3ème : Eddy Merckx, 530 pointsAvec 11 grands tours et une trentaine de classiques à son palmarès, Eddy Merckx allait nécessairement être bien classé. Il a participé à 8 Tours de Lombardie, qu’il a toujours terminé dans les 6 premiers, dont 2 succès. Plus souvent présent à Milan-Sanremo, il y a levé les bras à 7 occasions, ce qui reste un record absolu dans une grande course cycliste sur route. Quant au Giro, il s’y est imposé à 5 reprises en 8 participations. Parmi celles-ci, on peut évoquer celle de 1972, dans une année où il remportait également les deux grandes classiques Italiennes (il est le seul avec Fausto Coppi à avoir réalisé ce triplé sur une même année). Cette même année, il remportait également le Tour de France (comme Coppi l’avait fait l’année du sien). Un autre de ses Giri notable était le premier d’entre eux, en 1968, qu’il dominait avec une avance de 5 minutes sur un coéquipier et de 9 sur ses premiers rivaux, notamment après avoir écrasé une étape arrivant aux fameuses Tre Cime di Lavaredo. Ce Giro marquait une certaine rupture dans l’histoire de la course Italienne. L’année précédente, la 50ème édition s’achevait par une victoire Italienne, comme presque toutes, l’Italie n’ayant alors lâché que 6 Giri. Les 50 suivantes, l’Italie allait en perdre la moitié. Ainsi, en 1969, il ne fallait pas que Merckx gagne. On lui a proposé une valise pleine d’argent un soir d’étape dans son hôtel, afin qu’il abandonne, ce qu’il a refusé. Il est ensuite mis hors course pour un contrôle antidopage positif, dont les échantillons sont immédiatement détruits, après une contre-expertise bâclée, le tout dans un laboratoire non-agréé. Les coureurs ont eu beau venir en soutien avec Eddy Merckx, menaçant de grève, rien n’a pu permettre au Belge de reprendre la compétition, jusqu’à ce qu’il soit innoncenté quelques jours plus tard, après qu’il ait abandonné. Pire, les Italiens Felice Gimondi et Vito Taccone ont même avoués avoir pris le produit pour lequel Eddy Merckx a été exclu, mais leurs contrôles ont tous été négatifs et malgré les aveux, ils restent en course jusqu’à Milan, où ce même Gimondi remporte le classement général. Eddy Merckx et le Giro, c’était aussi une toute première rencontre entre le Belge et la haute montagne. En 1967, il participe à son premier grand tour et voit pour la première fois des cols d’altitude. Son premier passage à plus de 2 000 mètres y est vécu lors de la 12ème étape, arrivant au sommet du Blockhaus della Majella. Pour cette première, il gagne en solitaire.
2ème : Alfredo Binda, 533 pointsQuadruple vainqueur du Tour de Lombardie et double vainqueur de Milan-Sanremo, on peut ajouter quatre places de dauphins dans ces courses pour un très fort bilan dans les grandes classiques Italiennes. Mais c’est par le Giro qu’Alfredo Binda a marqué l’histoire cycliste, s’y imposant à 5 reprises (ainsi qu’une deuxième place) et en y remportant une quarantaine d’étapes. Sa domination atteignait de tels sommets, qu’en 1930, l’organisation lui offre l’équivalent de la prime de victoire en échange de sa non-participation, afin de préserver un suspense pendant l’épreuve, dont il venait de remporter les trois dernières éditions (après lui, seul Eddy Merckx parviendra à remporter trois Giri consécutifs). Cette domination avait atteint son paroxysme lors de l’année 1927, lorsqu’il avait remporté 12 des 15 étapes. Pour ses échecs, on avait une deuxième place lors d’un sprint massif, une quatrième place dans un petit groupe et une place de sixème, en solitaire, près de 2 minutes après que d’autres coureurs aient franchis la ligne, dans la seule étape de la course où il avait perdu du temps. Au classement général, son avance (pour l’époque), n’est pas aussi titanesque que son nombre de victoires laisserait supposer, puisque la grande majorité d’entre elles sont acquises au sprint, dans des groupes plus ou moins importants. Il faut dire qu’Alfredo Binda était à la fois le meilleur grimpeur et le meilleur routier de son époque. Ainsi, seuls 2 succès cette année là étaient obtenus en solitaire, mais non des moindres, puisque le premier d’entre eux était dans la capitale, à Rome, et l’autre était lors du dernier jour de course, dans les rues Milanaises. Autre statistique impressionnante, lors du Giro 1929, il ne remporte « que » 8 des 14 étapes, mais ces succès sont consécutifs, ce qui n’avait jamais été vu dans un Grand Tour et qui ne l’a jamais été depuis.
1er : Gino Bartali, 561 pointsTriple vainqueur du Tour de Lombardie pour 9 podiums en tout et quadruple vainqueur de Milan-Sanremo, triple vainqueur du Giro et quatre fois deuxième, pour 7 Grands Prix de la Montagne, Gino Bartali aurait sans doute eu un palmarès encore plus impressionnant si sa carrière longue de 20 ans (de 1935 à 1954) n’avait pas été écourtée par la Seconde Guerre Mondiale. En plus de cela, son palmarès compte deux Tours de France, de part et d’autre du conflit, le Tour de Suisse, le Tour de Romandie, le championnat de Zurich et toutes les semi-classiques Italiennes nécessitant quelques qualités de grimpeur. Sa carrière sportive a notamment été marqué par la grande rivalité avec Fausto Coppi, d’autant plus que l’Italie pouvait se reconnaître de part et d’autre de la certaine antagonie entre les deux hommes. D’un côté « Gino le Pieux », catholique très pratiquant (surtout après la mort de son frère au début de sa carrière), proche du Vatican et assez traditionaliste et de l’autre un Fausto Coppi qui n’avait pas caché une certaine adhésion à Benito Mussolini, puis qui défraya la chronique par des affaires extra-conjugale après la guerre. Mais tout ceci était du folklore qui n’intéressait pas les deux hommes, concentré sur une rivalité purement sportive, s’analysant dans les moindres détails. On raconte même qu’un coéquipier de Bartali devait se placer derrière Coppi et observer le creux de son genou, une veine y devenant très visible dès que ses muscles contenait trop de toxine, ce à quoi l’équipier de Bartali signalait ensuite à son leader, afin que celui-ci attaque. Le summum de leur rivalité a peut-être été lors du championnat du monde de 1948 à Valkenburg, les deux coureurs se neutralisant l’un l’autre au point d’abandonner, ce qui leur valu une interdiction de courir de la part de la fédération Italienne. Mais celle-ci eu lieu en pleine hiver, alors qu’il n’y avait pas de course, et a été de toute façon annulée assez vite. À côté de ça, les deux hommes étaient pourtant très proches. Au point d’aller se voir et s’encourager sur les courses où seul un des deux était aligné. Ils devaient même gérer ensemble une équipe au début des années 1960, mais la malaria empêcha Coppi de prendre part au projet. À côté de sa carrière cycliste, Gino Bartali est connu depuis quelques années (bien après son décès), pour sa participation active à des réseaux clandestins de résistance, prétextant de sortie d’entraînement et de sa popularité pour avoir la bienveillance des forces d’ordre, le laissant parcourir les routes Italiennes. Il cachait dans son cadre des faux-papiers afin d’éviter la déportation de Juifs. Après la guerre, il ne parlera à personne de cela. Son fils racontera même que la seule confidence que lui a faite son père à ce sujet était qu’il s’agissait « de choses que l’on doit faire, pas de choses dont on parle ».