Deuxième jour tranquille d’affilée, qui doit se finir par un sprint en bosse à Laon. Pas grand monde n’est motivé pour prendre l’échappée non plus, si bien que
Stuyven passe la journée seul à l’avant. Le belge ne pourra évidemment pas résister dans le final alors que les armadas Sky et BMC veulent placer au mieux
Van Avermaet et
Sagan.
Barguil fait notamment, et comme à son habitude, un gros travail pour le slovaque dans la dernière bosse. Les deux champions peuvent se livrer un énième duel, qui va assez largement tourner à l’avantage du slovaque cette fois.
Gilbert complète le podium. Si les sprinters et les puncheurs se sont disputés la victoire, quelques grimpeurs ont aussi été attentifs dans les roues, à raison. En effet, en 23e position, une cassure est ouverte… par
Chris Froome en personne ! Seuls
Schleck,
Kreuziger,
Barguil et
Gesink sont devant et récupèrent 46 précieuses secondes sur leurs rivaux !
La huitième étape est celle de toutes les peurs. Près de 33 kms de pavés : jamais le Tour n’en a proposé autant dans son histoire ! Les favoris au général devront donc être bien entourés, et
Schleck oublier qu’il avait perdu beaucoup de temps sur une distance cumulée deux fois moindre en 2015. Cette année, des secteurs mythiques sont en plus au programme tels que la Trouée d’Arenberg, Mons-en-Pévèle et le Carrefour de l’Arbre dans le final. De quoi proposer un beau terrain de jeu aux flandriens également, mais tous n’attendent pas les pavés pour se dévoiler. À l’initiative du maillot vert
Hathaway, une bonne échappée de 7 coureurs prend forme comprenant
Terpstra,
Benoot, ou encore
Pichot, 6e de l’Omloop Het Nieuwsblad en début d’année.
Alaphilippe,
Albasini et
El Farès sont aussi de la fête.
Hathaway fait le plein de points au sprint intermédiaire de Denain, puis les choses sérieuses commencent avec le pavé d’Haveluy. Ayant compté jusqu’à 7 minutes à un moment, les hommes de tête ont 5’30’’ d’avance au moment d’entrer dans le deuxième secteur, qui n’est autre que la Trouée d’Arenberg !
El Farès y est déjà décroché, alors que
Démare crève dans le peloton. La Trouée fait déjà des dégâts car
Simon Yates et
Aru sont pris dans une chute qui contribue à couper le peloton en deux. Puis
Velits et
Pinot crèvent dans Pont-Gibus. Heureusement pour tous les malchanceux, la course n’est pas encore lancée et le peloton se reforme dans les secteurs moins difficiles qui suivent. Pour l’instant, le rythme n’est pas élevé sur les pavés mais les accélérations sont brutales sur le bitume pour maintenir l’écart avec le groupe de tête, qui a perdu
Albasini.
Le premier vrai coup de vis sur les pavés survient dans le secteur de Beuvry-la-forêt sous l’impulsion des Trek et des Quick-Step, qui maintiennent le rythme dans Orchies ! Ce ne sont pas les secteurs les plus difficiles, mais maintenant que des bons flandriens durcissent la course, les grimpeurs sont en difficulté.
Pinot et
Quintana sont distancés, le colombien étant évidemment complètement isolé avec son équipe de grimpeurs sud-américains. Seul
Vassano est encore à ses côtés. En si peu de temps, les coureurs sautent pourtant comme du pop-corn, et à quelques encablures de la fin d’Orchies,
Chris Froome lâche à son tour ! Déjà pas rassurant la veille, l’anglais pourrait perdre gros aujourd'hui. Il est attendu par
Van Avermaet et
Ian Stannard, mais pas par
Geraint Thomas. Il y a de toute façon suffisamment d’alliés de circonstance pour rouler avec les Sky, mais il parait compliqué de revenir car les hommes forts sont devant ! Parmi la trentaine de coureurs encore à l’avant, on compte
Schleck,
Barguil,
Kruijswijk,
De Gendt,
Dyke,
Roche,
Nibali et
Gesink qui s’accrochent toujours. Mais il rester encore 50 kms et les secteurs les plus difficiles ; cette étape pourrait être un carnage !
Preuve du gros coup de vis des flandriens,
Nibali et
Roche sont ensuite décrochés sur le bitume, à bout de forces ! Puis dans Auchy-les-Orchies,
Fabrice Pinaud fait le forcing. Le sprinter français part avec
Kwiatkowski,
Boom,
Valgren et
Offredo. Mais
Cancellara ramène un petit groupe sur le bitume. Ils sont ainsi 18 à 1’40’’ du quatuor de tête, qui a perdu
Alaphilippe. Dans Mons-en-Pévèle, c’est au tour de
Breschel de se dévoiler. Décevant sur sa campagne flandrienne, l’ancien champion du monde a visiblement à cœur de se racheter car il fait complètement exploser le groupe maillot jaune. La séparation est évidente entre les spécialistes et les coureurs de grands tours.
Breschel part avec
Boom,
Cancellara et
Offredo ; ils sont à une minute de l’échappée à la sortie du secteur.
Sagan,
Kwiatkowski,
Pinaud,
Thomas et
Valgren sont à 25 secondes, et les grimpeurs déjà à plus d’une minute. Dans ce groupe de chasse,
Kwiatkowski,
Pinaud et
Valgren ne veulent pas rouler sur leurs leaders à l’avant.
Sagan se rend compte qu’il ne pourra pas revenir seul avec
Thomas et se résout à attendre
Barguil, condamnant de fait le gallois à ne pas faire la meilleure opération au général. Deux jonctions s’opèrent donc, entre l’échappée et le groupe mené par
Breschel d’une part, et entre le groupe des battus et le groupe des leaders d’autres part, dont le débours augmente à vitesse grand V : déjà près de 2’30’’ !
Terpstra est également distancé du groupe de tête.
Les sept hommes de tête collaborent bien, mais
Offredo se sent visiblement fort. De Cysoing à Bourghelles, le français place un démarrage surpuissant.
Breschel et
Boom sont éjectés de sa roue sans pouvoir réagir ! Puis comme sur les vraies flandriennes, personne ne veut relayer les Lotto Jumbo, bien qu’il y ait cette fois quelqu’un à aller chercher devant. Alors que l’avance d’
Offredo atteint les 35 secondes,
Boom se décide à attaquer à l’entrée de Camphin-en-Pévèle. Le néerlandais n’est pas non plus suivi.
Cancellara et
Breschel préfèrent inexplicablement se retourner vers un
Hathaway mal en point. Cette fois, les Lotto Jumbo profitent de la situation puisque le maillot vert vient imposer un faux-rythme qu’il peut soutenir, tout en laissant évidemment son équipier prendre le large. Plus loin derrière, les grimpeurs serrent les dents dans leur groupe mais tout le monde semble d’accord pour rallier l’arrivée sans plus se faire la guerre. Le duel s’engage entre
Offredo et
Boom dans Camphin, le Carrefour de l’Arbre et Gruson, aucun des deux ne parvenant à réduire ou augmenter cet écart de 35 secondes. Mais de retour sur l’asphalte finale,
Offredo parvient à relancer la machine, au contraire de son poursuivant. Toujours fanny sur les classiques, le français remporte enfin une grande victoire sur les pavés !
Boom termine à 1’05’’, une quarantaine de secondes devant le groupe
Cancellara qui a réagi trop tard. Ils se font en plus régler par
Hathaway pour la troisième place, le gallois confortant son maillot vert. Il faut ensuite attendre plus de 4 minutes pour voir
Alaphilippe franchir la ligne, et 5’30’’ pour que le groupe des premiers grimpeurs en termine, réglé par
Sagan !
Gesink et
Schleck étaient en limite de rupture sur la fin mais signent tout de même la bonne opération du jour, avec
Barguil qui les accompagne sur le podium.
De Gendt et
Roche sont à 5 minutes, puis
Chris Froome prend quant à lui une grosse claque en terminant à 7’25’’ de ses adversaires. Le voilà à 8’14’’ de
Schleck au général !
Pinot et
Quintana perdent encore 1’20’’ supplémentaires et sortent du top 10 au général. Un top 10 dans lequel entrent
Sagan et
Jungels. Puis vient une nouvelle polémique, décidément monnaie courante sur les pavés du nord cette année. Le gruppetto termine tranquillement à moins d’une demi-heure d’
Offredo, mais l’organisation les déclare pourtant hors-délais, que tout le monde imaginait largement plus grands. Une incompréhension dans le règlement serait responsable, mais toujours est-il qu’une grosse vingtaine de coureurs sont évincés, dont
Aru et
Vanendert pour les principaux. Mais les grands leaders perdent aussi des lieutenants :
Arredondo et
Duarte pour Movistar,
Craddock et
Tschopp pour Sky,
Dawson pour BMC, et
Intxausti et
Coppel pour Lotto Jumbo ! Les équipes sont décimées avant la montagne, et c’est Liquigas qui s’en frotte les mains malgré la perte de
Monfort l’avant-veille pour eux.
Au lendemain de cette étape qui a marqué les organismes, celle vers Dieppe est pour les sprinters. Mais comme plus tôt dans la semaine, aucune équipe ne veut aider les Lotto Jumbo. À deux de moins, l’équipe néerlandais n’a plus les moyens de contrôler l’échappée, surtout qu’ils sont six devant. Les signaux donnés par
Hathaway lors du sprint intermédiaire n’étant pas non plus rassurants, les coéquipiers du maillot vert ne se sacrifient clairement pas, et
Gougeard,
Antomarchi,
Bystrom,
McCarthy,
Hermans et
Benoot, malgré son échappée de la veille, vont se jouer la victoire.
Gougeard place la première attaque mais va se faire rejoindre à dix bornes du but.
McCarthy sort à son tour sous la banderole des 5 kms. L’australien, déjà vainqueur d’une étape en baroudeur à Oman, est suffisamment costaud pour savourer le plus beau succès de sa carrière ! La deuxième victoire d’affilée pour Tinkoff également, après les doublés Lotto Jumbo et Liquigas en début de Tour.
Sagan règle le sprint du peloton. À noter que
Quintana perd un nouvel équipier après la chute d’
Acevedo dans le final.
Pinot et
Velits ont quant à eux pu repartir sans conséquence apparente, physique ou comptable.