Vous le découvrirez au fil de ces lignes : ce début de Vuelta est l’histoire d’une surprise au milieu d’un départ surprise. Unipublic propose en effet un grand départ inédit au cœur de l’archipel des Canaries, en particulier sur les îles de Gran Canaria et Tenerife, pour 4 jours inauguraux dynamiques qui laisseront sur leur faim les sprinters. C’est aussi l’histoire de stakhanovistes des grands tours ; nous y reviendrons.
À Los Cristianos,
Durbridge nourrissait un rêve : remporter les trois prologues des trois grands tours la même année, et ainsi porter les trois maillots de leaders la même année. Lui qui a déjà remporté 10 chronos cette année, dont 7 de moins de 10 kms, a changé ses plans de fin de saison pour accomplir cet exploit inédit. Avec
Sanchez, qui termine dans le même temps que lui, l’australien a effectivement dominé ses adversaires direct. Mais malheureusement, le vent de face qui s’est levé pour la deuxième moitié des passages l’a privé d’une lutte à armes égales face à
Hepburn. Éole faisant partie de la course,
Durbridge n’est donc que troisième et laisse son jeune compatriote signer le plus beau résultat de sa carrière. À voir si
Durbridge sera désormais capable de maintenir cette forme jusqu’aux mondiaux, terme d’une saison très chargée. À la deuxième place,
Porte est le mieux classé des grimpeurs. Il permet ainsi à Orica de réaliser un joli triplé. L’équipe avait déjà signé un « quadruplé » australien des places 2 à 5 sur le chrono l’an dernier, sans
Hepburn. Qu’on ne s’étonne plus de les voir dominer les chronos par équipes des grands tours ! La deuxième étape vallonnée n’intéresse pas encore les leaders alors qu’un sprinter comme
Sagan est désigné favori. Mais quatre coureurs faussent compagnie au peloton dans la dernière bosse. Une minute d’avance au sommet, 20 secondes dans la dernière ligne droite où
Izagirre,
Anacona,
Fernandez et
Buchmann se disputent le sprint. En lançant tard depuis la première place,
Izagirre résiste de justesse à ses compagnons. En retrait par rapport aux autres grimpeurs Lotto Jumbo, le basque préfère en fait la qualité à la quantité : ses deux seules victoires depuis son arrivée dans l’équipe sont une étape du Tour l'an dernier et celle-ci sur la Vuelta. Propre.
La troisième étape monte crescendo dans la difficulté. Dans le principal col du jour,
Buchmann, déjà à l’attaque hier, tente crânement sa chance au point de compter jusqu’à 5 minutes d’avance en vue du sommet ! Il semble filer vers l’étape et le maillot mais finit par peiner face au fort vent. Derrière, les frères ennemis
Gesink et
Kruijswijk sont des alliés de circonstance pour durcir la course, mais ils se font contrer par leur ancien équipier
Wout Poels ! Le troisième larron néerlandais est le seul à revenir sur
Buchmann pour l’ajuster à l’expérience, en se plaçant en tête dans la descente sinueuse finale. Il s’empare aussi du maillot rouge grâce aux centièmes précieux du prologue, au grand dam des rêves du jeune allemand.
Gesink, et dans une moindre mesure
Kruijswijk,
Costa et
Contador prennent aussi quelques secondes à leurs adversaires.
La quatrième et dernière étape insulaire est la plus effrayante puisque le fameux volcan Teide est à gravir depuis la mer jusqu’à son sommet. Mais avant cela, le départ en col donne l’opportunité de mettre le bazar. Et qui ne s’en prive pas ? Le jeune
Buchmann, pas impressionné par son absence de retard au classement général et ses offensives des deux derniers jours. Il n’est pas encore pris au sérieux par les meilleurs grimpeurs, et qui pourrait leur en vouloir ? Après tout,
Buchmann ne compte pour seuls « résultats » en carrière qu’une 6e place au Tour de San Luis et une 12e au Haut-Var en début de cette saison. On ne le laisse pour autant pas filer en début de course car deux costauds l’accompagnent :
Uran et
Valverde, rien que ça ! Les équipiers du leader finissent par s’avouer vaincu et, les forces vives manquant, ont désormais du mal à maintenir l’écart dans des proportions raisonnables. Après quelques kilomètres d’ascension du volcan, les trois poseurs de balloches envisagent la victoire avec plus de six minutes d’avance !
Buchmann continue d’impressionner en faisant craquer le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège l’an dernier. Cependant cette montée est interminable et impitoyable. Dans le peloton, nombreux sont ceux, comme le maillot rouge
Poels, à présumer de leurs forces et subir un retour de bâton après une attaque. Devant,
Uran laisse travailler
Buchmann pour le crucifier à une quinzaine de kms de l’arrivée. Déjà 8e du Giro au service de Froome et catapulté au pied levé sur le Tour pour palier une blessure, le colombien avait hésité à s’aligner sur ce troisième grand tour, qui était pourtant un objectif en début de saison. Il a finalement bien fait. Grâce à ces 1’27’’ d’avance, il retournera sur le continent avec la deuxième place au général et une étape dans la besace. Derrière,
Quintana et
Fuglsang sont ceux qui s’en tirent le mieux. Après deux saisons compliquées, le danois retrouve des couleurs sur le grand tour qui l’avait révélé en 2014.
De Gendt et
Gesink limitent bien la casse, alors que
Contador coupe la ligne à 11’30’’ d’
Uran ! En méforme complète depuis le chrono du Tour, le madrilène a craqué au train avant la première attaque, loin du sommet… Il peut déjà tirer un trait sur le maillot rouge dont s’est emparé le surprenant
Buchmann ! Le jeune allemand a pris sa revanche su rla veille en résistant de justesse au retour de…
Valverde et des premiers favoris pour réaliser un carton plein ! Honnêtement, qui connaissait ce grimpeur en devenir il y a une semaine ? Grâce à quatre jours hyper-offensifs et impressionnants, il quitte pourtant l’archipel en portant les 4 maillots distinctifs ! Personne ne l’imagine lutter jusqu’au bout, mais combien de temps pourra-t-il tenir ce rythme ?