de la Dimension Data ?Le vélo est un sport national au Rwanda. Sans aucun doute le plus populaire après le football. Musanze est une ville-étape qui revient souvent sur notre Tour national et j’allais souvent voir les coureurs avec mes parents aux bords de la route et aux arrivées. Je me souviens tout particulièrement de l’édition 2008, j’avais 8 ans et
Adrien Niyonshuti qui a remporté le maillot jaune. C’est depuis ce jour-là que j’ai voulu faire comme lui. Au fil des années, le plateau était de plus en plus relevé. J’ai pu voir
Daniel Teklehaimanot (vainqueur en 2010) et maillot à pois quelques jours sur le Tour de France en 2015 et
Louis Meintjes (second en 2013) 9ème du Tour de France en 2016 et 2017 avant tout le monde !
Le Mur de Kigali sur le Tour du Rwanda
J’ai commencé le vélo plus sérieusement vers 12-13 ans quand le centre de formation soutenu par le gouvernement m’a passé un joli vélo et m’aidait pour l’entretien. On me prodiguait des conseils, on m'inscrivait sur les courses de la région. Au fur et à mesure de mes progrès, j’ai intégré presque professionnellement le centre pour prendre part aux plus belles courses du pays pour les cadets et les juniors en parallèle des mes études. C’est là que j’ai suscité l’intérêt de la Dimension Data et j’ai donc intégré leur structure réserve. Je suis les pas de
Valens Ndayisenga,
Joseph Areruya désormais professionnel chez Delko en France et de
Samuel Mugisha toujours présent et de deux ans mon aîné qui sont aussi passés par la formation du pays arc-en-ciel.
Quel profil de coureur penses-tu être ?Le Rwanda est un pays avec aucune ville sous la barre des 1000 mètres d’altitude et que l’on surnomme le pays des mille collines. Autant vous dire qu’il faut aimer grimper. Pour ma part, j’ai grandi à 2000 mètres d’altitude et j’ai de bonnes capacités physiques pour grimper et enchaîner les ascensions. Je pense être une personne et un coureur tenace qui donne tout pour s’accrocher mais je pense que c’est typique des Rwandais de par notre histoire, notre culture et notre environnement.
Pour en revenir au physique, je mesure
1.80 mètre et pèse
60 kilos. Je pense me rapprocher physiquement d’un
Thibault Pinot. J’apprécie le coureur et sa manière de courir. C’est le modèle que j’essaie de suivre. Je regarde des vidéos de son équipe, je le suis sur Strava mais je suis encore loin de son niveau.
Musanze, ville rwandaise au nord du pays dans les montagnes au cœur du Parc des Volcans, destination touristique pour aller à la rencontre des gorilles. La ville est située à 2000 mètres d'altitude à moins de 30 kms de la République Démocratique du Congo et de l'Ouganda tous les deux également situés dans la région des Grands Lacs
Après plusieurs années à l’Africa Rising Cycling Center comme tu nous l’as expliqué, tu as donc rejoins l’équipe réserve de la Dimension Data. Peux-tu nous expliquer comme ça s’est fait ? Cela s’est fait naturellement, j’avais des bons résultats chez les juniors dans mon pays. La
Dimension Data scoute beaucoup parmi les jeunes coureurs africains et les tests physiques que j’ai effectué pour eux se sont avérés très bons. J’ai signé un contrat avec eux pour la prochaine saison. La formation
Benediction Cycling Team, la seule équipe continentale rwandaise m’avait aussi promis une place si jamais ça ne se faisait pas avec la DD. Je les remercie vraiment pour leur confiance et ont compris mon choix. La structure de la
DD-Qhubeka, même si ce n’est que la réserve, est très proche des équipes professionnelles. Je vais avoir accès au calendrier européen espoir et pouvoir progresser avec un encadrement et du matériel de grande qualité tout en poursuivant mes études à
Pretoria en Afrique du Sud.
Quels sont les courses qui te font rêver ?Ma carrière est encore à ses balbutiements donc j’ai plus des rêves que des objectifs pour le moment et devenir le premier Rwandais à disputer le
Tour de France est celui qui revient chaque nuit. Ma mère me dit que le maillot à pois m’irait bien, je suis plutôt d’accord avec elle. J'aimerai gagner le
Tour du Rwanda au moins une fois dans ma carrière et y participer régulièrement, professionnel ou pas.
Le
Tour des Flandres est sans aucun doute la classique qui me fait le plus rêver mais vu mon profil ce serait plutôt un cauchemar pour moi dans la réalité avec mes 60 kilos. A Kigali, on a un mont pavé célèbre qui n’est pas sans rappeler le Ronde. Si je m'oriente vers un profil de grimpeur et que je passe professionnel dans les années à venir, le
Tour de Lombardie est la course d'un jour qui me correspondrait le mieux. Je vais la courir en fin d'année dans la catégorie espoir.
D'ailleurs quel est le programme de ta saison ?Je vais passer les 3 premiers mois de l’année sur le continent africain. La
Tropicale Amissa Bongo déjà, sinon on ne serait pas là, pour le mois de janvier puis fin février le
Tour de Rwanda sera un gros objectif mon compatriote Samuel Mugisha et moi. En mars, direction le Maghreb pour le
Tour de la Pharmacie Centrale de Tunisie et le
Tour d’Algérie.
En avril je vais découvrir pour la première fois l’Europe, j’ai vraiment hâte. Je vais aller en Italie où l’équipe à l’intention de briller sur les courses espoirs comme le Giro del Belvedere, le Trofeo Edil, le Trofeo Piva et le GP Palio del Recioto en Italie. A la fin du mois, il y aura le
Liège-Bastogne-Liège espoir. Là aussi, j’attends avec impatience cette course avec des côtes mythiques. Et puis avec la Belgique, on a une histoire commune et particulière au Rwanda...
Cependant, mes gros objectifs en Europe seront étalés entre la dernière quinzaine de mai avec la
Ronde de l’Isard et la première de juin avec le
Baby Giro. Ce sera l’occasion de se confronter aux meilleurs grimpeurs espoirs internationaux. Je vais pouvoir couper 2 grosses semaines ensuite, ça fera du bien car les échéances ne sont pas finies : Trofeo de Brescia,
Tour de la Vallée d’Aoste,
Tour du Portugal du Futur. La fin de saison sera plus calme avec des courses d’un jour en Slovénie, Italie et Autriche avant de finir avec le
Piccolo Lombardie. En octobre, je retournerai tout de même en Afrique pour le
GP Chantal Biya au Cameroun.
Le calendrier de Jean-de-Dieu MurenziTropicale Amissa Bongo
Tour du Rwanda
Tour de la Pharmacie Centrale de Tunisie
Tour d’Algérie
Giro del Belvedere (U23)
Trofeo Edil C (U23)
Trofeo Piva (U23)
GP Palio del Recioto (U23)
Liège-Bastogne-Liège (U23)
GP de Francfort (U23)
Ronde de l’Isard (U23)
Baby Giro (U23)
Trofeo Brescia
Tour de la Vallée d’Aoste (U23)
Tour du Portugal du Futur (U23)
GP de Kranj
GP Capodarco (U23)
GP Judendorf
GP Chantal Biya
Piccolo Lombardia (U23)