Le Tour du Vercors
ou Autant n'en emporte pas le vent
https://www.strava.com/activities/555617428Après mon hiver studieux, j'avais coché le BRM200 de Grenoble début mars à mon programme. Manque de bol la sortie fut annulée à cause d'une alerte neige qui se révèlera inexacte
A l'époque j'envisageais de tenter le BRM300 si le 200 se passait bien. Du coup, je me rabats sur une tentative de 200k solo que je dois avorté après avoir subit le froid dans les descentes et très mal géré ma bouffe. A croire que les vagues de froid sont décidés à flinguer mes objectifs
En début de semaine, rebelote : gros rafraichissement et flotte tout le week-end. Bon là je me dis que c'est mort et puis mercredi, on annonce finalement du soleil avec froid+vent. Les prévisions se maintiennent et je confirme mon inscription vendredi soir. Après tout je suis dans la forme de ma vie, ce serait bête de ne pas en profiter.
Et puis après avoir convaincu Schleck35 d'aller se les cailler 271km dans les Ardennes, il aurait été un peu salaud que je m'échappe d'une caillante équivalente
Petite maintenance du vélo et achat d'éclairages le samedi. Avec un départ à 4h et un lever du soleil à 6h30, on devrait rouler un moment la nuit. Je prépare aussi la bouffe car l'alimentation est la clé du succès.
Couché 22h mais j'arrive pas à dormir avant 0h30
Lever 3h15 ça pique.
Malgré mes préparatifs de la veille, je suis encore et toujours à l'arrache. La palme au moment où j'arrive en bas de mon immeuble et que je réalise avoir oublié la veste thermique
J'arrive à 3h59 au rendez-vous pour un départ à 4h, on est large. Je récupère ma carte de pointage et c'est parti.
Environ 40 personnes au départ, c'est rassurant car il y en a forcément de mon niveau.
On s'élance groupé entre digue et boulevards de Grenoble. Les premiers groupes commencent à se former à la sortie de l'agglo. Perso, je roulotte sur une partie que je connais très bien. Pourtant dans Vif, je suis bêtement les roues et on s'oblige à un petit détour.
Résultat on débute la première montée (Col du Faux, 17km à 3.7%) dans les derniers. Heureusement je récupère pas mal de monde. Le peloton a éclaté et on distingue les feux rouges le long de la route c'est vraiment sympa. Pour une première la nuit (or rentrage bourré de soirée) c'est super.
Je reprends l'orga et on discute 1min sur le sujet avant que je reparte chercher 2 gars devant qui semblaient rouler à mon rythme. Pas vraiment le cas vu la vitesse à laquelle je les distance. D'un coup je me retrouve isolé dans la nuit. C'est très grisant mais un mauvais plan pour la suite puisqu'on enchaine avec 25km vallonné.
Heureusement, un cyclo me récupère sur le haut et relance dans le dernier km plus pentu. Je suis et je prends le relais dans la courte descente. Mais dès le premier faux-plat suivant le mec se détache irrésistiblement.
Rapidement me voilà seul dans la pampa alors que le jour se lève. Le décor est superbe mais la sensation de froid arrive. Je prends même deux courtes averses de neige fondue. Ce sont les fameux giboulets de mars en avril
Finalement, je m'arrête dans un virage tranquille. Je mange une barre et je dois bien attendre 5min de voir un renfort arrivé. Le gars est seul et prévoit de s'arrêter à une auberge plus loin mais un groupe suit 30s derrière. Finalement, on se regroupe à 5 pour attaquer le col de la Croix Haute. J'en ai encore sous la pédale mais cette fois je préfère rester groupé.
Au sommet 1.5°C et on sent le bon vent de Nord qui nous pousse jusque là. Je galère à trouver ma 2e paire de gants, au final je trouverais que le gauche, pour cette section qui est celle que je redoute vraiment de la journée.
Au bout de 2-3km de descente, le cintre est glacé et de fait intenable. Je me mets donc en tête de groupe, pose juste ce qu'il faut de tranche des mains pour rester droit et commence à envoyer la braquasse à 38-40km/h pour réchauffer les jambes (cuissard court et chaussettes hautes obligent).
Au pied de la descente, je me rue dans le premier bar venu pour me réchauffer les mains avec un café. Certains prétendront que c'est plus la caféine qui m'intéressait
Le patron débat sur MotorTV, les homos, sa grand-mère, pas de doute on est bien en PACA
Bon le gars est quand même au courant qu'une belge a mis un moteur dans son vélo, merci TF1
Je fais tamponner ma carte et retrouve mon groupe dans un resto voisin. Je me fais pas mal chambré sur mon cuissard court, puis on repart à 5-6 en direction du col de Cabre dont la route est annoncée fermé pour travaux. "Mais ça passe" d'après le briefing.
On rencontre très vite le vent de face.
D'entrée on se prend des grosses rafales sur une ligne droite qui nous bloquent à 15-16 km/h et oblige à tenir le vélo qui penche. Gros air de Gend-Wevelgem 2015. derrière c'est l'averse de neige, limite grêle, qui pique le visage. Pourtant le ciel est bleu au dessus de nous.
On arrive alors au niveau d'un groupe de 3 arrêté. Un des leurs vient de crever pour la 2e fois en 2km et a cassé la valve de sa 2e chambre. Pourtant il ne porte pas de maillot de la FDJ.
On le dépanne puis on repart en sachant qu'ils devraient vite nous rattraper. Dans la montée (5km à 6%), on perd vite 2 gars dont l'un n'a que 600km dans les jambes. Le vent de face n'aide pas et les nombreux messages anti-éoliennes sont particulièrement ironiques quand on voit la ressource présente.
A 2km du sommet, on se fait doubler et déposer par une fusée.
Le gus, alias Djé, alias La_Machine, alias Leinhart_du_38, attend au sommet. Je le sais pas encore mais je vais faire presque tout la fin du BRM avec ce phénomène. Nous discutons en attendant les membres de nos groupes et j'apprends vite que le gars a 5000km depuis janvier (en fait 6000) et roule depuis peu sur son Canyon Ultimate. Et là il vient d'établir le 6e temps Strava sur le col après 110km #Leinhartbis.
Une fois les deux groupes réunis, on s'élance dans une descente superbe avec de nombreux lacets.
Le Djé a pris quelques longueurs mais j'arrive à aller le chercher sur la fin de la descente. Nous ne nous arrêtons pas vraiment et nous commençons à envoyer les relais à 34-35 km/h.
Mais rapidement on réalise que le vent de face est juste infernal et on lève le pied. En se retournant, nous n'apercevons plus personne sur une ligne droite qui doit faire 500m.
. On fait une courte pause au niveau du Claps, un endroit magnifique.
Trois mecs rentrent et c'est reparti pour une séance de relais à travers le Diois (ouah). Le vent est diabolique et rapidement on perd nos 3 compagnons. On se décide à faire une pause à Die : moi pour la flotte, lui pour du pain. Mais finalement alors qu'on cherche un endroit pour se poser, nous voyons passer un groupe de 7-8. Le temps de ranger la bectance et d'une courte poursuite à 35km/h, on revient sur ce qui sera notre plus gros groupe de la journée. Djé va directement faire le rythme en tête, tranquille cette fois, pendant que je m'accorde un peu de repos au fond de la classe.
Le groupe éclate peu avant Crest entre ceux qui vont au resto, ceux qui tracent et ceux qui ont hésité. On se retrouve à 4, le vent est de retour et comme d'hab un de nos compères a du mal à tenir le rythme. On entre dans Crest sans oublier de relever le panneau "Ville Fleurie * " (une étoile seulement mais que fait Mariton ? ) pour le pointage et on fait la pause sandwich. On s'éternise bien 30' et on voit passer plusieurs cyclos déjà croisés.
La reprise se fait dans un long faux-plat montant avec vent de face.
Nous sommes plus souvent en dessous qu'au dessus de 20km/h. Et pourtant on récupère un à un tous les cyclos aperçus précédemment. L'un d'entre eux nous permet de mieux organiser nos relais sauf qu'avec le repos supplémentaire Djé et ma pomme en rajoutons et nous faisons tour à tour exploser le groupe de 8. Pourtant c'est du faux-plat descendant avalé à 26km/h : merci Eole.
Nous entrons dans Chabeuil légèrement détachés où on fait une pause fontaine (dédicace à mon très cher Akitsuki) et où j'enlève la veste thermique pour afficher les couleurs du bûcheronnage sûr
. Le groupe ne nous aperçoit pas et continue. Pas grave on devrait rentrer. On en double rapidement 3, arrêtés séparément. On continue d'appuyer en duo malgré le faux-plat et le vent de face toujours aussi soutenu. Avec le recul, je pense que le groupe qu'on chassait était derrière depouis le début
Nous basculons enfin dans la descente, l'occasion de distancer le Djé.
Bon je suis sympa, je l'attends.
A St-Nazaire, dernier pointage dans un PMU où un mec avait visiblement parié justement sur le 6 et le 7 et un autre comptait ses billets de 50 et 100€. Sinon, ils diffusent LBL, c'est la Redoute et Voeckler et Roy sont à l'attaque. A priori je manque pas grand chose, le spectacle est ici.
Nous repartons pour les 60 ultimes km avec encore du vent, mais désormais plus que 3/4 face.
Nous reprenons quelques compères déjà croisés mais visiblement plus personne ne veut s'imposer notre rythme.
La pause a requinqué le Djé pendant que malgré mon coca et un ultime sandwich je commence à subir. Les derniers repechos font mal et je commence à lâcher des longueurs. On se fait un dernier sprint pancarte, et là c'est bon je suis cramé.
Djé lève le pied et on finit en discutant. Depuis le début de la sortie, il se plaint un peu du faible D+ et semble donc résolu à aller grimper Montaud (6.2km à 8.1%) après 280km. Un
malade Leinhart que je vous dis.
Je croyais finit seul mais j'aperçois deux cyclos au loin et après une dernière pointe à 30km/h j'arrive à rentrer. Il s'agit de deux participants que j'ai croisé à chaque fois que j'ai pointé au bar. L'un d'eux finit aussi son premier 300 et s'estime plus cramé que moi. Légère satisfaction quand le compteur tourne sur 300km
même si la batterie de la GoPro n'a pas tenu jusqu'à cet instant. Ça me prive aussi de la remontée des "Champs-Elysées" locaux, où je tape un ultime sprint : 41km/h et 11e temps Strava. On finit donc à 3 à 18h17 précises.
Bilan : 304km, D+3300 : deux records persos
12h05 de selle, soit une moyenne roulée de
25.1km/h et un peu moins de 2h30 de pauses.
Sans le vent, ça aurait clairement pu faire 27 de moyenne
Strava sous-estime la sortie à
7200 kcal Et 2 nouveaux cols (Croix-Haute + Cabre), ce qui doit m'approcher des 90 et donne l'opportunité de devenir centcoliste lors du week-end Giro
Niveau bouffe : 1 double-bidon de grenadine (je le sature et je rajoute de l'eau en cours de sortie)
4-5 bidons d'eau (j'aurais du boire plus au début, j'ai eu un début de crampe avant Crest)
5 sandwichs persos (recette perso Jambon de Bayonne + Tome de Savoie
)
3 barres de céréales
Une douzaine de pâtes de fruits
1 café + 1 coca sur la route
J'ai fait la récup avec lait, viande rouge, douche froide et pain de glace sur les cuisses et les jambes vont bien, juste une petite douleur au genou lié à un problème chronique de desserrage de cale
PS : J'ajouterai un montage GoPro quand j'aurais le temps de le faire. Malheureusement toutes les données de la nuit sont inexploitables